alors
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XII - nuit
ICarne rafistolée aux raccords apparentsmarionnette, poupée d'un artiste capriceta lèvre ni tes yeux n'avouent aucun suppliceet taisent le vertige où s'abîment tes sangsperdus pour la raison, la fièvre, le délicedans l'absence de bruit qu'absorbent des tombeauxles paroies émaillées, si lisses que le verredans l'absence de chair au revers de ta peauperdue pour la lumière et le frisson du ventNulle flamme à ton sein, nul champ sous ta paupièreque le triste ornement de tes désolationsvolontaires ou non, quoi qu'en vaille la finIIPorte close dans le murQuoi derrière, la nuit ?Quoi derrière ta chosehorrible porte closequ'espère mon ennui ?Le havre lent que j'oseprendre pour fête écloseà la moindre ouvertureoffre un panier de fruitscerné d'un cent de rosescueillies la nuit dernièreun murmure à l'appuiPour qu'une âme en disposeet s'en pare l'ennuipour sa dernière nuitdevant la porte closeIIIA force de s'étendre et perdre en densitéoù va l'immensité, invisible à l'extrême ?D'apprendre qu'il est vain d'en comprendre l'effetle fil de ma pensée n'en soutient pas le thèmeOù je vais, éprouvant mon élasticitéà Son Infinité relater mon poèmeIVNe nuitla nuitque le regret du jourdevant l'autre qui suitVBruitammentnuitammentexpirent les soupirantsPuis un lentfirmamentsort matutinalementQu'à l'auroreteintée d'orsmeure leur Petite MortL'Aujourd'huis'accomplitau vacarme cru des corpsJeu de maintsle temps plainttant d'éphémères transportsVILa main, souple recueilcalme l'alarme à l’œilremède inégalableLe fruit nu dans sa paumec'est l'enfance de l'hommeintime dissemblableEt sa palme consoleun souffle à rude écoleOdorante adorableLe cauchemar est danscet environnementmoins vaste qu'insondableAura suffit d'un criElle en connaît le prixau cours impondérableJ'en conserve le goûtles bras sur les genouxles yeux pris dans la tableVIIRespiration musicaleTout doux.. Tout doux...rythme d'orange océanL'aurore phénoménaleDe bout en boutjusqu'à son déchirementL'air consume, primordialun cri de fouVIIIMettant l’œuvre à l'épreuvede son désœuvrementnaît le chant délirantde mon rêve au supplicede n'embrasser jamais que ton ombre, Eurydiceet la nuit qui l'emporte, écoule infinimentle désir incessantd'approcher ses délicesIXVers ta gorge assouplie par un souffle indoloresurgi du sol trempé d'un songe meuble et gourdla main qu'il me restait de l'oubli de mon corpsapproche de ta nuit la promesse d'amourXDésormais, tout se tait, sait la moindre des choses(le bouton de la rose et son grave bouquethasardeuse aventure au flanc de l'étrangerun feuillet suspendu à sa prochaine prose)Sur la terre apaisée, sous le vent, dans les cieuxça bruisse encore un peu de palabres discrets...La bougie au chevet de rivages précieuxrapporte mille feux à tes cheveux défaitsMille et un feux plus haut s'échangent des oraclespour, une heure au théâtre, être encore à brillerUn parfum d'océan se mêle au chant des arbresUne bruine engourdie vient me lécher les piedsdes landes le jersey se ravine de marbrePromis, je dormirai à la fin du spectacleXIL'horizon qui finit toujours par se signerde l'est à l'occidentefface en souriantde tous les feux mourants de sa bouche fardéele peu que la journéeaura su grappillerà la table dressée pour des mages convivesJe promène à sa rive et la ville-océangrosse d'un nouveau chantenvahit ma coursivey vient prendre son tempsXIIJe garde, nyctalope, à l’œil un autre jourtiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKIllustration : Jean-Pierre BOUYGE, photographe. -
absenthéisme
Même dans les matins les plus clairs
avec leurs chants connus des branchages
célébrant de la nuit le naufrage
et que s'éteignent tous les lampadairesMême dans le pain frais sorti du four
ronde chaleur nichée auprès du ventre
sur le chemin qui sait par où l'on rentre
à la maison nue contre le jourMême dans le vif éclat de l'œil
qui plaide encore un peu d'indulgence
au moment de suivre la cadence
et que les pieds s'attardent sur le seuilMême dans le vent plein de renouveau
allant ranimer les parfums du monde
où les éléments sèment et abondent
à la faveur de l'humble et du beauJe ne vois même alors qu'une absence
à douter même de l'existencetiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
illustration : Thomas Berthelon#689