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°gris sourire° - Page 3

  • Ode et Beauté

    sisyphe02.jpg

    A quoi ça tient, la beauté du monde...

    Tout peut changer dans la seconde
      il y suffira d'un regard
      d'une voix qui vient tôt ou tard
      de l'attention d'une caresse
      d'une vertigineuse ivresse
      et c'est l'univers qui bascule
      de lumière à ombre et retour
      et tout le chemin à rebours
      jusqu'au prochain arrêt
      interdit devant la Beauté

    Beauté
      de toutes la plus diligente
      à force d'harmonies profondes
      où se disent les cris du monde
      et ceux de l'intérieur s'entendent
      fouler des rêves la face tendre
    Beauté, de ta beauté
    apprendre

        la partition des genres
        et se donner la main
        avant de traverser

        Les couleurs de l'étrange
        et reprendre des murs
        le crépi fatigué

        Le goût de la lumière
        et comment on s'abreuve
        à ses virginités

    Beauté, j'ai su ton nom certain matin de fièvre
      j'y ai su et connu comme du bout des lèvres
      s'impose à nous ton ouvrage latent
    Beauté, bottée par tous les temps

    Moi qui pensais aimer au soir
    la fin de tous les vains espoirs
    je t'appelle, Beauté, qu'au fond du corridor
    ta parenté m'inspire encore
    armé léger devant le pire
    la grimace d'un gris sourire

    et ce Cri !
      j'en ai l'oreille abasourdie

    et ce Sang !
      j'en ai le poumon vide et blanc

    et ce Jour !
      j'en ai brûlé tous les contours

      mais je n'ai jamais pu solder
      ma redevance à tes clartés
    Beauté, oh Beauté des beautés

    Beauté qui vois où court le monde
      à l'escalier de ta rotonde
      un nouveau tableau chaque fois
      cadre de fer, cadre de bois
      vient compléter ta galerie
      sans en altérer l'harmonie

    J'ai su
      des champs et des forêts sauvages
      crachant de fureur et de rage ;
      il y pousse des pieds sans jambe
      et des bordées de fleuves flambe
      l'autodafé des parricides
      au long de leurs berges putrides
      où chanteront le crapaud-buffle
      avec tous les corbeaux - ces mufles !
      tandis que la terre ravale
      des corps mutilés tous les râles

    Je vois
    au matin, des chemins d'école
    où des cartables les lucioles
    sous une lune bienveillante
    à demi rongée, indolente
    adressent quelques pieds de nez
    au soleil à peine levé

    J'ai vu
      s'effacer le visage aimé
      au dernier mouchoir dénoué
      puis dans le bougeoir s'affadir
      la pâle flamme du désir
      l'ombre ramassée sur son ventre
      se donner des allures d'antre
      où ne dort pas le Minotaure
      ni ne passe aucun météore

    Je sais
    à l'humeur changeante du jour
    comme le temps suspend son cours
    pour écouter sur l'océan
    poussé par les vagues le chant
    étrange et mage cantilène
    disant de lointaine sirène
    le puissant et vif appétit
    où s'écrit le bel aujourd'hui

    Beauté, Beauté !
      t'ai-je tout dit ?
    je dois partir avant la nuit
      gagner mon rêve
      à marcher pieds nus sur ta grève

    sisyphe1.gif

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • fatales ivresses

    Le monde ouvre les yeux et c'est de moi qu'il rêve
    La couronne et la fève
    je les ai tous les deux
    Au plus fort de l'hiver entre l'année nouvelle
    Je bois de l'hydromel à son regain fiévreux

      Que dit ce firmament venu froisser le ciel
      au ras des horizons brisés que les toitures
      alignent en fatras de cohésions obscures
      dont je suis sans savoir le serpent qui ruissèle
      et draine en contrebas l'ennui dans les fissures
      hein ?

    Le monde ouvre les bras et c'est moi qui l'emporte
    Je suis la mère forte
    la vie à chaque pas
    De sourdes profondeurs je puise à l'essentiel
    Ma course est naturelle et m'élance au-delà

      Qui reprend en écho ma rauque ritournelle
      au flanc des murs crépis qui m'écorchent la voix
      quand j'avise une vrille où des feuilles tournoient
      et que je les poursuis au bas de la tourelle
      en laissant aux créneaux mon écharpe de soie
      dis ?

    Le monde ouvre les jambes et c'est moi qu'il accueille
    Je suis nu sur son seuil
    et j'ai le premier cri
    Au plus fort de la nuit entre l'âme nouvelle
    et son doux hydromel j'en bois tout à l'envi

      T_épaule01.JPG- Qui pleure ?
      - C'est la pluie.

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi [#87]

  • gris sourire (3)

    T_DRAW01.JPGMes yeux,
    mes yeux... que dire ?

    Il vous revient de gris sourire

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • au champ d'oubli

    De trop malingres allumettes
    dans ce champ perdu hérissonnent
    coquelicots rouge sucette
    leurs faces plates et pouponnes

    dessous, des ombres caravanent
    au défilé multicolore
    des astres et des météores
    fusant d'antiques sarbacanes

    et le vent qui se veut discret
    ricochète au flanc des collines
    où n'osent même frissonner
    l'herbe ni le buisson d'épines

    Une étrange désolation
    embrase de ce paysage
    le lit de rocailles sans âge
    et le dernier fruit de saison

    le temps y fait quelques passages
    en terrain de jeu favori
    il y est à son avantage
    à toiser la morgue et l'ennui

    car ici pas âme qui vive
    qui n'ait été rêvée d'abord
    pour venir affranchie de corps
    faire l'expérience intensive

    de l'oubli

    Une maison s'élève là
    juste comme une autre s'enfonce
    aspirant après elle ronces
    carlines, chardons et gravats

    dans l'enceinte d'un jardinet
    un vieux cognassier seul en terre
    porte à bout de bras solidaires
    une impression d'orangeraie

    ajoutant aux couleurs criardes
    un velouté plus liquoreux
    dans cette lande qui blafarde
    sous le furieux combat des cieux

    Aucune main pour s'inquiéter
    des grains de pollen qui s'entêtent
    à chercher où croître essaimés
    dans la poussière qui volète

    et sans oreille à émouvoir
    un chant hurle sa fulgurance
    où gargouille - bien triste gloire,
    l'écho de stériles jouissances

    Âme, mon âme, reprends-moi
    abandonne ce vain séjour
    je n'ai pas dit tout mon amour
    et ne veux demeurer sans voix

    dans l'oubli
    cet oubli
    de ma vie

     

    coquelicots1.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • morna i siesta

    D'un geste tout s'arrête, un geste et tout reprend
    amour et châtiment, un orage qui peste
    nuées de fleurs au vent
    et tes mains sinuant plus chaudes sous la veste
    cependant qu'un funeste et lent revirement
    au ciel qui déforeste
    méticuleusement
    de l'horizon boisé la ligne mollissant
    passe
    et du printemps délace
    le gilet boutonnant

    Mon cœur, c'est le moment de n'être pas en reste
    Va, prendre ton content de durables langueurs
    à cet apitoiement qui s'empare de l'heure
    où la journée proteste
    mais prise dans l'humeur vespérale du monde
    sombre
    sombre

    Ah la la ! quelle oblongue et sinistre lueur
    dégage ton regard lancé dans ce lointain
    qui n'est pas plus certain que tous tes "quelque part"
    sans plus de profondeur que tes vains "à demain"
    - ils me disent d'attendre… alors je m’exécute
    et bien à contrecœur je résigne mon sein
    à souffrir en silence
    à nouveau ton absence et le souffle marin

    Mais voici le bon Chien sur son petit vélo
    il m'offre de son dos la pelure miteuse
    - ayant à quelque gueuse accordé son manteau,
    que je le flatte un peu d'une main généreuse

    Je connais ce manège et ses lampions nocturnes
    - la meute qui bientôt me prendra pour cothurne
    quand nous aurons chanté à la lune l'oubli
    des femmes, de nos cœurs et jeté l'hallali
    sur le quai des fortun's-du-pot
    nous n'irons plus au bois mais boirons notre thune
    notre saoûl et du reste le reste, tant pis!

    Ah la la, non merci ! je retourne ma veste
    où tes mains rejoindront les miennes pour la sieste

    rolland-la-belle-endormie.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustrations
    ci-dessus : Bernard ROLLAND, Belle endormie - 2003

    ci-dessous : ... là ou presque

    mido_paris_10_2009.JPG

    mido, octobre 2009