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acrostiche - Page 19

  • trio à cinq branches

    Tout doux, RayAllons, monsieur
    Madame
    Entendre, toucher, voir

    - Et rameuter l'histoire ? Ah non, pardon... merci
    - Toucher... oui, mais sentir ? on peut ? goûter aussi ?
    - Résolument... au passage...
    - En tirerons-nous pas tout de même avantage ?

    - C'est bon, je vous écoute
    - Oui, nous sommes toute ouïe, sans doute
    - Résolument ?
    - Pour sûr !
    - Si je peux juste emprunter cette couverture ?

    Allons, monsieur
    Madame
    Entendre les refrains qui calmeront vos peurs

    Sur le tour, modelées, vos terrestres terreurs
    ne sont pas si profondes
    qu'elles puissent jamais porter comme les ondes
    toute l'intensité que le chant des baleines
    propage sous nos pieds, répondant aux sirènes
    sur le même livret qu'aux temps immatériels
    quand le potier régnait en son nom d'immortel

    - Ça sonne plutôt bien
    - Redites un peu, voir
    - Oublions ça, poursuivez, voulez-vous ?
    - Il a dit quoi déjà de ma peur du noir ?
    - Rien
    - Et après, on va où ?

    Allons, monsieur
    Madame
    Éprouver du toucher la naissance des flammes

    Caresser en retour les cuisses qui nous livrent
    qu'il en soit par amour ou besoin de survivre
    c'est d'y prêter douceur et force d'exister
    et de grandir un peu en sachant redonner
    du sensible
    plutôt que s'embraser pour les choses miscibles
    et geindre quand l'écuelle et trop froide ou sans sel
    vraiment pas consommable à l'aune de l'échelle
    de valeur
    qui prend pour étalon notre petit bonheur

    - Donc, nous serions des chiens !
    - Il a dit "écuelle"
    - Raccommodez-moi bien
    - Eussiez-vous curatelle... même, c'en serait trop !!

    Allons, monsieur
    Madame...
    Et si le temps était, pour nous, venu de voir ?

    Voir le temps comme il est (une valse éblouie)
    humblement résignés à n'y pas compter guère
    et s'attacher pourtant par le moindre viscère
    au croûton plantureux... y borderons nos lits
    jusqu'au jour
    où le drapé des nuits n'aura plus de contour

    - Ben... et cette Autre qui passe
      sous le coude, logé "La Vie est dégueulasse"
      et qui siffle des vins, âpres, régurgités
      qu'on les dirait cuvés depuis l'Antiquité !
    - Avec ça qu'elle à l'air de savoir où aller
      comme si notre terre était à nouveau plate
      et qu'il nous faille encore honorer ses pénates !
    - Ho ! Ho ! Figure
      ne sais-tu pas qu'au monde, il n'est plus d'aventure ?

    Allons, monsieur
    Madame...
    Être n'est pas donné qu'aux êtres pourvus d'âmes

    - Quoi d'autre alors, les pierres ?
    - Un caillou de Poucet vaut son lot de magie...
    - Eh, pas de ces antédiluviennes bactéries ?!
    - Sinon, quel ordre mammifère ?
    - Tout en a, je vous dis
    - Il délire
    - Ou elle est folle
    - Ne suis en vérité que pensée ou parole
    - Sans blague !
      (allons plutôt pêcher quelque raie pastenague)

    doudou, raie

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#98

     

  • tiniak out, definitly

    Tirer l'oubli à soi
    Imperceptiblement, gris sourire
    N'avoir pas de pensée qui ne se puisse dire
    Irriguer le carné d'un sang qui fasse foi
    Arrimer l'asyndète à la paronomase
    Kaléidoscoper chaque mot, d'une phrase

    Refuser de rester devant l'iconostase
    Etre un poinçon dans l'aube, aiguillon pernicieux
    Vivifiant d'oraisons l'ample morgue des cieux
    Eparpiller des dieux les poussières d'emphase

    Dans les bras du possible, en veilleur assoupi
    Elaborer d'un songe une vue de l'esprit
    Benoîtement courir après les météores
    Ostensiblement luire
    Utopiquement fuir
    Tant encore à donner qu'à ravir d'infantiles trésors

     

     tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Autrement juste, Jazz !

     FREDO, artiste à suivre

    Au premier battement donné sur la peau claire
    précédant l'ouragan des rythmiques torrides
    la seconde en suspens entre Eden et Enfers
    tient la salle en arrêt au-dessus d'un grand vide
    et soudain, c'est le jazz !

    Une cacophonie saisit les molécules
    et touche à l'harmonie en fin de préambule
    quand tonne le second battement isolé
    rassemblant après lui, en ordres mesurés,
    les guitares, les vents, la basse et le clavier
    libérant les esprits, les corps et les suées
    cependant que le monde est tombé en syncope
    et se découvre un don de monstre nyctalope

    Tant la nuit n'est jamais si limpide et vivace
    qu'à l'aune d'une vie trop terne (ou dégueulasse !)
    révélée par le chant qui vibrait en sourdine
    dans son ventre gavé de pauvres vitamines
    et qui lâche les gaz !

    Révolte et anarchie semblent à la portée
    d'un regard abruti dont l'œil s'est embrasé
    d'un claquement de doigt, d'un cri sans retenue
    de la hanche qui ploie sous la paume inconnue
    soudain si familière
    que la rage et la peine avaient crue étrangère
    et tenaient en respect, à distance du corps
    mais que l'instant présent rapproche dans l'accord
    de l'ivresse et du sens

    Energie ! Energie ! Tu nous avais manqué !
    Mais te voici entière et tu nous fait danser !
    Et c'est fête à nouveau !
    N'importe quel fardeau est léger comme un souffle !
    Tout est comme l'extase...

    J-a-z-z ! Jazz ! Jazz !
    Un évident carnage anime ton tempo
    Savant apprentissage apprivoisant les maux
    Touche-moi davantage au fond de mon caveau
    Et laisse-moi en nage au bout d'un vibrato

    Autrement juste, Jazz !

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#86.

    Illustration d'après une composition graphique de Frédô.

  • frange marine

    L'enfant de l'homme dans l'homme s'étonne :
    la mer s'est fait faire
    un dentier de misère boisé
    crédit photo : sebarjosa mine patibulaire
    de celles que l'on connaît
    aux marins flibustiers
    et à quelques corsaires
    étale un long sourire niais
    sur la rive où promènent
    pénibles ou amènes
    silhouettes humaines
    les vacanciers

    On a donné quartier libre aux plus grands
    qu'on ne voit pas sur la plage pourtant
    quelques enfants allant et venant
    couvrent de sable blanc
    le corps informe de leurs parents

    Il est midi quelque part accroché
    au clocher de l'église
    qui lance dans la bise
    un timbre d'horloger

    Savonne-moi la bouche encore
    ou bientôt je parle de mort

    Immense frange à l'arc étrange
    que sont tes pauvres allumettes
    quand le vent souffle ses tempêtes
    levant la jupe du rivage
    sans se soucier davantage
    de la terre qu'il ronge et mange ;
    sèche ton pleur, passe l'ange

    Rigole !
    dans quelques jours, c'est la rentrée
    décolle !

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#43
    pour le thème hebdomadaire des Impromptus Littéraires

    d'après une photo de sebarjo.

  • racines

    Rêves, racines de l’étrange
    Amassant patiemment de mon tourment la sève
    Coulez, ma trêve orange
    Immuable à la source
    N’ayez jamais de cesse
    En cette longue course, d’être
    Serpentins sous la mousse, mélange

    Dais d’albâtre laiteux
    Ecoute-les hurlant

    L’antique plainte à l’orée du dédale

    Embrassez-moi, mes songes
    Terriblement
    Ramarrez cette longe
    Au moindre dénuement de mes vœux dépolis
    Nœud de mélancolies
    Gigognes insatiables
    Ebauche-moi des nuits noires et véritables

    ________________________________________

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE

     

    bonus onirique :

    photographie : Gaëna Da Sylva
    (la Dame des Bois de Gahenne)