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totalités mineures - Page 29

  • biscuits, tri

    Le vent raffûte les branchages
    au babil antédiluvien
    Les arbres pris de bavardage
    m'évoquent par mon nom de chien

    Ils se rappellent mieux mon âge
    et comment je reviens à eux
    quand la meute court au carnage
    un même sang rageur aux yeux
    pour la curée

    En cette date anniversaire
    j'aimerais voir un nœud du temps
    descendre de son étagère
    la petite boîte en fer blanc

    La composition marinière
    de son couvercle aux tons passés
    Le grincement de ses charnières
    tournant sur leurs gonds fatigués

    Révélations à l'ouverture
    saisissant l'œil et l'odorat :
    dent de lait, lacet de chaussure
    pion orphelin, papier nougat
    carte postée

    Cependant que l'histoire est mienne
    je n'en reconnais pas le cent
    ainsi qu'au travers de persiennes
    le regard devine le champ

    Pourquoi j'attends que me promène
    au vent qui souffle sur le bois
    l'envie d'aller frayer l'indemne
    compagnie des magiques lois
    dans la forêt

    En cette date anniversaire
    je m'en vais.

    biscuit.jpg

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • tiluit

    TIL_LUIT.JPG

    Le ciel... passe encore
    qu'il pince fort sa lèvre
    après avoir pleuré son cor

    Mais la rive ?
    De quoi s'excuse-t-elle ?

    Quand la digue, elle
    n'en finit plus de griser
    l'ailleurs et ses velléités pucelles

    Une éclaircie se fait
    La Belle


    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    pour et d'après une photographie de Val Tilu

  • petites pestes

    Si la peste en son temps eut un nom magistral
    à lézarder les murs des cités les plus fières
    je ne sais pas nommer l'affliction singulière
    qui m'arrache des pleurs de vous voir aussi mal
    jeunesses
    qui devriez courir après votre allégresse

    Le lézard sur le mur aurait votre sagesse
    ça prendrait pas longtemps pour qu'il meure de froid
    à se tasser dans l'ombre en craignant où qu'il soit
    de faire un pas de trop et que lui apparaisse
    La Vieille
    qui déjà vous ramasse et voue à la poubelle 

    Oh, dialogue de sourds ! je suis là au milieu !
    Assez pour mes oreilles !
    et suffise à mes yeux que La Vieille
    avec ses doigts cagneux
    pioche dans mes groseilles
    chaque petit matin, un peu plus chaque soir
    en jetant, en passant, un œil à l'écritoire
    où j'expire
    le bonheur d'être là et que ça va sans dire

     

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    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

     

     

  • objections

    fusil.jpgMais ce qui vient les yeux fermés avant le rêve
    et que l'auvent de son ballet ne se soulève
    le fourmillement de lumières
    braisant la toile des paupières
    pour que l'autre espace en surgisse
    et que le songe y travestisse la pensée...
    est-ce une intuition de l'âme
    ou vous seriez à la fois tout et rien, madame ?
    Oh, dame ! Madame pour qui
    le rêve attend quand se prolonge l'insomnie

    Mais ce qui roule dans le sang quand je travaille
    au quotidien étonnement de mes entrailles
    le feu coulant nu de la forge
    me raffûte un cri à la gorge
    ma peau n'en sait plus contenir
    du plomb, de l'or, le meilleur ni le pire essor...
    est-ce là confusion des sens
    l'alliage de nos alchimiques suffisances ?
    Oh, dame ! Madame Ma Mie,
    quelle charnelle ardeur dégorge de vos fruits !

    Mais ce qui touche aux sinueuses névralgies
    quand le nez mouche une pleureuse nostalgie
    trouvée sous un linge de poche
    ou délogée de son encoche
    la pergola où s'agglutinent
    les calamités intestines
    par les entrelacs de glycine ornementale...
    est-ce d'affliction dérisoire
    ou nécessaire propension à l'accessoire ?
    Oh, dame ! Madame d'ici
    je vous vois donner la becquée à vos petits

    Mais ce qui meurt à bras ouvert après la danse
    en murmurant une caresse d'élégance
    la belle geste énamourée
    à bout de lèvres déposée
    dans un soupir en fin de course
    où se reconnaît de la source un pâle écho...
    est-ce un abandon véritable
    ou résignation pure avant l'inéluctable ?
    Oh, dame ! Madame sans qui
    je resterais tendu sans un souffle de vie

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    (prémonition d'impromptu ?)

  • homme naisse

    cuir1.jpg

    L'avons-nous tout bien travaillé, le joli cuir ?
    D'un bout à l'autre de la chaîne élémentaire
    chacune à son métier avec son savoir-faire
    n'aura pas épargné sa peine pour finir

    La louve nourricière aura donné son lait
    chargé aux goûts divers des terres plantureuses
    et propre à satisfaire une faim curieuse
    que rien d'âpre ou d'amer ne gâcherait jamais

    Le souffle du marin aura tendu sa peau
    résistante aux embruns qui rongent mieux la corde
    que le rire assassin des vilaines discordes
    tombe sur le chemin, poussière dans son dos

    Le sang d'anciens volcans alimente sa chair
    et la danse de Pan anime cette allure
    que lui reconnaîtront les ombres sur le mur
    quand il aura quitté de l'antre le couvert

    La fraîcheur de sa voix aura l'accent aigu
    qui siffle par les bois la proche résurgence
    d'une source oubliée sur les routes d'errance
    quand il aura chanté son cantique impromptu

    Voyez, mes sœurs chéries, le beau cuir ouvragé
    venu jouer sa partie dans le concert des êtres
    et comme prennent vie par la magie des lettres
    nos dons d'immémoriale invisibilité

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#84.