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poésié - Page 149

  • ...quoi d'autre dans le chili tunisien ?

    Nasreddine_El_Assaly1.jpg

    murs austères et songeurs, à l'enfilade
    réfléchissant la chaleur par les calades
    où le pavé poussiéreux mollit un peu
    mais ce n'est qu'un lumineux trouble des yeux

    c'est l'heure où fille et mère d'oranges
    passent au rouge dans l'ombre étrange
    qui se gardait sous l'arcade fraîche
    de seulement leur frôler la mèche

    père et frères sont au souc à leur étal
    pratiquant un franc marché sentimental
    enrobé de thé bouillant le doux halwa
    retient le parfum des doigts de Fatima

    souffle vers la rive tunisienne
    un chili a rosi les persiennes
    et dans la cité de Jaouhara
    s'est invité le vieux Sahara.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -#525
    inspiré par un tableau de Nasreddine El Assaly, peintre.

  • conduite aveugle en milieu sourd

    Hoogstraten: Les pantoufles, 1658.

    Passée la porte, rentré chez soi
    n’y être plus déjà
    une autre porte, là, devant moi
    je ne la connais pas
    poussée la porte, un autre lieu
    moins connu s’il se peut
    une autre porte devant les cieux
    pris de vertige, amoureux ?
    et plus ni porte ni plus de ciel
    qu’un flottement d’ombelle
    il me transporte jusqu’au parvis
    où m’attendent en nid
    des nuits de portes, fermées, ouvertes
    et cette nuit à perte
    j’en choisis une, la porte brune
    d’ailleurs elle est offerte
    et cet ailleurs n’a pas menti
    je ne suis pas ici
    lumière forte, blancheur criarde
    je sens bien qu’il me tarde
    d’atteindre vite une autre issue
    et changer de tenue
    une autre porte, capitonnée
    suis-je donc au secret ?
    je la maintiens entrebâillée
    de mon pied sur le seuil
    de là j’entrevois un écueil
    sombre, rocheux, peut-être humide
    en suspens dans le vide
    avec dessus, une autre porte
    autrement plus accorte
    bien qu’assez vieille ou mal vieillie
    j’en pousse le vernis
    un long couloir flanqué de torches
    brûlant à mon approche
    s’éteignant quand j’ai dépassé
    la dernière allumée
    série de portes dissemblables
    et mon pas  méconnaissable
    les brise toutes, coûte que coûte
    une soudaine urgence
    presse l’allure et mes chaussures
    en savent l'arrogance
    portes légères des voilages
    m’empêtrent le passage
    mais n’est-ce pas, au bout, là-bas
    le jour que j’aperçois ?
    je grimpe au long de ce conduit
    - le jour, c’est du soleil
    voici qu’à l’orée de cet huis
    je suis dans ton oreille
    avant de sauter, je comprends
    que tu n’écoutes pas vraiment.

    caverne_ephemere2.jpg

     tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     (illustration composée d'après une installation au Louvre)
  • LES VERBES HAUTS

    Les verbes hauts
    de l'abécédaire poLétique


    Conjuguant l’action et la réflexion, les verbes hauts portent haut les couleurs du récit. Grâce à eux, quelles que soient sa fonction ou son genre, sa teneur s’écarte des chemins de basse-fosse où versent trop souvent le pamphlet qui mène sa charge, le pédant qui pérore, le pompier qui ne tarit plus d’éloge, et le parnassien qui contemple.
    Ayons donc quelque indulgence pour ceux d’entre eux qui désuètent, ou surannent... n'allons pas trop vite leur prêter des intentions péremptoires ou un caractère élitiste. Désignons-les plutôt par ce à quoi ils prétendent : une certaine hauteur de l’esprit.

    • ABC
      adorer - briquer - caresser
    • DEF
      donner* - espérer - fleurir
    • GHI
      gémir - hypothéquer - inonder
    • JKL
      jouer - lire
    • MNO
      mourir - naître* - oser
    • PQR
      plaire quitter - révoquer
    • STU
      savoir - tancer - unir
    • VW
      voiler
    • XYZ
      zigzaguer

    Avec, par ordre d’apparition volubile :
    Monsieur Léon-Paul Fargue ; Monsieur Claude Ponti ; Monsieur André Pieyre de Mandiargues ; Monsieur Marcel Thiry ; Mademoiselle Frédérique Audouin-Rouzeau (dite Fred Vargas) ; Monsieur René Barjavel ; Monsieur Alphonse Allais ; Monsieur Michel de Montaigne ; Monsieur René-Guy Cadou ; Monsieur Robert (dit Boby, aussi dit Robert Foulcan) Lapointe ; Madame Monique Wittig ; Madame Anna (de Brancovan, comtesse) de Noailles ; Monsieur Jean Cocteau ; Monsieur Albert Cohen ; Monsieur Jean Giraudoux ; Monsieur Léon-Paul Fargue ; Madame Marguerite de Navarre ; Monsieur Léopold-Sédar Senghor ; Monsieur Mehdi Charef ; Monsieur Albert Samain ; Monsieur Isaac Lang (dit Ivan Goll) ; Monsieur Claude (né Evgen Atsine) Aveline.

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des noms communs
    Des substantifs peu ordinaires
    Des adjectifs épithètes
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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • verbes hauts (abc)

    adorer :
     Il n’est pas d’ici ou d’ailleurs rien que j’adore
     plus que ton pas venant à moi dans le silence
     ainsi qu’en ce moment tout ce à quoi je pense
     est contenu dans ce feulement que j’implore

     Il n’est pas d’avant ni d’après que cette vie
     où le soleil ne luit que pour créer ton ombre
     et la nuit dévoile ces étoiles en nombre
     pour éclairer ton rêve où s’abreuve la pluie

     Toute chose reste sans nom sans ta parole
     rien d’agréable qui ne vaille ton sourire
     auprès de toi l’arbre entend comme l’on respire
     la vérité même semble être à bonne école

     Dire que tu m’es tout n’est rien
     si ton destin n’est pas le mien
     je m’en retourne avec les chiens dans la ruelle
     
     Et quand tu sortiras le tien
     trottinant au bout de son lien
     je dirai aux miens : ma maîtresse, c’était elle.

    ; vouer une passion, un culte à quelque objet qui nous occulte.
    - J'adore les huîtres : on a l'impression d'embrasser la mer sur la bouche [Léon-Paul Fargue].

    briquer :
     Allons, briquons, mon bon ami
     ci les marches du palais rose
     la Madelon a tant servi
     qu’on y a pissé quelque chose

     Et si l’on doit pousser demain
     la populaire chansonnette
     aucune rose, c’est certain
     ne s’y lerrait conter fleurette

     Fi qu’on nous tienne pour des cons
     gardons sauf notre bel adage
     selon quoi tout finit chanson
     ménageons point notre courage

     Il en va de la Nation
     comme de la paix des ménages
     Allons, mon bon ami, allons
     briquons ! briquons !

    ; tâcher de me rendre tout ça tout propre et en moins d’deux, je veux !
    - La porte a parlé (…) On l'a nettoyée, briquée, graissée, huilée partout où on pouvait. On a versé du pétrole dans la serrure et on lui a laissé le temps de comprendre. [Claude Ponti].

    caresser :
     D’espoir on ne caresse pas
     plus que du doigt ne touchera
     la vérité des anges

     Mais que cela n’empêche pas
     qu’on espère et recherche la
     compagnie de l’étrange

    ; imiter de la main (ou tout autre pareil aimable) le vent dans la fourrure pour apprivoiser de l’autre l’être, procéder de même de l’esprit sur l’idée (ou toute autre pareil objet).
    - Ses mains avaient remué premièrement, et elles lui avaient rendu le sentiment de son corps en se portant sur ses petits seins, en caressant son ventre avec amitié, en parcourant tout le beau domaine lisse dont il lui semblait qu'elle s'était retirée pour se concentrer uniquement dans sa tête. " je ne me hais pas", avait-elle pensé encore [André Pieyre de Mandiargues].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    HUITRE_2.JPG

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • verbes hauts (def)

    donner *:
     Nuage, sans visage et sans nom
     tu forces mon admiration
     je te contemple et je voyage
     sur tes volutes de coton
     je m'obstine à te reconnaître
     à te nommer, à te faire être
     monstre, divagation
     en abusant à ton passage
     mon imagination volage

     Nuage, clé des songes
     presse ma vue comme une éponge

     Nuage, rêve en plein jour
     donne à mon esprit libre cours

    ; faire exactement le contraire du mondain qui reçoit.
    - Les dames donnent, c’est leur nom en italien, / L’une qui laisse voir une mouche à son sein, / L’une qui marche comme on danse ou l’on encense… [Marcel Thiry].

    espérer :
     Porte close vibre

     Oh ! mon amour, mon bel amour
     viens, je t'en prie
     et vois ce que j'ai là pour toi
     ce que j'ai pris
     
     Elle est à toi comme jamais
     je ne le puis
     c'est une tendre fleur des bois
     que j'ai cueillie

     Porte close geint
     
     Oh ! mon amour, mon bel amour
     veux-tu entendre
     de ma douleur le chant qui te dit
     viens me prendre

     Oh, mon seigneur ! Oh, mon malheur !
     Oh, ma lubie
     ne reste pas aveugle et sourde
     à ma folie
     
     Porte close nuit
     
     Oh ! mon soleil, mon doux réveil
     mon cher festin
     vois combien mon souffle est pareil
     à ton destin
     
     Oh, mon idole ! Oh, mon école
     des Enfers
     poison de mon sang qui s'affole
     je t'espère
     
     Porte close feint
     
     Ah, mon fidèle ! Ah, mon cruel
     te voilà donc
     Ah ! mon néant, tu m'ensorcelles
     Cupidon !
     
     Ah, mon bonheur ! Ah, mon ardeur !
     Ah, ma furie !
     Ah, mon adorable grenouille
     au fond du puits

    ; remettre à plus tard ce que l’on souhaite à présent.
    - Il faut signaler que l'âme humaine, qu'elle soit bantoue ou de la ferme Desmonchel (Villiers d'Écaudart, Haute-Normandie) est la même partout, j'espère que tout le monde le sait [Fred Vargas].

     

    fleurir :
     Elle a germé entre nos doigts ta nouvelle assurance
     quand j’ai laissé ta main sur moi éprouver mon désir
     et que nous avons accordé de pleines résonances
     nos mouvements et nos élans sans craindre de folir

     Elle a fleuri entre nos doigts ta liberté nouvelle
     quand j’ai laissé ta main sur toi promener à plaisir
     et regagner parmi la soie le précieux hydromel
     avant de partager la joie d’aller le recueillir

     Maintenant tu goûtes des fruits dorés à même l’arbre
     les saveurs et le jus sertis dans son plateau de chair
     et prends de l’atmosphère et l’ombre et tout le charme

     Et je sais que dès aujourd’hui je ne suis que poussière
     craignant de n’être déjà plus demain l’objet des larmes
     qu’à l’issue du vacarme, je t’arrachais naguère.

    ; faire éclater une brillante promotion à la boutonnière.
    -…il créa une rose dont la forme et la couleur varient d’heure en heure et qui ne vit qu’une journée. elle fleurit encore en Angleterre. Les Anglais la nomment Yesterday [René Barjavel].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

    fleur1min.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK