Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

>imPrOmpTus - Page 42

  • pluviométries

    ...d'après © Louise Markise

    Deux mains fouillent un sol où le visage aimé
    a fini d'abriter son intime
    à chaque œil, un centime
    à chacun son loyer

    Mais la terre argileuse ayant durci le ton
    fait de la rétention de calvaire
    n'entend pas la prière
    les regrets, l'abandon

    Obstinément des pleurs martèlent la surface
    sans pouvoir délayer la poussière tenace

    Et le front qui se lève au ciel inamovible
    souhaiterait qu'enfin crève un nuage tangible

    L'orage passe au loin
    épargnant le bon foin pour les granges d'ici

    Ah, dieu ! que fait la pluie ?

    Les bottes gavées d'eau terreuse et de gravier
    un enfant du quartier, goguenard
    rentrera sur le tard
    sa gueule enfarinée

    Parenté pointilleuse, il aura sa leçon...
    mais l'heure est à l'affront, haut et fier
    devant tous ses confrères
    garder ses pantalons !

    Ouvertement railleur et le rire bravache
    ajoute à son aspect déplorable des taches !

    Et c'est la lutte à mort qui s'ouvre au caniveau
    Ça redouble d'ardeur et ça hurle "taïaut !"

    Il ne manque plus rien
    qu'un déluge au festin; que tout soit accompli

    Putain ! que fait la pluie ?

    Une glaise attend là de prendre forme humaine
    Et tout un régiment d'achever la semaine

    Une larme se tient tranquille au bout du nez
    Un coup de pied au cul se perd dans la soirée

    © Louise MarkiseMais la pluie ne viendra
    (toute à son importance)
    qu'à cette condition :
    Formez le rigodon !
    Il y faut une danse...
    Qui en saurait le pas ?

     

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#132 

    Illustrations d'après et de
    ©
    Louise Markise

  • Derrière, soit

    Derrière
    dans sa verte lumière
    l’âme erre à sa besogne
    au jardin séculaire
    des printemps mensongers;
    les jours qui ne viendront
    qu'au prix d'horribles nuits
    passées dans des bras morts
    à redouter leur fruit
    sanguin et familier

    Derrière
    le chemin séculier
    du corps à sa douleur;
    la terre qui transpire
    une peine immuable
    et tout son saisonnier
    de cortèges, de fables
    de plaintes rengorgées;
    car c'est l'ordre des choses
    et que c'est bien ainsi;
    qu'ainsi l'a dit le père
    à la parole close
    au tonnerre sans foi
    d'un murmure assassin
    dans un silence plein
    des mes cris intérieurs

    Derrière
    un râle de misère;
    le corps à sa douleur;
    le jour qui ne viendra
    que trop tard et sans fin;
    la mère à son ouvrage
    immuable et pénible
    avec les mains dans l'eau
    à frotter ou à tordre
    le drap, le cuir, la peau
    avant de s'aller mordre
    à son tour la poussière
    la sciure humide encore
    ou le faisceau de paille
    été, automne, hiver
    et tout le tralala
    des printemps mensongers;
    la mère à sa besogne;
    la mère à se plier
    pour loger comme il faut
    son corps au bon endroit

    Derrière
    dans un silence plein
    de mes cris intérieurs
    le corps à sa douleur;
    le jour qui ne viendra
    que trop tard et sans bruit
    passée l'horrible Nuit
    du géant Familier
    aux bras venus me prendre
    aux mains venues me tuer
    ça, et le reste avec
    et tout son tralala
    de printemps mensonger
    de murmure assassin
    et de sueur infecte;
    le regard insoluble
    et total et sans joie

    3753558267.JPGDerrière
    - derrière, derrière, derrière...
    je laisse toute affaire
    au jardin familier
    des printemps mensongers :
    le siècle de mon père
    à sa triste besogne
    et tous ses arriérés
    et tout son tralala
    et mon regard avec;
    j'entre en ce bon séjour
    au régulier service
    de Son divin amour


     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#131

    © crédit photo : Laurent

     

  • septimes

    lune_004.gifRousse naît l'une
    quand l'autre, brune
    offre à la lune ses serments

    La loi de Mars
    au vent éparse
    couve une farce de géant

    Fine soudure
    or et mercure
    jamais ne dure si longtemps

    Qu'un Jupiter
    atrabilaire
    à son affaire martelant

    Cet angélus
    mulieribus
    au sein de Vénus résonnant

    D'heures nocturnes
    versées dans l'urne
    d'un vieux Saturne évanescent

    Et voici comment, le dimanche
    la messe dite, se ramènent
    au résumé de la semaine
    en songes mes ennuis d'enfant

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#130

  • L'automne, en pire

    arb_automne_056.gifAutomne... éminemment !
    Ton miroir froissé d'or
    arrache à la terre l'effort
    d'un sanglot vers le ciel
    tyran de gris, de blancs
    et jusqu'à la saison nouvelle
    géant
    couché sur les champs engourdis

    Automne ! Automne ! Automne !
    Suffit !

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#129

  • dénoué de sens

    noeuds_marins.jpg

    J'étais las, empilant, étage après étage
    mon distant sentiment (mon manque de courage ?)
    que de ma tour d'ivoire aux parois amovibles
    se repeigne de noir le centre de la cible

    Quand j'eus cette impression, volage puis tenace
    que mon éducation n'était qu'une carcasse
    lourde, impropre - futile ?
    dont m'indisposait que le panache rutile

    Aussi, j'ai résolu de me faire une corde
    pour échapper en douce à ma propre discorde
    échafaudais un plan de pure espièglerie
    en puisant aux ressources de ma fantaisie

    Lentement, patiemment, nouai les échelons
    qui me délivreraient de ma haute prison
    sans connaître le seuil
    qui me fera toucher la base de l'écueil

    L'échelle fut complète avant que ne le sût
    mon esprit attaché au résultat voulu
    J'étais à mon affaire, étourdi, désireux
    qu'un sens irrévocable émane de ces nœuds

    Au bout, la liberté ! Ça, je n'en doutais pas
    Qu'importe la saison : soleil cru ou frimas
    je serai libre enfin
    quel qu'en soit le ciment d'écrire mon destin

    Ainsi nouai-je
    comme à la partition les notes de l'arpège :

    au boudin antillais, la normande escalope
    à mes rires épais, le rire des salopes

    aux bottes de Poucet, une voile marine
    à la fin des espoirs, une humeur assassine

    à d'honnêtes soupirs, un masque rigolard
    aux regrets du désir, un audacieux regard

    à de pâles odeurs, un livre : Le parfum
    aux humaines chaleurs, un spirituel festin

    à mon sens,
    rien qui ne vienne entraver l'existence !

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#127