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totalités mineures - Page 26

  • jour naît

    Leopold Survage, 1921

    Les ongles granuleux d'avoir creusé l'insaisissable
    je caresse mon rêve à l'or infatigable
    Qu'un embarras de firmament quitte enfin les toitures
    Que cesse, incontinent ! cette déconfiture
        C'est que j'ai ouvert le coffret
        Maintenant, c'est à moi de jouer
        sans crayons ni peinture
    mais de quoi raccorder au monde un autre devanture

        Et j'en sors
        (et j'en passe !)
        Et fi des silhouettes lasses
        (ou alors, dans un coin
         dévolu aux rhumes des foins)

    À repeindre le ciel au gré de songes improbables
    je puise en mon ivresse un camaïeu de sables
    que je répands allégrement sur la toile nocturne
    et pare de brillants son Ombre taciturne
        À moi ! tous les fous de Bassan
        Allons déloger l'océan
        de sa niche profonde
    à la faveur des yeux fiévreux qui reluquent le monde

        C'est magie,
        mon trésor
        Prête-moi que j'en use encore
        et que j'aille rimer
        la faille aux mûres engorgées

    Car c'est bonheur de dépenser tout ce monde réel
    Délire ses fatalités,
    c'est mon trésor ! et tout son miel
    coule en chaque journée
    une liqueur d'éternité

    Coule, en chaque journée
    une liqueur d'éternité !

    dig it!

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Défi Du Samedi #124
    Illustration d'en-tête : Leopold Survage, Ville - 1921.

  • ombres, portée

     

    for your eyes only

    Dans l'absolu secret de l'ombre
    j'écarquille des yeux en nombre
    et regarde de toute part
    d'où pourrait surgir l'aventure
    de la lecture

    Dans le secret de l'ombre bleue
    prêt à me diviser par deux
    je flotte
    en perdant le souvenir de ma grotte

    Dans le secret d'une ombre orange
    j'attends que l'horizon se mange
    les doigts un à un, roux et verts

    Dans le secret sans ombre de l'oubli
    subsiste un pâle écho, mon cri

     

     

    participation alternative
    à celle publiée sur le site d'écriture ludique
    des Impromptus Littéraires

     - tiki#92

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • altérités fractales

    Le corps s'est oublié quelque part alentour
    (pour se mettre à l'abri d'un familier travers ?)
    Barreaux scellés à l'habitacle aux rigoureux contours
    impossible d'ouvrir ni fermer les paupières

    Le regard fragmenté cherche dans l'alternance
    un chemin d'évasion à l'horizon marin
    où donner libre cours aux rêves laissés en souffrance
    et rhabiller le sort de plus vastes desseins

    Le besoin virulent, tenace, d'accomplir
    une équipée sauvage et folle au gré du vent
    occupe tout l'espace offert, brûle d'en investir
    dans le moindre intervalle un lieu d'embarquement

    L'obscurité s'acharne à contrer la lumière
    mais n'en saborde pas l'entier de son élan
    comme après son reflux à nouveau monte vers la terre
    le long bras de la mer chargé de goélands

    Gaëna Da Sylva, photographe

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE 

  • frayures

    ...de quoi, j'abyme ?

    Poussières, chapelure
    de nos terres trop dures
    vos amas que le vent soulève
    ne peuvent se prêter au rêve
    comme ce chapelet
    de nuages mouvants
    que je persiste à renouer
    avec mes yeux, mes mains enfants
    pour le plaisir étrange
    de se prendre à frayer avec les anges

    Montagne, césure
    perdition d'aventures
    ton collet s'offre des boas
    que l'horizon ne t'envie pas
    qui ceignent
    la pelade à ton cou de vieille teigne

    Aboie, chienne d'aurore
    Ce n'est pas devant toi que s'égaillent ces ors
    c'est plutôt qu'il leur reste à faire
    en moins d'une journée
    le tour de notre sphère
    avant d'aller pleurer
    à l'insu des étoiles
    sur les landes, les mers et les bateaux à voile

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi Du Samedi (#122)

  • Sur le grill

    grille/âge

    Je ne puis appuyer
    sur la grille obstruée
    d'où j'entends s'écouler ton fleuve,
    ma mémoire
    qu'un désir obstiné
    d'aller me rengorger
    peine, rage et regret, à l'épreuve
    du soir

    Le sommeil en son île charmante
    s'il feint d'ignorer la charpente
    sauf à multiplier
    les théâtres usés
    de la feuille à la page soixante
    ne sait pas révoquer
    du sang tout le carné
    dont la seule odeur est absente

    Mais le spectacle doit finir
    aussi, j'attends de voir venir
    avec le dernier acte d'un jour à mourir
    les brillances lointaines me dire
    où se perdre le souvenir

    Et je garde, appuyé à la grille du fond
    un caprice à l'idée ; j'en maquille le nom

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    réf. : Nobles et touchantes divagations sous la lune
    Imitation de N.D. La Lune - Jules LAFORGUE
    (poésie Gallimard, p. 60)