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maladie

  • Des flores, guéris donc !

    Me suis allongé là, sur la mousse anonyme
    moelleuse comme un cœur (ou sa bouche éponyme)
    avec un pli du soir dans le linge des ormes
    où je rêvais le nom de ma prochaine forme

    Il a plu sur mon dos les frissons lumineux
    arrachés aux grands cieux par ses ongles vengeurs
    une invisible humeur, éprise de mes yeux
    d'accord avec mon âme, au rire baladeur

    Calme, une chanson née d'un souffle rassagi
    murmura des ennuis l'orage passager
    sur un mode mineur à quoi j'abandonnais
    la dernière curée qui m'aura bien nourri

    Rendu à l'évidence allongée près de moi
    je lui ai pris le bras comme au bal on s’appelle
    ou, finie la semaine, on se promène au bois
    des embruns dans la voix pour faire un brin de zèle

    Oubliés les grands cieux (le ciel à son barnum
    avec ses chauds, ses froids, sur la carne des hommes)
    je me suis réfugié en douce compagnie
    fébrile... virginale ?

    Bacillaires orgies, gavons-nous de sang frais
    Parcourons le séjour sans craindre son loyer
    Désordres saisonniers, à nos hémophilies
    d'avides carnavals !

    Il y a de la place, où bien s’organiser
    des alcôves spongieux bordés de rouges fleuves
    de la chair amollie qu’enfin je m’y abreuve
    en son Café de Flore aux guéridons cirés

    Eh ! Qui m'a reconnu ? Qui a donné l'alarme ?
    À peine si j'ai pu... voici qu'on me désarme !
    Qui me juge, m'assaille avec force dédain ?
    Horreur, la médecine ! Au diable, ses vaccins !

    santéNon, mais quelle ironie… !

    Saloperie de science ! Ah, pleure, maladie !

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#170
     

  • Eden malade

    squelette_smoke.gif

    I

    Calamités indéfalquables
    de nos impôts - l'impondérable
    et souverain prélèvement
    à la source du Bon Vivant !
    acquittez vos orphelinats
    au moyen de nos reliquats
    plutôt qu'à vider de substance
    notre terrienne et bonne chère
    aux tendres bienfaisances

    II

    Mystère que c'est, maladie...
    Quoiqu'en pût distraire l'oubli
    quand la piqûre de rappel
    nous ôta soudain beurre et miel
    alors, aux rages des espoirs
    perdus - sans lutte et donc sans gloire !
    s'ajouta la triste nouvelle :
    amour, tu n'es pas éternel

    Mais si ! (hauts cris, indignations
    surabondance d'afflictions)
    Messie : - Mais si !
    Ménon : - Mais non !
    Et puis, conflit des doctorances
    et autres avis d'importance...
    Mais là, tout à soi, au milieu
    sachant que l'on n'ira pas mieux
    s'impose l'idée que la paix
    viendra son temps (ce qu'On Dort sait)

    Vie rêvée sans conflit majeur
    (des microbes tous les quarts d'heure)
    s'autorisant des alchimies
    loin des lamasabaktani
    (avec tes plantes, Notre Terre)
    pour nos très plantureuses Chères
    débarrassées de leur bagage
    (incompressibles bavardages !)
    qui, voyageant sur nos genoux
    soufflent à notre âme leur coût
    (d'ici, où nous sommes connus
     jusqu'à hors de portée de vue)
    m'accorde enfin - et sans douleur,
    gratuité de médication
    et cure du malheur

    III

    Pinailleries de Supplicié
    (pour qui souffrance à l'Homme sied)...
    Plutôt, mourons de nos agapes
    Jouons à "chiche, tu m'attrapes"
    chaque fois quand, sonnée l'alerte
    professant un débours à perte
    il aura fallu s'éclipser
    devant ses chantres cavaliers d'apocalypse
    en recourant in extremis
    au truchement d'une... asyndète ?
    pirouette ?
    cacahuète ?
    (pieds de nez !
     stratagèmes chers à Poucet)
    nulle autre occasion à saisir
    puisqu'en la matière n'est pire
    et brute et pâle épiphanie
    que celle où nous plonge à la fin la maladie

    IV

    Orphelines de guérison
    (métaphoriques « à quoi bon »)
    à d'autres servez vos comptines;
    je n'en connais pas de bénignes
    Chaque assaut conduit à trépas
    (également, goûtez l'astuce :
     irreparabile tempus)
    le plus humble des cas sans drap
    le potentat des Hauts Nanismes
    le plus serein métabolisme
    aussi le plus chiche des corps;
    tous verront le rideau de mort
    tomber de haut sur leur théâtre
    dont le Très Averti remit la clé au pâtre
    (lequel, troupier !
     mène cheptel au cordeau saluer)

    En rang d'oignons
    nous saluerons
    Maladreries et Dispensaires
    En rang d'oignons
    nous saluerons
    Petit's Misères z'et Moignons

    Oui, mais ripailles ! foutre ! joie !
    infantiles sabres de bois !
    carnages crus, à ciel ouvert
    et rire aux portes de lents vers !
    Ô hédonismes forcenés…
    Renvoyez tous les accusés
    de déception
    au bureau des ordonnances sans rémission
    Gardez-nous meilleur appétit
    pour d'opulentes prophéties
    Rapprochez votre naturel
    de nos tablées confraternelles
    et  prenez soin, dans vos maximes
    de nos amitiés anonymes
    qu'auront privées - trop tôt, toujours !
     Qu’à chères,
     périssables amours…
    de Partage
    d'obscures cimes de fer dont c’est l’apanage

    J'y connais quelques contrepoints
    Contrepétons à leur tintouin:

    "Comme on tait sa lie on se mouche"
    "Bière qui roule a clos les bouches"
    "Bien mal appris qui manigance"
    Ah, délictueuses contredanses
    que brailleront aux maladies
    nos spirituelles compagnies

    Il peut bien sonner, le tocsin
    Révisons notre libertin !

    Grand bien nous fassent maladies
    Ne succomberons qu'à la vie !

    V

    Haro ! Haro, sur nos avoirs
    tout englués du mésespoir
    de n’être pas propriétaires
    de ce caillou dans l'atmosphère

    La vie se prend; la vie se donne
    La mort ne distingue personne

    Le bien passe de main en main
    Et quand il faut sortir le chien
    alors, surprise !
    il y manque une friandise

    Soudain, la jambe fait défaut
    (qu'on avait pourtant levée haut)
    et ce manteau baille à l'épaule
    (qu'on se prêtait à tour de rôle)

    Le loyer qu'il reste à solder
    hypothèque notre santé
    squelette_lady.gif(oui, ne sommes que locataires
     sur ce caillou dans l'atmosphère)

    VI

    Pendulant à sa crémaillère
    voyez le chaudron ! Y bouillonnent
    des médications polissonnes;
    dans leur jus
    le carnassier détachement de nos bons crus

    Invisible à nos yeux troublés
    voici que vient à s’y pencher
    la lippe replète et gourmande
    la Preneuse de Dividendes

    Elle fredonne :
    « La mort ne distingue personne …»
    et fait bonne chère, pardi !
    (ah, vanité des arguties)
    pareillement (le reste, au pluc !)
    de la cuisse fripponne et du gras de l’eunuque

    VII

    Allons, amour, passe-moi l’sel
    et finissons l’ensemble d’une ritournelle :

    Mon âme, mon âme
    a bien mal à sa fête
    La Dam' lui a fait faire
    sa dernière pirouette
    sa dernière pirouette
    et lui donnai le bras, la la
    et lui donnai le bras

    squelette_kid.gif
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK