Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

°gris sourire° - Page 7

  • seul (étude)

    solo brio !

    Oh, Solitude ! tu m'accompagnes ?
    je vais au petit coin
    tout au bout du chemin
    où, finie la castagne,
    j'aime relire d'où je viens...

    tu sais que je sais qu'il n'est rien
    qui tremble dans le soir
    embarquant les espoirs
    pour un autre lointain

    et je sais que tu sais comme on plaint
    trop vite un solitaire
    qui va nu sur la terre
    tout le ciel dans les mains

    Oh ! Solitude, ton gris sourire
    est parfois doux et tendre
    il me plaît d'y comprendre
    tout ce qui va finir

    je vois que tu bois mes soupirs
    comme du vin clairet
    je suis le gobelet
    qui n’en veut désemplir

    et je bois comme toi l'élixir
    des larmes liquoreuses
    qu'on arrache aux pleureuses
    au moment de gésir

    Oh, solitude ! c'est quoi l'histoire ?
    peux-tu m'en raconter
    une autre s'il-te-plaît
    avant de m'endormir au soir
    seul à seul, comme jamais

    Oh, non ! jamais plus tous les autres
    qui se vautrent
    - et leurs chiens !
    qui se vautrent, les bons apôtres
    du désert quotidien

    Oh, non ! jamais plus les mirages
    de ces pages
    - policées !
    de ces pages pleines d'adages
    aux lames émoussées

    Oh, viens ! quittons-les sur la route
    que le doute écartèle

    Ne choisissons pas, prenons toutes
    ses chandelles

    Oh, Solitude ! tu viens ou quoi ?
    Ô ma seule étude sans loi

    Ne soyons plus qu'un, reine et roi
    du petit coin au bout de moi.

    un solitaire ?

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • lessivé

    Je vais tout oublier, alors je fais des nœuds
    à ces vieux draps mouillés empilés sur mes yeux
    que j'ai laissé traîner tout près de la cuisine
    dans la petite cour où les tâches bassinent
    au quotidien les jours

    J'ai la mémoire humide et son linge glissant
    bruine et dégouline et dégoutte du sang
    tout le flux des corvées qui n'ont jamais fini
    de vouloir attacher nos gestes à nos dits
    l'aujourd'hui à l'hier

    Je ne sais plus trouver les pinces sur le fil
    et mes frêles pensées s'y tiennent malhabiles
    car le vent de la nuit a forci au matin
    - le soleil de midi n'empêchera sa main
    de foutre la pagaille

    Alors, je fais des nœuds ma dernière défense
    et je plisse les yeux dans la vive brillance
    - la si propre blancheur qu'ont les peaux maladives,
    des longs draps étendus pour la grande lessive

    Les nœuds du drap mouillé sont plus durs à défaire
    de là, je reconnais préserver le mystère
    des miennes taches ménagères.

    lessive.jpg

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #52

  • Porte Saint-Michel

    ssss sssssAllez va, canaille !
    laisse-moi ta mitraille
    cela suffira bien
    pour le pot qui vient
    et s'attache nos ombres
    que nous soyons du nombre
    de ceux qui finissent
    leur feu de paille à la pisse

    Allez donc, coquin !
    tope là de la main
    franche encore à cette heure
    où nos ombres demeurent
    calmement sous nos chaises
    où nous prenons nos aises
    et raillons les coquines
    qui nous narguent du cul, mutines
    et se feraient prier
    si nous n'avions l'œil si gris et gai

    sissiteHay-dee-ho, l'Arsène !
    ne te mets pas en peine
    de savoir seulement
    qui, pourquoi ni comment
    nous sortirons vivants de ce bouge
    je tire un tapis rouge
    sur son sol écaillé
    que nous irons fouler
    le port altier et fier
    (notre cache-misère)
    riant de nos dents bleues
    de cocktails sirupeux
    soignant notre sortie
    de princes malappris

    Peek-a-boo, très cher fou !
    la nuit n'a d'autres rois que nous
    et nos ombres nous suivent
    gloub gloubpeuples à la dérive
    embrassant l'aujourd'hui
    qui s'attache nos vies
    sachant bien que demain
    n'est rien de rien de rien
    et notre hymne prend forme
    sous des frondaisons d'orme
    ou de saule ou que sais-je
    - il nous reste la neige
    et nos longs pantalons
    qui ne sont pas signés Courrèges

    Gott verdam', macadam !
    ai-je la queue en flammes ?
    dédéOù es-tu mon ami ?
    m'aurais-tu privé de la vie
    que je ne sente rien
    de ce matin qui vient
    me chier sa lumière
    et sa douce atmosphère
    vierge encore et farouche
    et me remplit la bouche
    d'un trouble doux-amer ?
    Pour aucune Fernande,
    fieu ! je bande, je bande, je bande

    "Amen" me souffle Saint François
    (ou est-ce Jean-Michel ?)
    sur ce barreau d'échelle
    qui lui montre la Voie
    - pour moi, j'ai mon content
    et l'aujourd'hui me tend
    le bras ;
    bon, j'y pose gentiment
    les doigts.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le pendule des adieux las

    sephorotonAdieu, ma chair
    crève, carne !
    je n'entends plus ton vacarme

    Adieu, mes pleurs
    vastes blagues !
    Au fourneau plantez vos dagues

    Adieu, mon sang
    peste noire !
    gâche ton encre au crachoir

    Adieu, mes moeurs
    troubles nuits !
    gardez pour vous mes ennuis

    Sur le buvard
    des jours sereins
    je lis mon âme à l'envers

    Et mon regard
    que l'or tient
    semble brûler en enfer

    A ma conscience
    une évidence
    présente un air d'apocalypse

    Où des souffrances
    la balance
    amorce une nouvelle éclipse

    Et bascule
    au pendule
    - ironie des habitudes

    Des adieux
    plats et creux
    l'apaisante lassitude.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • l'inconnu en apnée dans l'allée de troènes

    av_troene.jpg

    Ces mains sont devenues trop grandes pour lui
    il ne bouge plus
    il reste assis
    il regarde à peine
    le rang de fourmis qui promène
    il s'est retourné tout à l'heure, un peu
    sur sa vie entre ses cheveux
    il n'y a pas vu de regrets
    (d'où vient qu'il soit si fatigué ?)
    il y a su quelques malheurs
    rien de bien méchant
    quelques peurs
    et ces ratés, bon gré, mal gré, qui s'effacent
    (d'où vient qu'il ait délacé ses godasses ?)
    avec le temps qui passe
    le temps qui passe devant lui
    qui ne bouge plus
    qui reste assis
    il respire à peine
    le parfum qui descend des troènes
    il s'est arrêté tout à l'heure, un doute
    lui barre maintenant la route
    lui ôte l'envie de marcher
    (d'où vient la goutte sous son nez ?)
    il a stoppé dans sa poitrine
    les cliquetis de la machine à prendre l'air
    et dans cette étrange atmosphère suspendue
    il ne bouge plus
    il reste ainsi
    il écoute à peine
    mon pas dans l'allée de troènes

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - 554 !