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voyage

  • Virgule

    Mille ans après ton réveil
    serai-je encore vibrant ?
    Quel sera ton sentiment
    si je baise ton orteil ?
     
    Dans le plus simple, appareille
    affranchie de vains tourments
    la barque aux rêves aimants
    vers une amicale oreille
     
    Le plus humble songe aidant
    l'engorgement des merveilles
    à jeter dans la corbeille
    un mot d'amour pur et franc
     
    Toi, ma Peine Au Poids Dormant
    sertie d'ambre et de vermeil
    je briserai ton sommeil
    avant que soit fini l'an
     
     

    Laurence Le Masle

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Lien permanent Catégories : carnÂges 0 commentaire
  • helios grin

    Quoi que tu m'en aies dis, au moment opportun
    je le sais désormais, c'est vrai, le soleil tourne
    en avalant le ciel - c'est fou ce qu'il enfourne !
    et je ne l'ai compris qu'en te lâchant la main
     
    Je dormais dans tes bras, hier au soir encore
    absolue vérité, au regard attachant...
    Aujourd'hui, l'ombre plate allonge son pas lent
    sur un cirque saumâtre aux crêts de pâles ors
     
    Voici la nuit d'été que je n'attendais plus
    déjà grosse d'hiver et n'y laissant rien voir
    Ton nom, que j'ai soufflé sur ce vaste miroir
    dégoutte sa buée, navrante et froide mue
     
    Comme foutus les blés à l'orageux mois d'août
    sans fin de recevoir, mes poèmes dans l'herbe
    étouffent leur chanson à connaître du verbe
    et feulent, désolés, que l'air ne soit plus doux
     
    Dans ta barbe noircie, grimace donc, soleil !
    Au ciel, s'est ramassée toute une catastrophe
    roulant un graveleux chapelet d'apostrophes
    aux reproches viciés par un trop long sommeil
     
    Ainsi, tourne le vent; j'y demeure immobile
    au pont miraculeux de mon lopin de terre
    et mon rêve cabré se voulant si habile
    que sa voile d'étai dans le furieux éther
     
     
     

    Jean-Pierre Bouyge

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Jean-Pierre BOUYGE, ami de tous jours.
     
  • voyage retour

    Vous partez chaque fois moins loin qu'il ne m'en coûte
    mes "vois", mes "dois" - de fait, mes semblables sommeils;
    et ne me revenez qu'au prix de longues routes
    sans pluie rafraîchissant le bain d'aucun soleil

    Où lisez-vous nos joies, tandis qu'un vent soulève
    une mèche bouclée, une feuille après l'autre ?
    Y verrai-je moi-même où se logent vos rêves ?
    Quand l'air évangélise un parfum, c'est le vôtre...

    Y sera-tu jamais résignée, ma Chanson ?
    Le théâtre du temps ignore la distance
    La clepsydre égouttant le plus humble micron
    a l'élasticité des degrés de l'absence

    Au moment de partir et de nous séparer
    sommes-nous les jouets d'invisibles enfants
    dont le jeu favori, pour mieux nous éprouver
    étale entre nos pions des gouffres océans ?

    Grappillons quelques points en nous faisant des signes
    Adaptons la partie à nos propres enjeux
    De règles sans élan faisons bouger les lignes
    et gagnons du terrain sur nos intimes lieux

    Entourons nos paquets du papier rose et gris
    dont nos rires lissaient tous nos projets de fête
    À l'aile d'un vent doux sur la vague et son pli
    calmons de nos poitrines les chants à tue-tête

    Revigorons-nous l'âme au brûlant élixir
    que c'est de se suffire et de s'en assurer
    quelle que soit l'époque en notre pré carré
    puisons notre content aux rus du souvenir

    Et le flux gratifiant de nos vitalités
    mettra sur l'écheveau, mieux qu'un cent d'albumine
    le tissu musculeux de nos chairs en famine
    qui se paiera de mine et de rien à branler

    Tatata, l'Avant-Toute ! Allons machine arrière;
    le regard pas moins fier sous le front économe...
    Malbrough s'en va ? Tant guerre, et la folie des hommes !
    C'est assez que mes bras couvent deux éphémères

    Outre qu'il faille encore oublier la distance
    il reste tout ce temps à presser comme un fruit
    Mêlant à nos hiers le vibrant aujourd'hui
    gorgeons nos appétits d'attentive présence

    Univoque avanie des noblesses de sang :
    un tien vaut mieux que dieu, quand c'est tout l'or du monde
    D'un regard amoureux s'abroge la faconde
    (où l'ordre dynastique émarge à son néant)

    Raison ni prophétie à l'instant n'ont plus cours
    alizouJ'aime trop de la vie l'accord exponentiel
    qui me démultiplie en feux unis vers celles
    dont j'écoute, la nuit, les filiales amours

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


  • En butée

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    Un train
    des fils
    aux arbres presque nus déjà des tons subtils
    Poésie des Partances
    organise au décor des fugitivités
    l'art de s'offrir à l'œil et de se consommer
    sans effort ni violence
    comme un long chapelet d'oublieuses errances

    L'horizon bayadère où s'appuie la cité
    en accuse la chair de folle illuminée
    puis s'en excuse et rabat sur son front rougissant
    un feutre pailleté de lointaines fureurs
    ayant prêté le flanc à d'anciennes rumeurs
    sans parler ni entendre
    aucun de nos discours si prompts à leur prétendre
    une forme d'esprit
    qui pourrait en retour donner sens à nos vies

    La nuit rentrée en gare
    conforte l'illusion qu'il n'est pas de hasard
    aux destins résolus claquant des pas pressés
    sur les quais vers la rue de bitume et pavés
    Tout arrive; tout part
    confusément certain de porter le regard
    où il faut, quand il faut, comme il convient ici
    de mener rondement son jeu dans la partie

    Et puis, encore un train d'autres fils invisibles
    court après son festin de substances miscibles
    dans les larmes de vin aux épices corsées
    que pleurent en latin des âmes déportées
    de leurs sens
    ayant pris sans retour leur voyage d'essences
    (pareil se vide un verre
     à l'arrivée des trains, boulevard d'Angleterre)

    Oh ! Ne fais pas grincer, mon cœur, cette chanson
    comme vrillent les freins de l'engin sur ses rails
    Tu as voulu partir, aller livrer bataille
    et te garder partout de l'orgue ou du violon

    Partir, c'est la leçon - destination ? finale !
    Aussi, mon cœur, sachons durant tout l'intervalle
    chanter
    avec, pour seul souci, de pas trop dérailler

    Oh, chanter ! pour les arbres presque nus déjà
    pour les fêtes du ciel et les étoiles mortes
    puis tirer mes wagons jusqu'au pas de ta porte
    et frapper les trois coups qui m'ouvriront tes bras
    pour la gloire
    que c'est d'avoir ton train pour ultime butoir

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • jamais quittes

    ou pè diou

    Crête où la terre se fait la dent
    mollement contre le ciel gourmand
    de flasques firmaments
    mon pays dans le vent
    un pied en mer, l'autre dans l'océan
    je viens oublier le temps

    Si ta bouche parle bruyamment
    et crache du soufre incandescent
    c'est pour qu'un sable blanc
    et rose et noir courant
    tes rives alanguies dessous le vent
    flatte et caresse tes flancs

    Parfois dans la nuit s'élève un chant
    groka, guitare et le pied dansant
    l'âme et le rhum aidant
    un rire éblouissant
    moque le coq et le counyamaman
    d'un égal et vif allant

    Noirs sont les hommes dans l'ouragan
    Verte la palme au lent mouvement
    Rouges sont tous les sangs
    sous la peau se mêlant
    qui sous le madras ou le lin flottant
    marche d'un pas nonchalant

    Mon pays tu me prends
    et, par toi je l'apprends
    on ne se quitte jamais vraiment.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    participation au défi du samedi, pour le thème
    "Carnet de voyage"

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