Passée la porte, rentré chez soi
n’y être plus déjà
une autre porte, là, devant moi
je ne la connais pas
poussée la porte, un autre lieu
moins connu s’il se peut
une autre porte devant les cieux
pris de vertige, amoureux ?
et plus ni porte ni plus de ciel
qu’un flottement d’ombelle
il me transporte jusqu’au parvis
où m’attendent en nid
des nuits de portes, fermées, ouvertes
et cette nuit à perte
j’en choisis une, la porte brune
d’ailleurs elle est offerte
et cet ailleurs n’a pas menti
je ne suis pas ici
lumière forte, blancheur criarde
je sens bien qu’il me tarde
d’atteindre vite une autre issue
et changer de tenue
une autre porte, capitonnée
suis-je donc au secret ?
je la maintiens entrebâillée
de mon pied sur le seuil
de là j’entrevois un écueil
sombre, rocheux, peut-être humide
en suspens dans le vide
avec dessus, une autre porte
autrement plus accorte
bien qu’assez vieille ou mal vieillie
j’en pousse le vernis
un long couloir flanqué de torches
brûlant à mon approche
s’éteignant quand j’ai dépassé
la dernière allumée
série de portes dissemblables
et mon pas méconnaissable
les brise toutes, coûte que coûte
une soudaine urgence
presse l’allure et mes chaussures
en savent l'arrogance
portes légères des voilages
m’empêtrent le passage
mais n’est-ce pas, au bout, là-bas
le jour que j’aperçois ?
je grimpe au long de ce conduit
- le jour, c’est du soleil
voici qu’à l’orée de cet huis
je suis dans ton oreille
avant de sauter, je comprends
que tu n’écoutes pas vraiment.
(illustration composée d'après une installation au Louvre)