Quand la peau du ciel irrité
pèle et pend dans l'air sur les toits
Quand le réverbère engourdi
pleure et plie le cou dans le froid
Quand le cri du vent étouffé
pâlit au-delà des nuées
Je sais alors qu'un long hiver
ne tardera plus à se faire
l'arbitre de nos promenades
égrainant à la dérobade
nos mollissantes embrassades
Au pied des arbres en détresse
pourrissent de tristes rognures
tombées de leurs doigts qui s'affaissent
et découvrent les devantures ;
seuls quelques enfants s'en réjouissent
indifférents à la morsure
d'une humilité au supplice
dans nos poitrines, dans nos murs
La buée fond sur les vitrines
où rivalisent de merveille
tous les noëls qu'on assassine
avortés bien avant la veille ;
seuls quelques enfants s'en amusent
les mots et les ronds qu'ils dessinent
ne s'inquiètent pas qu'on abuse
le sourire enjoué sur leurs mines
La Fée Lumière est à la fête
et conduit le grand rigodon
de la débauche, des emplettes
et du gras sur les pantalons ;
seuls quelques enfants s'en repaissent
la bouche gavée de bonbons
la bouche gavée de promesses
le caprice au bout du menton
Je souhaite alors qu'un long hiver
prenne tout ce monde à revers
saisisse au coeur de la parade
son humanité de façade
et l'oblige à la débandade !
Que la peau d'un ciel courroucé
peste sa rage sur les toits
Que le réverbère abattu
n'éclaire plus le peu de foi
Que le cri d'un vent dépité
mûgisse et fige la ruée !
Vienne alors en libérateur
un personnage en habit rouge
distribuant au petit bonheur
à qui l'orange, à qui la courge...
Tous les enfants l'applaudiront
même ceux dont ce n'est plus l'âge
de noircir ses joues au bouchon
en jurant qu'on a été sage
et en demandant bien pardon.
tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK