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°gris sourire° - Page 9

  • L'ombre, elle...

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    Elle a parfois tant de bras que les bras m'en tombent
    Elle est aussi petits pois sous un chapeau vert
    Elle a fondu sous le toit d'un chagrin d'hiver
    et dort sous le marbre froid qui couvre les tombes

    Elle est soeur de cet émoi que l'on nomme peur
    Elle inquiète le prélat, un enfant qui pleure
    Elle est ce qu'il adviendra des joies les plus douces
    et son terme emportera l'un et l'autre, tous

    Elle est complice déjà des échappatoires
    Elle sait bien où les gars se trouvent le soir
    Elle avance pas à pas et sans réfléchir
    que des portraits que dada signerait sans rire

    L'ombre, elle
    s'ignore sous le ciel.

    Elle est tapis dans le bois, banc contre le mur
    Elle est abri pour le rat comme le murmure
    Elle est l'arc sous le sein droit que ta main libère
    et son toucher délicat me radoucit l'air

    Elle mène guérilla parmi les ruelles
    Elle y brise tout l'éclat de nos francs midis
    Elle enveloppe le drap, caresse de nuit
    et lui, rapporte tout bas nos joutes fidèles

    L'ombre, elle
    n'en dira rien au ciel.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (à paraître dans l'abécédaire poLétique)

    source de l'illustration : par ici [Crédit photo, Bart Kootstra]

  • ...et l'eau goutte, baille

    Bandol, août 2009.

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    Et bonjour à nouveau tristesse
    et tes pitoyables caresses
    et tes fluos roses, bleus, verts
    tes longs cils fibreux de mégère
    papillons flous dans la buée
    au carnaval désenchanté
    des âmes torves qui se mirent
    dans la morve de ton délire
    inébranlable

    Adieu la fête des matins
    déroulés comme serpentins
    sous le nez d’une mort patiente
    une mort chaque soir présente
    amusée de mes stratagèmes
    croyant déjouer l’anathème
    au vrai logé dans la voilure
    de tous mes projets d’aventure
    et d’Atlantide

    Bonjour à nouveau mon horreur
    venue vendanger mes erreurs
    vertigineuse platitude
    où s’enchâssent des latitudes
    les plus vulgaires, les plus viles
    m’assommant de rêves serviles
    où je hurle bouche cousue
    tous les regrets que je n’ai plus
    à mon réveil

    Adieu mon sang deux fois vivant
    dont je déplore doublement
    cet abandon où je te laisse
    et que n’atténue pas l’ivresse
    où je m’abîme sans délice
    pantin aveugle de mon vice
    ne manquant pourtant de te voir
    deux fois, deux fois dans l’abreuvoir
    abominable

    Bonjour martinets et cravaches
    ruses, faux-semblants et mots lâches
    de tous les masques dénoués
    lardez ma chair, flasques fouets
    puisque mon corps sanguinolent
    jamais, jamais ne se repent
    que tous les trésors dérobés
    soient répandus sans déroger
    à votre amende

    Adieu confort des amertumes
    enluminés d’un trait de plume
    Adieu les cadavres exquis
    dont je redessinais la nuit
    tous les squelettes adorables
    en mendiant de sous la table
    un privilège de dandy
    en souriant comme un bandit
    main sur le cœur

    Bonjour la charge des fantômes
    la chevauchée des blanches paumes
    interdisant à l’avenir
    l’enclos scellé du souvenir
    Bonjour, bonjour les yeux cernés
    ambitions perdues ou bernées
    vous drapant de leurs mésespoirs
    lèvent les couleurs dérisoires
    des luttes vaines

    Adieu saveur des madeleines
    qui savait consoler ma peine
    Adieu cheveux bruns en pagaille
    cheveux cabrés jusqu’à la taille
    Adieu sérieux regard mongol
    dont j’ai souvent manqué l’école
    Adieu, adieu puisqu’il faut bien
    que je meure comme un coquin.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    (mais avant de partir, j'ai un poLème à finir)

     

  • frange marine

    L'enfant de l'homme dans l'homme s'étonne :
    la mer s'est fait faire
    un dentier de misère boisé
    crédit photo : sebarjosa mine patibulaire
    de celles que l'on connaît
    aux marins flibustiers
    et à quelques corsaires
    étale un long sourire niais
    sur la rive où promènent
    pénibles ou amènes
    silhouettes humaines
    les vacanciers

    On a donné quartier libre aux plus grands
    qu'on ne voit pas sur la plage pourtant
    quelques enfants allant et venant
    couvrent de sable blanc
    le corps informe de leurs parents

    Il est midi quelque part accroché
    au clocher de l'église
    qui lance dans la bise
    un timbre d'horloger

    Savonne-moi la bouche encore
    ou bientôt je parle de mort

    Immense frange à l'arc étrange
    que sont tes pauvres allumettes
    quand le vent souffle ses tempêtes
    levant la jupe du rivage
    sans se soucier davantage
    de la terre qu'il ronge et mange ;
    sèche ton pleur, passe l'ange

    Rigole !
    dans quelques jours, c'est la rentrée
    décolle !

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#43
    pour le thème hebdomadaire des Impromptus Littéraires

    d'après une photo de sebarjo.

  • la sagesse du coquillage à marée basse

    Ah, dieu ! je suis mort
    mais non

    Aveugle, alors
    non plus

    Sourd, peut-être
    pas davantage

    Mais quoi, alors ?

    D’où vient que je ne voie plus rien dans ce décor
    qui m’enchante ?

    Quelle est cette rumeur où l’ardeur est absente ?

    Pourquoi faut-il aussi que je ne bouge plus
    ni ne rie, ni ne mange, ni ne chante à la nue ?

    Je ne sais qui tu es, par là mon existence
    est comme ce miroir où danse la buée

    J’ai perdu le savoir et l’ivresse des transes
    où ma sirène amie naguère me portait

    Je ne goûte plus rien des saveurs ignorées
    que sont le pain du ciel et le jus des rivages

    Je suis mort, je me dis, puisque j’ai bien compris
    que j’ai quitté ce monde et ses beautés sauvages

    Ou alors, je suis fou… ou, devenu trop sage
    ne suis-je que la bouche bée d’un coquillage

    coquillage.jpg

    tiniak ©2007-2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (à paraître dans l'Abécédaire poLétique)

     

  • excédent de bagage

    (Question de paix sur le départ)

    glop ? pas glop ?

    Quel souvenir garder
    sans jamais soupirer que d'aise et d'indulgence
    quand viendront m'assaillir
    des nostalgies larvées toutes les remontrances ?

    Pour un pas chassant l'autre
    quelle empreinte laissée sur un sol impassible
    à l'instant dévolu
    saura mieux raconter mes joies inextinguibles ?

    Quel visage aura pris
    le soin de revêtir ma vision, la dernière
    d'entre ceux que j'ai fui
    ceux qui hantent encore un jour plus éphémère ?

    Et puisqu'il faut partir
    à quoi bon s'encombrer de tout ce paquetage ?
    J'ai l'intuition que nue
    s'offre la vérité à l'heure du voyage.

    Qu'est-ce donc qu'être sage ?

    Est-ce la légèreté
    de savoir se priver d'excédent de bagage ?

    Pourquoi tout ce verbiage ?
    Je n'ai pas de ticket.

    Restons-nous sur la plage ?
    Irons-nous nous baigner ?
    Qui sait ?

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK