Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

>imPrOmpTus - Page 41

  • Lettre de rupture de Paul à Virginie

    Voici des bruits, des pleurs, des deuils et des revanches
    Et puis voici, ma sœur, comme on se bat pour vous
    Ne vous récriez pas du haut de vos dimanches
    Et qu'à vos yeux si faux grimpe le sang des fous

    J'arrive d'où l'envers est une mélopée
    que le vent nu, marin, étale sur mon front
    soufré par la fatigue et les sombres idées
    - lèpre de ces moments perdus pour la raison

    Sûr ! votre jeûne est sain - plus que ne serez fête !
    Et tout s'honore - et fort ! de vous baiser les pieds
    Mais brisons là, cireuse à face de squelette
    raide; je forme un vœu tandis que vous causez

     

     

    Paul & Virginie

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#138

    Hommages croisés à Verlaine et Laforgue.

  • recette

    may i think?(pour un pas possible vers un autre monde)


     

    Prendre le temps par la peau du cou
    le déposer sur ses genoux
    avec délicatesse
    lui faire la promesse
    qui suit :
    « je te laisse courir dès que, fini l'ennui
      expire
      le délai imparti à mon besoin de lire
      ce monde
      autrement qu'une solitude ronde »

    Agiter l'air du bout des doigts
    s'émerveiller à chaque fois
    de la danse légère
    qu'imprime à la poussière
    ce trouble
    dans les rais lumineux que la branche dédouble
    dehors
    d'où montent la rumeur et la ruée des corps
    fragiles
    destinées frénétiquement serviles

    Savoir
    sans y fonder aucun espoir
    quelle est la saveur de l'oubli
    l'esprit suçant comme une éponge
    le moindre signe au moindre bruit
    que murmure la paix d'un songe

    ...

    Passables moments suspendus
    à la venue d'un rêve entier
    amollisez du sablier
    la bascule lente et goulue

    Oubli, rappelle-moi d'ici
    que je ne connais d'autre monde
    que celui d'où le rêve abonde
    et donne un sens à l'aujourd'hui

    Sonner la trompe sous les murs
    que s'élargisse aux vibrations
    incapables d'absolution
    petite et moussue, la fissure

    Se mettre à pétrir à deux mains
    la poitrine d'un paysage
    farineux dans la brume sage
    où pointe un giboyeux tétin

    Illuminés de fête orange
    applaudir à l'écho sonore
    de nos rires dans un décor
    qui nous soit plaisamment étrange

    Border le menton du sommeil
    qui s'est emparé de la chair
    à jamais douce et familière
    presque semblable et sans pareille

    Lire tout ça et s'endormir
    sachant oublier de mourir

    Entendre le temps qui s'en va
    servir ailleurs un autre glas
    quand l'aube aura déjà l'idée
    de ranimer le balancier

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#137

    ci-dessous : Matisse, Le bonheur de vivre, 1905-06.

    Matisse_Le bonheur de vivre, 1905-06.jpg

    • Notes : 900 | Commentaires : 1297
    • Visites ce mois : 5 396
    • Visiteurs uniques : 809

    Merci, à vous !!
    votre tiniak  

  • Autodafé volontaire (le feu, ça crée)

    alarm-feu.gifPerdure, fièvre
    Je te garde un pli de ma lèvre

    En retour, attise mon front
    qu'enfume, brume, un horizon
    de rêves
    prenant place pour la relève
    au plus fort du conflit ouvert
    entre les sillons de la terre
    et les tranchées de feu coulant
    les quotidiens épanchements
    du désastre
    intimant selon l'ordre établi au cadastre
    le prompt repli sur leurs arrières
    des laborieux faits accomplis
    ou la charge à nouveau des tâches ménagères;
    Fi !

    Tristes pieds glacés, mon sang bout !
    Frugalités de geste, au clou !
    Ai mis en mode automatique
    mes réfutations tectoniques

    Fébrilité, duvet de songes
    étire ma carne à rallonge
    sur la table
    des seules fraternités vraiment soutenables
    discrètes comme virulentes
    mais de fidélité constante
    bonifiant au cours des années
    leur saveur liquoreuse et leur goût charpenté

    Hémorragiques rituels
    Plaies saignées à même le ciel
    préconisées, matin et soir
    par des praticiens de comptoir...
    Buvez, car ceci est mon sens
    Puis courez, border aux céans
    vos cafards
    en prenant soin, de loin en loin
    de leur conter vos cauchemars

    Je brûle ! Je brûle ! Je tiens
    un bon Quat'cent-cinquante-et-un !!
    Et m'en vais, pip'lette à la main
    prendre une bonne douche orange
    et, s'y devant, écrire un mot
    (chose promise !)
    à mon étrange ami Pierre, haut
    sur sa chemise :

    « T'inquète pour ta Colombine...
       Elle fume chez la voisine
       un arrivage de pavots; qui ça dérange ?
       C'est pas la fin des haricots ! »

     

    ernesto timor, photographe

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#136

    Illustration photographesque : © ernesto timor
    (Ah non, mais si ! Allez-y voir, hein)

  • Des ordres, ménager

    Gaëna da Slyva, photographe

    La maison est en ordre -intérieur et contours
    Permettez que d'un trait j'en caresse l'espace
    un moment, l'aujourd'hui :

    Son histoire est en paix; n'y manquent pas l'amour
    avec ses peaux cassées roulées dans les tiroirs
    ni les cheveux défaits en vagues de velours
    proprement dénoués aux fenêtres du soir
    dans l'écho mollissant de ses derniers tambours
    ni la pâleur des murs auréolés d'absence

    L'escalier peut grincer des dents sans déranger
    le mobilier chiffon sous son drap de poussière
    il a les pieds moussus, les charnières rouillées
    il a le sommeil lourd des castes ouvrières
    qui auront bu leur soûl, devant s'en contenter
    à défaut d'avoir jamais eu remplie la panse

    Le salpêtre a gagné, allant de pièce en place
    sur le vieux tabac gris, le graillon de cuisine
    les cuivres au Miror luisants comme la glace
    les rares sels de bain chipés à l'officine
    le charbon, la lessive et la boue des godasses
    Le temps n'a pas de nez; c'était perdu d'avance

    Le brun mange le jaune et la nuit s'en défend
    - c'est l'œuvre du soleil la ruine des couleurs !
    comme fane un genêt privé de l'eau des champs
    au papier a déteint l'arrogance des fleurs
    maintenant qu'elle peint tout selon son humeur
    s'oblige la mémoire à quelques indulgences

    Le visage envahi par une barbe rousse
    au-dehors, la maison fait un peu sa coquette
    mais ses volets cernés qu'aucune main ne pousse
    trahissent les assauts récurrents des tempêtes
    A deux pas, le manoir, à peine pris de mousse
    ne semble pas navré de cette dépendance

    La maison est en ordre -intérieur et contours
    Un parent m'y lisait La Vie est dégueulasse
    comme on déguste un fruit

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#135

    Illustration extraite de
    © LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna Da Sylva, photographiste.

  • Nocturne plaint

    hibou

    Depuis que tout soupire et se rêve autrement
    une lune a repris ses quartiers haut de gamme
    inflige sa pâleur à de lointaines flammes
    où se perdent les vœux de nubiles amants

    Je suis là, scrutateur, à l'œil un trouble neuf
    moins mobile qu'un œuf aussi plein et entier
    même, je ne crains plus aucun des carnassiers
    dont j'ai pu réchapper après ce coup de bluff

    (quand je verrai Poucet
     lui toucherai deux mots
     de ce moyen nouveau
     qui pourrait l'inspirer)

    Je suis l'as et du ciel et des ombres étranges
    inquiète les esprits comme le campagnol
    réfute du Zodiaque une trop vieille école
    chinoisant pied à pied sur le statut d'Archange

    Des ailes, quoi ! aux pieds ? ça me ferait bien mal…
    Et puis, quoi ! voleter en cherchant des misères
    à des âmes bien nées ou s'allant au contraire
    prôner une espérance en ce règne animal ?

    Lune sale et replète, au visage impassible
    que vais-je t'attribuer un complice regard !
    Aux cimes, tu parais sans arranger ton fard
    et ne peux qu'accuser mon ombre sur ta cible

    (que je trouve mon Jules
     et lui dirai ce fait :
     Pierrot est sourd et niais
     à ce que je hulule)

    J'en ai vu tant passer - à se tordre le cou !
    surpris, désemparés, curieux ou s'affolant
    à mon cri, d'ignorer, quand je fais mouvement
    à qui je vais donner la danse du hibou

     

    hibou_059.giftiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#134 

     

     

     

    si, si... il y eut bien une 133ème participation aux Impromptus Littéraires
    la consigne portait sur un plagiat de chanson... >> tiki#133