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gare

  • travelling

    Le voyage à nouveau, l'apostrophe, le fil

    Paysages courant au vent lavé à l'huile
    La vue glissante happe
    mais l'inconnu échappe au regard intestin

    L'ailleurs de toute part, le temps qui le traverse
    Est-ce la même histoire ? Est-ce le même train ?
    Quand la station s'égare, où peut être l'endroit ?

    Est-ce un bris de mon coeur, là-bas, qui pleut à verse ?
    Est-ce moi qui ai froid ? Est-ce moi qui ai faim ?
    Quel âge avait ce roi... quand je l'avais en main ?

    Le jour passe à la trappe et trace un bel ennui
    Le soir, de son enduit, brosse une peau de chèvre
    J'ai ce goût sur la lèvre... et c'est toi qui l'a mis

    Les adieux à l'amie fleurissent dans mon rêve
    où la pluie fait des bonds sous le ciel abattu
    mais nous nous reverrons... quoique la vie soit brève

    Le trajet, bien connu, me semble long, ma foi
    User du bout des doigts
    matières et couleurs pour en lustrer le fond

    Le voyage est nouveau, pas la destination

    Tchou !

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • En butée

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    Un train
    des fils
    aux arbres presque nus déjà des tons subtils
    Poésie des Partances
    organise au décor des fugitivités
    l'art de s'offrir à l'œil et de se consommer
    sans effort ni violence
    comme un long chapelet d'oublieuses errances

    L'horizon bayadère où s'appuie la cité
    en accuse la chair de folle illuminée
    puis s'en excuse et rabat sur son front rougissant
    un feutre pailleté de lointaines fureurs
    ayant prêté le flanc à d'anciennes rumeurs
    sans parler ni entendre
    aucun de nos discours si prompts à leur prétendre
    une forme d'esprit
    qui pourrait en retour donner sens à nos vies

    La nuit rentrée en gare
    conforte l'illusion qu'il n'est pas de hasard
    aux destins résolus claquant des pas pressés
    sur les quais vers la rue de bitume et pavés
    Tout arrive; tout part
    confusément certain de porter le regard
    où il faut, quand il faut, comme il convient ici
    de mener rondement son jeu dans la partie

    Et puis, encore un train d'autres fils invisibles
    court après son festin de substances miscibles
    dans les larmes de vin aux épices corsées
    que pleurent en latin des âmes déportées
    de leurs sens
    ayant pris sans retour leur voyage d'essences
    (pareil se vide un verre
     à l'arrivée des trains, boulevard d'Angleterre)

    Oh ! Ne fais pas grincer, mon cœur, cette chanson
    comme vrillent les freins de l'engin sur ses rails
    Tu as voulu partir, aller livrer bataille
    et te garder partout de l'orgue ou du violon

    Partir, c'est la leçon - destination ? finale !
    Aussi, mon cœur, sachons durant tout l'intervalle
    chanter
    avec, pour seul souci, de pas trop dérailler

    Oh, chanter ! pour les arbres presque nus déjà
    pour les fêtes du ciel et les étoiles mortes
    puis tirer mes wagons jusqu'au pas de ta porte
    et frapper les trois coups qui m'ouvriront tes bras
    pour la gloire
    que c'est d'avoir ton train pour ultime butoir

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • L'Escargot de la Gare Saint-Lazare

    LE BECHEC, dessinateur

     

    Le carnaval des pieds a repris son grand cirque
    Ça martèle à tout va sur les pavés humides
    ou les revêtements onéreux des grands-rues
    Ça déverse des gens, des jacquots et des grues
    et tout ça pour qu'existe
    le mépris souverain d'un monde réaliste
    pour les choses artistes :
      geste
      regard
      verbe
      ou l'arpège fiévreux de l'accordéoniste
      (qui m'encombre
       mais que j'apprécie mieux que les hymnes de l'Ombre)

    Voyez, ce soir encore en gare Saint-Lazare
    chargé comme un mulet déboulant de l'Isar
    je croisai une dame, allez, comme un poteau
    (un obstacle ? un boulet ? un genre d'escargot
    en guenilles ?)
    allant prendre mon train comme un troufion sa quille
    Elle était sur ma route et ça m'emmerdait presque
    quand je réalisai soudain tout le grotesque
    de la situation :
    Elle monte
    Je descends
    après moi, excitée, toute une talonnade
    me poussant à me joindre à cette bousculade
    dans le flot
    de ceux qui se comportent comme des salauds

    Je l'évite, c'est un fait
    mais sans plus d'attention pour ce qu'elle portait
    bien en chair
    ancré comme on marquait autrefois les sorcières
    de l'opprobre
    que jettent les idiots, hypocritement sobres
    sur l'étrange
    la surprise
    à force d' « attention ! » et de « qu'on se le dise...! »

    Bêtise ! et j'y cédai...
    en tirant après moi ma charge vers le quai
    abruti de vacarme

    Cependant une larme est née de ce conflit
    J'en savoure l'alarme et la dépose ici
    en confiance
    que de ces mots l'esprit touche votre conscience
    tandis que par les rues reprend le carnaval
    des semelles têtues ne songeant pas à mal.

     

    PESSIN, dessinateur

    SDF, l'asso

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'en-tête extraite de Grands Reporters, dessin de Yann Le  BECHEC

    Illustration de bas de page : dessin de Pessin, publié sur Le(s) suiveur(s) de choses

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