Je vais tout oublier, alors je fais des nœuds
à ces vieux draps mouillés empilés sur mes yeux
que j'ai laissé traîner tout près de la cuisine
dans la petite cour où les tâches bassinent
au quotidien les jours
J'ai la mémoire humide et son linge glissant
bruine et dégouline et dégoutte du sang
tout le flux des corvées qui n'ont jamais fini
de vouloir attacher nos gestes à nos dits
l'aujourd'hui à l'hier
Je ne sais plus trouver les pinces sur le fil
et mes frêles pensées s'y tiennent malhabiles
car le vent de la nuit a forci au matin
- le soleil de midi n'empêchera sa main
de foutre la pagaille
Alors, je fais des nœuds ma dernière défense
et je plisse les yeux dans la vive brillance
- la si propre blancheur qu'ont les peaux maladives,
des longs draps étendus pour la grande lessive
Les nœuds du drap mouillé sont plus durs à défaire
de là, je reconnais préserver le mystère
des miennes taches ménagères.
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
impromptu littéraire - tiki #52
Commentaires
beaujour
je passe aprés avoir lu ton coms. sur samediDEFI..
et j'aime beaucoup la tournure de tes mots pour parler de cette corvée qu'était la lessive au temps jadis... mais hélas, encore trop d'actualité de part le monde.
"où les tâches bassinent
au quotidien les jours"
bien trouvé !
douce journée à toi
Ce que vous écrivez est très beau. Les noeuds qui renfermeraient ce que l'on aurait de plus précieux, intimes et que l'on ne veut pas laisser défaire. Pardonnez moi si je n'ai pas saisi le sens véritable de votre poème. Bonne journée à vous
Espérance...
il est impossible de ne pas comprendre un poème : chacun y met, y prend du sien.
pour preuve, votre propre remarque.
merci de votre visite attentive.