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Avalée par le mur se tient la porte closeAu pied de l'arbre un fruit tombé depuis hierUne étoile accusée par quelques nuées rosesLe ciel tend son miroir à l'océan, la merDans un oubli malingre une idée s'est perdueSur la page aucun mot ne vient lécher la ligneDes yeux abandonnés à jamais par la vuedont nul ne lira plus comme la vie fut digneL'avortement d'un cri n'inquiète pas le jourpas plus que sur l'épaule un geste qui renonceni la question posée demeurée sans réponseni la mélancolie d'un trop ancien amourEt pourtant, je le sens, le bruit va me surgirquand j'en aurai assez de contraindre mon cœurJe serai le vacarme neuf de mes ardeursdans un monde étonné par mes éclats de rire !
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XII - nuit
ICarne rafistolée aux raccords apparentsmarionnette, poupée d'un artiste capriceta lèvre ni tes yeux n'avouent aucun suppliceet taisent le vertige où s'abîment tes sangsperdus pour la raison, la fièvre, le délicedans l'absence de bruit qu'absorbent des tombeauxles paroies émaillées, si lisses que le verredans l'absence de chair au revers de ta peauperdue pour la lumière et le frisson du ventNulle flamme à ton sein, nul champ sous ta paupièreque le triste ornement de tes désolationsvolontaires ou non, quoi qu'en vaille la finIIPorte close dans le murQuoi derrière, la nuit ?Quoi derrière ta chosehorrible porte closequ'espère mon ennui ?Le havre lent que j'oseprendre pour fête écloseà la moindre ouvertureoffre un panier de fruitscerné d'un cent de rosescueillies la nuit dernièreun murmure à l'appuiPour qu'une âme en disposeet s'en pare l'ennuipour sa dernière nuitdevant la porte closeIIIA force de s'étendre et perdre en densitéoù va l'immensité, invisible à l'extrême ?D'apprendre qu'il est vain d'en comprendre l'effetle fil de ma pensée n'en soutient pas le thèmeOù je vais, éprouvant mon élasticitéà Son Infinité relater mon poèmeIVNe nuitla nuitque le regret du jourdevant l'autre qui suitVBruitammentnuitammentexpirent les soupirantsPuis un lentfirmamentsort matutinalementQu'à l'auroreteintée d'orsmeure leur Petite MortL'Aujourd'huis'accomplitau vacarme cru des corpsJeu de maintsle temps plainttant d'éphémères transportsVILa main, souple recueilcalme l'alarme à l’œilremède inégalableLe fruit nu dans sa paumec'est l'enfance de l'hommeintime dissemblableEt sa palme consoleun souffle à rude écoleOdorante adorableLe cauchemar est danscet environnementmoins vaste qu'insondableAura suffit d'un criElle en connaît le prixau cours impondérableJ'en conserve le goûtles bras sur les genouxles yeux pris dans la tableVIIRespiration musicaleTout doux.. Tout doux...rythme d'orange océanL'aurore phénoménaleDe bout en boutjusqu'à son déchirementL'air consume, primordialun cri de fouVIIIMettant l’œuvre à l'épreuvede son désœuvrementnaît le chant délirantde mon rêve au supplicede n'embrasser jamais que ton ombre, Eurydiceet la nuit qui l'emporte, écoule infinimentle désir incessantd'approcher ses délicesIXVers ta gorge assouplie par un souffle indoloresurgi du sol trempé d'un songe meuble et gourdla main qu'il me restait de l'oubli de mon corpsapproche de ta nuit la promesse d'amourXDésormais, tout se tait, sait la moindre des choses(le bouton de la rose et son grave bouquethasardeuse aventure au flanc de l'étrangerun feuillet suspendu à sa prochaine prose)Sur la terre apaisée, sous le vent, dans les cieuxça bruisse encore un peu de palabres discrets...La bougie au chevet de rivages précieuxrapporte mille feux à tes cheveux défaitsMille et un feux plus haut s'échangent des oraclespour, une heure au théâtre, être encore à brillerUn parfum d'océan se mêle au chant des arbresUne bruine engourdie vient me lécher les piedsdes landes le jersey se ravine de marbrePromis, je dormirai à la fin du spectacleXIL'horizon qui finit toujours par se signerde l'est à l'occidentefface en souriantde tous les feux mourants de sa bouche fardéele peu que la journéeaura su grappillerà la table dressée pour des mages convivesJe promène à sa rive et la ville-océangrosse d'un nouveau chantenvahit ma coursivey vient prendre son tempsXIIJe garde, nyctalope, à l’œil un autre jourtiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKIllustration : Jean-Pierre BOUYGE, photographe. -
Aux jours de pluie
(à Gaëna da Sylva, photographe)Les jours de pluienaît le conflitde souhaiter que la vie s'achèveet de nourrir autant de rêvesque d'aventures,que l'oubli - sa déconfitureépand sur de trop larges grèvespour la conscience d'être icià l'ouverturePleurez, nuagestous vos miragesil me reste un songe, certainqui me va de l'œil à la mainet me reforge le couraged'aller coucher sur le regainpuiser sa force de partageD'un chapeau moud'un blanc genoud'une parure surannéeje formule un nouveau projetde mascaradeen caresse la promenadeet travaille mon déhanchépour balancer de bout en boutquelque bravadeChantez, rivièresaux arbres fiersles ricochets du bon regardque décoche mon avatarComme en vos reflets, éphémèreà la rencontre du hasardje lance mon pas sur la terreCesse la pluiepassé l'ennuila vie logée aux commissuresde mon sourire en aventurej'en viens au rêveque jamais la vie ne s'achèveTant que j'en ai l'investitureet la conscience d'être icilumière et sèvetiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
(illustration graphique composée d'après des photographies de l'album (FB) "Les jours de pluie" de Gaëna da Sylva)
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Carton plaint
(à vegas-sur-sarthe)Je connais la manière, oh ! je sais la chanson...Il lui prend le besoin de bouger des cartonsremplis de lendemains qui ne font plus l'affaireet de la crypte au front, lui monte un sang lunaireque rêve ni raison ne peuvent apaiserni l'heur d'un doux baiserni les psaumes perdus pour son oreille interneLe manège est couru jusque chez la voisine...On l'entend qui rumine aussi, à sa façonde frapper ses glaçons avec un pic en feren marmonnant les noms qui ne riront jamaisavec elle, en cuisine ou à plier les drapsen lui tendant les braspour être encore un peu, pas mieux aimés qu'hierJe sais bien... qui me tiens là, sur l'autre hémisphère...Notre L'Une a payé son tribu au sanctuaire :une semaine entière avec le ventre durà blêmir et gémir que "C'est déconfiture !"que "C'est trop d'injustice, la nature humaine !"que "J'aimerais t'y voir !"et que "Pour se raser, on fait pas tant d'histoires !"Alors, pour patienter, je tape le cartonavec mes congénères, garçons...Illustration : d'après "Go with the Flow", watercolor by Kat Grandy(avouez que ça s'invente pas !!) -
rue, mine !
C'est la venue des gens petits
l'artère des fins microbiennes
il y circule des semaines
un laborieux ordre établiClaque, talon ! L'autre tape un
joufflu perdu pour le Trésor
Négoce des petites morts
dimanche s'en lave les maintsÇa va; ça vient, de l'aube à l'aube
en s'ignorant le mieux possible
et masquant des zones sensibles
l'âcre fumet de maigre daubeJ'ai laissé mon chien à son jeu
mes rêves crus au caniveau
sous ses pavés mes idéaux
couverts de bitume spongieuxMais c'est la mienne; et j'y retourne
à ne plus savoir en quel sens
par automatique évidence
et n'espérant pas de ristourneC'est là que je divague entier
une heure, un instant et ma mort
occupés à tirer des bords
vers ses rivages séculiersC'est là que je navigue encore
une heure, un instant, volontiers
hissant ma verve à son hunier
gonflée d'un souffle franc de porttiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un impromptu littéraire - tiki#195