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poésié - Page 176

  • ubiquité

    Gaena_mare.jpg
    De ton reflet sorti
    des ondes de la mare
    tu vois la silhouette
    en longue jupe nuit
    et le cheveux épars
    flottant sur l’épaulette
    du corsage aérien
    blanc comme le matin
    que ce jardin réclame

    Lentement, tu la suis
    jusqu’au bord de la mare
    dont la rive t’arrête
    à l’ombre des taillis

    Tu resteras ici
    en deçà de la mare
    pour laisser libre cours
    au reflet de ta vie
    que la lumière pare
    de regagner le jour
    à travers ce jardin
    dont le firmament vient
    réanimer les âmes

    C’est que tu as choisis
    juste au bord de la mare
    d’abandonner l’amour
    à ses torrents de pluie

    Tu préfères le buis
    aux brumes de la mare
    et la forêt t’appelle
    tu sais comme on y vit
    l’essentiel à l’écart
    des affres démentiels
    et, sans regret aucun
    pas même ce jardin
    tu réponds à son brame

    Un petit vent frémit
    et caresse la mare
    murmure qu’elle est belle
    et tout ce qui s’ensuit

    De ton reflet sorti
    des ondes de la mare
    s’efface le sillon
    dans l’herbe qui déplie
    ses brins où le brouillard
    trouve sa rémission
    abreuvant le regain
    de ce vaste jardin
    aux couleurs qui s’enflamment

    Mais tu as déjà fuit
    les abords de la mare
    et lance ton jupon
    sur la mousse endormie

    photographie extraite
    de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • mange tes morts, mon ange, mange

    ann_Ange.jpg
    il n'y aura de mort après ma mort, petit
    aucune autre que la tienne
    et le sang du tourment tombera jusqu'ici
    rousse et douce pluie diluvienne
    noyant tout, pauvre fou
    de tes mornes courroux
    et tes prétentions inhumaines
    je viendrai précédant
    le cortège brûlant
    des trop vieilles carnes et couennes

    tu as faim mon petit, mon trésor
    tu t'agites et la fin te dévore
    sur la table vide
    ton assiette est vide
    retourne-toi
    mange tes morts

    il y a tant de morts devant la mort, petit
    qu'elle même en a perdu le souffle
    la vertu, la débauche, elle fauche, elle fauche
    le saint, le sage et le maroufle
    racle bien, pauvre nain
    de tes ongles de chien
    la faïence qui couvre la glaise
    plus rien n'est incertain
    entends, sur le chemin
    mon pas, foulée dans la fournaise

    que crains-tu mon petit, mon trésor ?
    que peux-tu bien espérer encore ?
    sur la terre aride
    sous le ciel torride
    ils sont à toi
    mange tes morts

    me voici devant toi, petit
    reconnais-moi, je suis la vie
    j'ai brûlé mes ailes
    à tes sempiternels
    et insatiables appétits
    me voici devant toi, mon ange
    vois, comme je n'ai plus rien d'étrange
    mais cette épiphanie
    annonce qu'il est cuit
    ce dernier repas que tu manges

    tu n'as donc plus faim, mon trésor
    avant que d'être un cri est mort
    dans tes yeux avides
    déjà le vide
    installe son règne d'or

    l'univers abandonné
    redevient sourd, aveugle et muet
    qu'un ange passe
    plus personne, hélas
    plus personne pour s'en soucier

    ah ça, petit! tu t'es gavé!

    texte de norbert tiniak
    inspiré par une bulle dorée d'Anne
    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • car l'âge

    nebulaok.jpg

    Elle aura pourtant cherché partout, frénétiquement d'abord, puis, désemparée, en déambulant partout où elle était déjà passée constater l'évidence : plus là!

    Elle n'était qu'à demi vêtue quand le soupçon l'a surprise.
    Elle avait donc quitté la chambre (jaune et bleue) en sous-vêtements rouges et noirs, parcouru toutes les pièces avec à l'entour des yeux un halo virant de l'orange au blanc, pour finir dans la salle d'eau et ses faïences indigo.

    Elle aurait voulu s'envoler par la fenêtre, se cacher sous le lavabo, se noyer dans la baignoire...

    Elle finit par heurter son front dans un angle, comme une locomotive en bout de course, en douceur, avec lourdeur. Elle prit appui contre le mur. Il lui sembla que le ciel était devenu dur et froid - que derrière elle, un abîme s'était ouvert, lui interdisant tout retour en arrière.

    Elle ne bougea plus. Accroupie sur ses pensées - si seulement elle pouvait les chier! Saisie par des souvenirs brûlants qui lui glaçaient le sang, elle ne voulait plus bouger d'un pouce.

    " Ben, tu fais quoi maman ? T'attrapes une araignée ?"
    Elle va la trouver où la force de répondre ?
    Elle va la trouver où la force de le dire avec un sourire dans la voix ?
    Elle va la trouver où la force de le dire avec un sourire dans les yeux ?

    Elle va la trouver.
    Car, l'âge aidant, elle y est.

    texte de tiniak et May Nat,
    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspirés par "BATHROOM STORIES 2"
    la photo du jour de NebulaskiN

  • au collet

    collier-en-agate-et-cuir-1.jpg

    agate et cuir
    comme un soupir
    d'aise à ton col est monté
    le bel empire
    du fou désir
    d'être parée

    je t'ai offert
    cette lanière
    depuis la nuque nouée
    coule rivière
    jusqu'à l'ornière
    de ta gorge déployée

    de cette offrande
    d'autres dépendent
    quand nous irons consommer
    près de la lande
    le goût amande

    de nos baisers

    agate et cuir
    seuls à couvrir
    ta vibrante nudité
    prennent plaisir
    à laisser bruire
    un écho perle et lacet
    à nos souffles emmêlés

     

     

    norbert tiniak pour May
    © 2008 DUKOUZUMIN &ditions TwalesK

     

  • inanité sonore

    Gaena_strip.jpg

    Pas à pas confiants
    aveugle, je l'entends
    avancer lentement
    dans la Chambre Noire

    Dans cet état latent
    de mon retranchement
    je la perçois vibrant
    dans la Chambre Noire

    Elle sait que j'y suis
    et comme je la suis
    tout mon corps ébahi
    dans la Chambre Noire

    Pour elle aucun repli
    bien au-delà de l'ouïe
    je sais tout de sa vie
    dans la Chambre Noire

    La voilà qui s'effeuille
    se démaquille l'oeil
    odeurs que je recueille
    dans la Chambre Noire

    Ce parfum qui l'habille
    en exsudats de fille
    tout l'espace en fourmille
    dans la Chambre Noire

    Puis, c'est le moment doux
    genou contre genoux
    des lèvres sur le cou
    dans la Chambre Noire

    Le moment rouge sang
    de nos peaux palpitant
    au moindre attouchement
    dans la Chambre Noire

    Débute un festival
    de lumière abyssale
    et de chaleur foetale
    dans la Chambre Noire

    Mes mains ont mille doigts
    ses cris ont mille voix
    qui font chanter les bois
    dans la Chambre Noire

    Et je meurs sur le dos
    - passe un souffle nouveau
    elle ouvre les rideaux
    sur la Chambre Noire

    tiniak le niak inspiré d'une photo
    extraite de La CHAMBRE NOIRE de Gaëna
    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK