(pour un pas possible vers un autre monde)
Prendre le temps par la peau du cou
le déposer sur ses genoux
avec délicatesse
lui faire la promesse
qui suit :
« je te laisse courir dès que, fini l'ennui
expire
le délai imparti à mon besoin de lire
ce monde
autrement qu'une solitude ronde »
Agiter l'air du bout des doigts
s'émerveiller à chaque fois
de la danse légère
qu'imprime à la poussière
ce trouble
dans les rais lumineux que la branche dédouble
dehors
d'où montent la rumeur et la ruée des corps
fragiles
destinées frénétiquement serviles
Savoir
sans y fonder aucun espoir
quelle est la saveur de l'oubli
l'esprit suçant comme une éponge
le moindre signe au moindre bruit
que murmure la paix d'un songe
...
Passables moments suspendus
à la venue d'un rêve entier
amollisez du sablier
la bascule lente et goulue
Oubli, rappelle-moi d'ici
que je ne connais d'autre monde
que celui d'où le rêve abonde
et donne un sens à l'aujourd'hui
Sonner la trompe sous les murs
que s'élargisse aux vibrations
incapables d'absolution
petite et moussue, la fissure
Se mettre à pétrir à deux mains
la poitrine d'un paysage
farineux dans la brume sage
où pointe un giboyeux tétin
Illuminés de fête orange
applaudir à l'écho sonore
de nos rires dans un décor
qui nous soit plaisamment étrange
Border le menton du sommeil
qui s'est emparé de la chair
à jamais douce et familière
presque semblable et sans pareille
Lire tout ça et s'endormir
sachant oublier de mourir
Entendre le temps qui s'en va
servir ailleurs un autre glas
quand l'aube aura déjà l'idée
de ranimer le balancier
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#137
ci-dessous : Matisse, Le bonheur de vivre, 1905-06.
Merci, à vous !!
votre tiniak