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>imPrOmpTus - Page 43

  • Le jour se met en frais pour le soir à venir...

    Le jour se met en frais pour le soir à venir
    appuie de longs soupirs, à soulever les jupes
    des arbres alignés (qui, n'en soyons pas dupes
    gardent leur naturel)
    J'en reconnais l'appel et m'apprête à sortir

    La chaussée affublée d'un semblant de miroir
    égoutte ses trottoirs poisseux de feuilles mortes
    Tant pis pour la saison, je referme la porte
    l'air de n'en pas souffrir
    arborant gris sourire et galure de foire

    J'ai tout laissé dedans, la maison est tranquille
    et se tient en droit fil des mitoyens étals
    soucieux de politesse environnementale
    juste particulière
    contenant son enfer de grave, de futile

    Devenu étranger, me redore l'estime
    avec mon anonyme à son petit galop
    sabotant le mépris des volets, des rideaux
    ou des porches malades
    vais comme à la parade agrémenter ma rime

    D'un vaporeux frangin pinaillant son rentier
    je me fais un prunier au bruit de maracas
    avant de m'attabler quelques miennes sœurasses
    à l'allure nantaise
    racées à la balaise et tendres du poignet

    Un idiot cherche noise et le parti d'en rire
    le ramène à vrai dire au meilleur de lui-même
    Il quitte, auréolé d'un absolu « je m'aime »
    l'assemblée qui s'en moque
    et s'en va déverser ailleurs son soliloque

    La patronne a jeté dehors le festival
    On invoque Stendhal, que la nuit se prolonge
    "Il faut secouer la vie, avant qu'elle nous ronge"
    Pour ça, j'ai mon idée
    que j'aurai démontrée si tu cèdes, vestale !

    Mais tu as repoussé la manœuvre grossière
    l’œil et le tétin fiers d'être à leur vocation
    pour le Seul Qui de Droit et par Obligation
    refermera la porte
    laissant pour lettre morte une audace éphémère

    La nuit s'est mise au frais pour le jour à venir
    J'égaille mon désir à mater sous les jupes
    des arbres allumés (qui, n'en soyons pas dupes
    pichetgardent leur naturel)
    Il me tombe du ciel une envie de vomir

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#126

  • Emulsion, bleu

    taureau, OsborneBanquettes arrières, ces vapeurs !
    moites suées dans la chaleur
    estivale des traversées
    de nord à Méditerranée
    cuisant l'automobile et familiale
    fournée se trimbalant tant bien que mal
    droit vers l'Espagne
    déroulant des campagnes passagères
    où révoquer l'alphabet de nos pairs
    en défendant l'orthodoxie
    d'orthographiques fantaisies
    mais, tout du long
    nous gardant bien de crêper nos chignons

    Blanquette avare de vin blanc
    et toi, le haricot craquant
    notre palais ne goûtera
    bientôt plus que la paëlla

    Silhouette noire à l'horizon
    un taureau plante son signal
    de stature monumentale
    aux formidables proportions

    Soudain, au détour d'une arête
    (franchie à la bonne franquette)
    voici que tout le bleu du ciel
    plonge
    vers la raison d'être de ma serviette éponge

    Enfin défaits tous les bagages
    il est oublié, le désert !
    La finalité du voyage
    c'est la mer

    Ce bleu qui fait le ciel
    Ce bleu qui me rappelle à tout instant
    ce qui naît, me nourrit le sentiment
    puérilement limpide
    comme l'eau sous le vide
    une intuition que la vie et la mienne
    trempent leurs pieds revigorés
    dans ce bain bleu de Syène

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#125

     Allez, tiens... un parti pris :

    corridas

  • Un roman d'égarement

    autorail JOUEFLe train avait stoppé en pleine voie. Alentour s'étendait ce qui me parut résumer la quintessence du paysage normand : du brun, du gris, du vert et des variations de lumière à rendre fou un œil artiste. Dans le compartiment, nous étions trois. Nous avions d'abord échangé quelques propos convenus sur la pénibilité des aléas récurrents que nous inflige le transport ferroviaire - en particulier sur cette ligne que nous baptisâmes La Maudite, avec cette unanimité placidement ronchonnante qui vous ravigote le sentiment d'être entre gens "bien de chez nous". Comme nous approchions, à dix minutes près, la première heure d'arrêt complet, sans explication autre que nos seules supputations, il nous devenait difficile de rester tout à fait sereins.
    Côté fenêtre, dans le sens de la marche, la Ptite Dame aux chevilles lourdes serrait nerveusement contre son sein une serviette au cuir fatigué. Elle éprouvait quelque gène respiratoire. Face à elle, le Rougeaud local, dans sa splendeur ventripotente et sentant fort l'alcoolémie, balançait entre sortir se joindre aux allées et venues des voyageurs dans le couloir ou piquer benoîtement du nez sur son menton... andouille ? Me tenant deux places à sa droite, pas loin d'opter pour l'autre banquette - comme si me mettre dans ce sens pût agir de quelque manière sur la remise en mouvement du convoi ! je me satisfaisais plutôt de la fin de nos bavardages. Et puis, d’un brusque bond sur ses jambons, le Rougeaud se leva déclarant :
    - Ah, ça ! Bon, je vais voir c'qui s'passe.
    Comme si...
    La Ptite Dame et moi nous adressâmes mutuellement un haussement de sourcils désabusés, avant de retourner chacun à ses songes soucieux, dans un discret soupir. Le silence semblait lui convenir, à elle aussi; tant mieux.

    Le silence...
    Nous y étions si bien installés qu'il nous fallut quelque temps avant de nous rendre compte qu'il était devenu presque total - n'était le piaillement des oiseaux dans les arbres voisins. Ce fut un pas trainant dans le couloir qui  nous en donna la mesure. Sur le point d'enjoindre ma muette compagnie de continuer à faire la morte, tandis que je me proposais d’aller à mon tour au-devant du mystère, un agent de la société des chemins de fer ouvrit alors grand la porte de notre compartiment. Il dit :
    - Ah, 'faut pas rester là, msieudame; le train va pas repartir de si tôt, vous savez.
    - Précisément, nous n'en savons rien, objectai-je avec un bon peu d'aigreur dans la politesse.
    - Mais non, rien du tout, renchérit la Ptite Dame que cette sortie vibrante révélait au bord du point de rupture.
    - Eh, est-c' que j'sais, moi ! bougonna l'homme en tenue idoine. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'y a pu d'gare. Ni devant, ni derrière, nada ! Et c'est comme ça sur  tout l’réseau, alors... Y a pas : 'faut finir à pied... 'pouvez pas rester là, je suis venu tout boucler.
    Profitant de notre stupeur, il ajouta :
    - Prenez juste c'qu'i' faut, on fera le nécessaire pour le reste.

    Et nous voici, la Ptite Dame et moi, devisant à travers champs. Elle me raconte son histoire : un roman !
    Moi, je crains que l'on ne s'égare... vraiment.

     

    impromptu littéraire,prose,rail,roman,d'égarement 

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#124

  • Insomniak

    poésie,ambulatoire,voix au chapitre,insomnie

    Comment mettre à profit le temps supplémentaire
    que m'accorde la nuit éveillée à tout vat
    sans risquer d'approcher toujours plus près la terre
    où je vais reposer quel que soit le combat ?

    Sauter dans un taxi ? Commander au hasard
    de présider encore à ma destination
    et revenir ici, quoi qu'il fût un peu tard
    achever ton sommeil et t'en prier pardon ?

    Quant à la nuit tombée sur mon inadvertance
    je n'ai plus le loisir de la prendre à revers
    - ai déjà recompté mes dernières dix stances
    qui, mises bout à bout, résument notre hier

    J'aime autant éviter de passer pour un pitre...

    Marcher ? Pour aller où m'attendent mes semblables
    avec leurs chants connus des sirènes sans nom
    au pied d'étranges cous pleurant d'oranges sables
    sur le manteau des rues perdues pour la raison ?

    Quant à la nuit venue tirer sous les fenêtres
    des ombres de barbiche allongeant le menton
    je crains moins d'être vu que de m'y reconnaître
    à faire le fortiche une main sur le front

    J'aime autant décliner cette voix au chapitre...

    Attraper un carnet, tout neuf, sur l'étagère ?
    Y griffonner du sens avec implication
    d'intrinsèque jouissance et de ton débonnaire
    en foutant le bordel parmi ses croisillons ?

    Quant à la nuit qui passe, eh bien ? qu'elle s'entende
    avec les francs sommeils ronflant sur l'édredon !
    Ai déjà loué ma place, ai décoré mon stand
    n'attends plus que La Vieille avec son baluchon

    J'aime autant rester là, nez collé à la vitre...

    Je bave un lent demain sur mon dernier buvard
    tandis que le matin minaude à l'horizon
    J'aurai passé la nuit sans y trouver de phare
    récrivant l'aujourd'hui sur le même brouillon

    poésie,ambulatoire,voix au chapitre,insomnieBon, je ne suis qu'un pitre...

     

     

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#123

  • ornières

    pas,pieds,géant,tiniak,manifeste

    Souvent, je me prends pour cet être que je suis
    cet être à ciel ouvert arpentant les endroits
    d'un monde où la raison régie par d'autres lois
    fait lumière d'étrange et nourrit celui-ci

    Je marche dans les pas de géants méconnus
    Les yeux plus grands que le centre de l'univers
    les mains battant le ciel comme on chahute un frère
    je tombe à chaque trace aux rives décousues

    Mes rimes embrassées, je vais, la bouche sèche
    et recomptant mes pieds à chaque nouveau pas
    (j'en ai deux à l'arrêt; un seul touche du plat
     la terre où l'autre cherche à se faire une crèche)

    Je vois dans chaque trace un puits dans le désert
    mais je mange du sable, de la boue, du feu
    avant d'en mesurer le sage, le précieux
    à verser pour ma gourde et me lier ces matières

    J'étais hier encore au creux d'un pas immense
    à danser comme un fou dans mon rire affamé
    Je ne pus me sortir de ses parois laquées
    sans le mage concours des fées nues de l'enfance

    Un soir que je longeais la lèvre d'une faille
    les chansons et les bruits montant du défilé
    avaient cette harmonie que les pluies de l'été
    savent tirer des sols ivres de retrouvailles

    Peut-être l'avant-veille, au bord d'une aube bise
    j'avais trempé les mains dans des reflets joueurs
    Ils se couraient après - promesses de chaleur
    faisant progresser l'or parmi les ombres grises

    Je suis tombé de haut dans de fines empreintes
    tombé de tout mon long dans de vieux marigots
    tombé sur mes genoux tombés dans le panneau
    pour tomber de fatigue au chevet d'une plainte

    (aussi, je prends le goût des choses périssables
     pour tomber amoureux d'elles à tout instant
     qu'il nous est donné d'échanger un air aimable
     en croisant mes lacets dans leurs pas de géant)

    Et je vais par ici, par là, où long me semble
    être d'éternité le premier étalon
    J'irai dans leurs "allez !", j'irai dans leurs "valons !"
    mon regard de Poucet sur sa branche qui tremble

    Alors j'aurai couru de familiers enfers
    donné un coup d'épaule au rocher de Sisyphe
    applaudi l'opéra d'ombrageux incisifs
    formé le rigodon des sanglots de la terre

    Quand j'en aurai tout bu des litrons z'et des pots
    ronflerai dans des paumes pantagruéliques
    entendrai des lapins hoqueter "hic ! mes triques..."
    et des rhinocéros exiger le huis clos

    Pour une ultime fois, répondant à l'appel
    de trompettes enjouées, de guitares marines
    j'irai piquer du nez dans quelque autre ravine
    au moment opportun... selon ma ritournelle...


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "...orne hier " pour un Impromptu Littéraire - tiki#122