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poésié - Page 86

  • blink

    poésie,œil,totalitarisme,contemplations

    Une seconde, pas plus
    vaste monde connu
    mon œil exponentiel
    renvoie l'obscur oubli
    à son mortel ennui
    et s'invente le temps de voir
    lumières en miroir
    ton regard bien en face
    dedans, l'espace

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    17/01/2011

  • animal chantier

    DelphesFlaque laiteuse
    un long janvier
    traîne des pieds
    son moindre mal

    la mer étale
    a son collier
    d'algues liées
    frise, noueuse

    Sur sa vague libidineuse
    un soupir me prend à la gorge :
    quel roman, ce Petit Grain d'Orge
    va-t-il, au sein de la berceuse
    que, malheureuse, vous chantiez
    déloger pour son animal ?

    Frise noueuse
    en bouclier
    à ton collier
    de chair, étale

    un long signal
    qu'épris, j'enviais
    quand je t'épiais
    de ma chauffeuse

    Solitairement licencieuse
    attisant un brasier de forge
    à bout de sein, à pleine gorge
    en explorations rigoureuses
    du linge, alentour, en chantier
    jusqu'à ton vertige optimal

    Et de plus belle
    au long janvier
    vous m'enchantiez
    d'une berceuse :

    « Donnez-lui donc
      un p'tit grain d'orge
      un p'tit grain d'orge
      et l'enfant s'endort  »

    Delphine RIFFARD, plaisir solitaire

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
    Illustrations : Delphine RIFFARD, alias Delphes

     

  • Catho dicte

    kikirikiDebout, pierre loquace, à vue, ta langue ancienne
    pointe ses prétentions au-delà du commun
    La ville sait ton nom comme un lieu de passage
    L'œil touriste y confond l'intérêt, le dédain
    et sa fascination pour les monstres
    au faciès apatride, au sourire vilain
    Avec l'obstination figée dans sa torture
    ils recrachent l'opprobre et son cuisant venin
    dans un plus qu'édifiant inaudible vacarme

    Tu règles le bonheur que de pieux nostalgiques
    vont trouver dans un ordre où tout est bien rangé
    avec, rivée au corps, à l'acte, l'espérance
    en une absolution complète du péché
    dans un règne de gloire et de verbe hypocrites
    Pour tous, au nom du Père, un même sang versé
    à boire en communion dans une même coulpe
    que sauve l'ordinaire et le petit salé
    la certitude enjouée de Sa miséricorde

    Dimanche, c'est ton jour des matinées contrites
    Au menu : gymnastique des génuflexions,
    pain fondant sur la langue et sermon extatique
    où l'amour du prochain assomme la raison
    Tandis que l'oraison prône le Sacrifice
    et vaut pour le voisin, pas pour Notre Maison
    l'ombre dans les recoins se réjouit et salive
    attendant au détour la brebis, le mouton
    qu'un prompt "Vae soli" vienne tôt les maudire

    Vue d'ici - du dehors ! pierre de belle ouvrage
    je te lis comme au soir mon livre familier
    Sous tes piliers gravés pour les Siècles des Siècles
    à promener mon chien, j'aime lever le pied
    C'est qu'aujourd'hui tout court, en tout sens et sans rêve
    avec la bouche pleine de termes guerriers
    Et, si pisse mon chien sur ton glacis de marbre
    (entretenu aux frais de quelque râtelier)
    ce n'est pas cher payer pour tes Saintes Croisades

    J'observe un saint patron, colombe sur l'épaule
    quand surgit le bourdon austère et grégorien
    qui me cause un tournis, pire qu'un acouphène
    et semble également incommoder mon chien
    - si les Voies du Saigneur nous sont impénétrables
      que Ses monotonies d'octaves, paroissiens !
      n'ont-elles modulé au fil des harmonies
      que chante l'aujourd'hui pour son élyséen
      plutôt que d'ânonner d'immuables hommages ?

    A mienOui, vraiment, je préfère encore l'éloquence
    de la pierre au silence chargé de passions
    qu'il m'appartient de lire et d'accorder aux miennes
    Y demeure un motif pour la révolution
    autant qu'un aiguillon de tension spirituelle
    Ici, la dualité de notre condition
    affiche son conflit vaniteux et superbe
    Au méritoire effort de sa restauration
    j'applaudis en brûlant mon carburant diesel

     

     

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • terne air

    poésie,trois Parques,enfance,vieillesse,temps

     

     

    Je t'ai vue - la première foi, légère
    et le pied enfantin
    tu me donnais la main
    du rire entre les doigts

    Il m'a paru si clair que c'était toi
    quand je t'ai vue à la seconde
    dans le suspens du monde
    tu m'accordais ta main

    L'ombre est plus douce à regarder, ce soir
    C'est l'automne et l'On sème
    Des Barques, la troisième
    avance et viens pour moi

    Je t'acquitte, ma chair, à cet endroit.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • loupigne

    Alain_Sechas.jpgBESTIAIRE IMPROMPTU


    Il y a un loup dans ma cuisine
    venu lécher mes casserolles
    où n'ont pas cuit profiterolles
    mais proliféré mes rapines

    Il y a un thon dans mon bassin
    pas pour échapper aux filets
    mais pour y laisser mariner
    ses formes rondes et boudins

    Il y a un ours dans mon placard
    mais n'y voyez pas de faconde
    s'il grogne et peste sur le monde
    c'est d'en exécrer le bazar

    Il y a des vers dans ma pommade
    non pas qu'elle soit périmée
    c'est que je préfère beurré
    mon chien durant sa promenade

    Il y a des ci, il y a des ça
    dont je fais tout mon tralala
    Il y a des ça, il y a des ci
    dans mon bestiaire, c'est ainsi


    Pour un Impromptu Littéraire - tiki #102
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    Illustration :
    Alain Séchas