
Les ongles granuleux d'avoir creusé l'insaisissable
je caresse mon rêve à l'or infatigable
Qu'un embarras de firmament quitte enfin les toitures
Que cesse, incontinent ! cette déconfiture
    C'est que j'ai ouvert le coffret
    Maintenant, c'est à moi de jouer
    sans crayons ni peinture
mais de quoi raccorder au monde un autre devanture
    Et j'en sors
    (et j'en passe !)
    Et fi des silhouettes lasses
    (ou alors, dans un coin
     dévolu aux rhumes des foins)
À repeindre le ciel au gré de songes improbables
je puise en mon ivresse un camaïeu de sables
que je répands allégrement sur la toile nocturne
et pare de brillants son Ombre taciturne
    À moi ! tous les fous de Bassan
    Allons déloger l'océan
    de sa niche profonde
à la faveur des yeux fiévreux qui reluquent le monde
    C'est magie,
    mon trésor
    Prête-moi que j'en use encore
    et que j'aille rimer
    la faille aux mûres engorgées
Car c'est bonheur de dépenser tout ce monde réel
Délire ses fatalités,
c'est mon trésor ! et tout son miel
coule en chaque journée
une liqueur d'éternité
Coule, en chaque journée
une liqueur d'éternité !

tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Défi Du Samedi #124
Illustration d'en-tête : Leopold Survage, Ville - 1921.
