là, sur la table du salon
tout près, paré pour la tisane
objet de douce tentation
plus foncé que sucre de canne
sur son plateau de bois laqué
son culot de rotin tressé
aux côtés de la tasse en grès
et la cuiller qui l’accompagne
le pot de miel va décoller
et répandre de la campagne
en volutes dans l’escalier
je suis cette abeille ouvrière
volant vers toi, la tisanière
là, sur la table de chevet
encombrée des romans du soir
j’attends que tu aies déposé
(avant de plonger dans le noir
notre niche où la nuit se meurt)
la tasse aux relents de douceur
que je t’ai montée tout à l'heure
pour qu’enfin viennent à régner
le miel nouveau et la sueur
aux confins de notre chambrée
siège de nos tendres bonheurs
je suis l’abeille et te butine
de la corolle à l’étamine
là, sur la table de ton ventre
je recueille une perle ambrée
qui s’est écoulée jusqu’au centre
où ma langue vient déloger
des humeurs les plus adorables
toutes les saveurs ineffables
et la fragrance incomparable
preuves de passion florissante
- et profonde et si délectable,
qui disent mieux que tu ne chantes
à quel point je te suis aimable
je suis abeille et te déflore
mon amie, encore et encore
tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
à Lucia et May, les tisanières invétérées.