Je vais tout oublier, alors je fais des nœuds
à ces vieux draps mouillés empilés sur mes yeux
que j'ai laissé traîner tout près de la cuisine
dans la petite cour où les tâches bassinent
au quotidien les jours
J'ai la mémoire humide et son linge glissant
bruine et dégouline et dégoutte du sang
tout le flux des corvées qui n'ont jamais fini
de vouloir attacher nos gestes à nos dits
l'aujourd'hui à l'hier
Je ne sais plus trouver les pinces sur le fil
et mes frêles pensées s'y tiennent malhabiles
car le vent de la nuit a forci au matin
- le soleil de midi n'empêchera sa main
de foutre la pagaille
Alors, je fais des nœuds ma dernière défense
et je plisse les yeux dans la vive brillance
- la si propre blancheur qu'ont les peaux maladives,
des longs draps étendus pour la grande lessive
Les nœuds du drap mouillé sont plus durs à défaire
de là, je reconnais préserver le mystère
des miennes taches ménagères.
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
impromptu littéraire - tiki #52