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  • bluefog

    Pittaco-Iris_fog.jpegQuand tout ce bleu ras en aura
    finit de rosir son arête
    j'imagine ma silhouette
    tête et tronc sans jambes ni bras

    L'air ayant dû céder son trône
    une brume solaire étale
    sa brillance tant bien que mal
    dans un totalitaire jaune

    J'ai le regret de la forêt armoricaine
    Et la vision d'une machination m'entraîne
    dans son vertige
    Comment supportes-tu mon cœur ce qu'on t'inflige ?

    Mer ou désert, sous le ciel creux
    c’est de la solitude, au mieux
    et le voyage
    n’en peut plus de traîner sous lui son vieux bagage

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Iris PITTACO, photographe.

     

  • ma grande faite

    klimt_nuque.jpg

    La braise d'une histoire enfin apprivoisée
    - teinte rousse en reflets au cheveu matinal,
    accuse la blancheur de l'arche libérale
    implorant le bel or de la gratifier
    du creux de son épaule à sa nuque pliée
    par un tendre baiser mieux que subliminal

    La rosée qui jalouse une main fraîche encore

    sanglote sans gémir, doucement sévapore
    sur la terre engourdie mais déjà odorante
    des pattes de fourmis sont plus tonitruantes
    que ces doigts qui promènent sur la pointe
    sans peine aucune et sans aucune feinte

    L'échappée de ce vent au feulement torride
    précipite le temps et s'empare du vide
    pour en faire un bouquet chargé de citrons verts
    où l'air et la lumière apprennent à s'aimer
    dans cette transhumance
    leur alliage se forge à gorge déployée

    C'est la fête du rire aux balcons du sapin
    venue ruer dans les plumes son serpentin
    et donner le vertige aux railleuses corneilles
    tout l'éclat du soleil y fait pâle figure
    dans cette délivrance
    la folie paraît être la seule aventure

    La folie seule emporte un monde et son passage
    La folie, cette porte ouverte à davantage
    est la folie des sens émoustillés d'eux-mêmes
    la folie qui arrache à l'ombre des "je t'aime"
    "ah ! c'est toi", "ah mourir", "ah ! je te reconnais"
    la folie dont l'ardeur s'abreuve de sang frais

    La folie qui t'a faite grande et sans pareille
    a les mains d'un géant fraternel en sommeil
    sa manœuvre invisible assure son maintien
    quelle que soit au ciel l'étoile qui s'éteint
    les deux pieds dans la source
    tu regardes passer l'infini dans sa course

    Et qu'importe des temps la marque sur ta peau
    qu'importe du tourment la lave et son brûlot
    c'est ta fête, aujourd'hui s'y emploie volontiers
    et garde loin de toi tout des inimitiés
    des petitesses d'âme...
    et donne à ton cheveu la mouvance des flammes

    Alors je te découvre et te prends pour festin
    je t'embrasse les yeux, je t'embrasse la main

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Klimt, détail.

    Lien permanent Catégories : carnÂges 0 commentaire
  • cosmogone

    Big bang-a.jpg

    J'étais
    sans nom, sans humeur et sans âge
    à la fois tous les personnages de mon rêve
    et seul au monde

    une formidable énergie

    contenant l'un et l'infini
    n'attendant que de se répandre en vagues d'ondes

    un tout ou rien de festivals exponentiels

    inconséquent, indéfini, immatériel
    plastique ? à peine !
    - je n'avais encor pas de ces prétentions vaines

    Je ne sais plus comme cela survint

    mais j'éclatai, enfin !

    Avais-je avalé quelque chose improbable

    indigeste ou insoutenable ?
    Toujours est-il que j'explosai
    et dans l'instant me réveillai

    Je m'éveillais à l'instant même

    et son fulgurant anathème
    obligeant à l'apocalypse :
    je ne connaitrais pas d'éclipse...
    et personne pour me distraire !!
    (j'entrais dans ma prime colère)

    Je projetai autour de moi ce que j'avais à ma portée

    rase lumière
    gaz et matière
    tout y passait, entrait en fusion, se choquait
    et ce vacarme
    parvint à m'arracher des larmes

    Le son fut ma première leçon

    de quoi je conçus le silence
    et, presque par inadvertance,
    me vint une idée farfelue :
    il me fallait une conscience
    pour que soit enfin reconnue
    mon existence

    Vint l'Homme

    - sa main, son œil et son épaule !
    à qui je confiais le rôle
    de penser, de dire et d'agir;
    il devança tous mes désirs
    en créant l'art !

    Je pus lui pardonner l'histoire de ses guerres

    J'avais le plus beau des miroirs dans l'univers

     

    foscarini-big-bang.jpgtiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#77.

    Illustrations : suspensions luminaires de FOSCARINI.

  • La preuve par quatre

    Avant l'été, j'aurais marché
    vint-cinq années durant
    les yeux derrière
    les yeux dedans
    et des mains à ne plus savoir qu'en faire
    battant mes flancs
    battant l'air
    balançant d'avant en arrière
    aveuglément

    Si j'ai séjourné quelques fois
    - en quelque endroit sûr ? à la brune ?
    à jouir de la bonne fortune
    d'une merveille...

    rotonde et vieille craie
    marée, varech et moules frites
    nuit tombée sous les oliviers
    chimers, sillons océantiques
    et puis la grève
    où le marin mugit depuis son Rêve

    j'émergeais toujours au-delà
    - j'aurais cheminé malgré moi
    ...suivant un chien ? ...dans mon sommeil ?
    sans reconnaître rien à rien à mon réveil

    J'étais allant
    obstinément
    coiffé de mes deux grands soleils
    me figurant simple et pareil
    au bonze en bronze recueillant
    des mantras le long chant de veille

    Aux abords de la ville
    je laissai mon bagage
    - à d'autres d'en tirer bel avantage

    Je percevais, subtile
    mais pas mystérieuse
    une rumeur aux notes savoureuses

    Leur écho sur le fleuve
    ricochait - ce me semble,
    entre les bras des saules sous les trembles

    Le jour s'arrêta à mi-cours
    je sus dès lors m'appartenir
    qu'il durât encore et toujours

    Je pris un citron vert
    pour en goûter le jus
    je crus m'éparpiller dans l'atmosphère !

    D'abord effarouché
    un sang moins lapidaire
    me parcourut l'échine et les artères

    Depuis son vieux clocher
    l'horloge familière
    sonna ces vint-cinq années passagères

    Je sentis ta main pleine dans la mienne
    La peur se tenait loin de nos regards
    L'aujourd'hui recouvrit figure humaine
    Nous marchions sous les feux de quatre phares.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Preuve par 4(1) 061.jpg

    René FRERY, Les Quatre Soleils, 2002.

  • largo

    SOIR.JPG

    Un jour s'en est allé faire ses bruits ailleurs
    Le soir demeure
    (il n'attendait que ça)
    Il attendait que cela passe
    le cortège des heures
    la retraite des guerres lasses
    aux humeurs vives ou fadasses
    avec, à la traîne,
    ce lent petit bonheur
    d'être à ce qu'on amasse au cœur

    Le soir et ses largesses...


    Il accueille la nuit du bout des lèvres;

    un murmure semblable
    à celui que s'adressent les arbres
    soutire à l'air
    une molle fraîcheur
    qui retourne la peau striée de l'atmosphère
    en force la pudeur et laisse voir
    les gouttes de sueur perlant à son grand casque noir

    Il ouvre des maisons les yeux luminescents

    tout engourdis encore
    de s'être trop longtemps regardé l'intérieur
    où des ombres rejouent le ballet quotidien
    - qui a sorti le chien
    qui a dressé la table
    qui marmonne à l'oreille irritable
    qui scrute le chemin
    chacun à son affaire
    certain de n'être pas si fier
    que le voisin

    Il allonge le pas du temps qui reprend souffle

    et prépare son rêve à l'abri des regards
    Il pouffe
    Il aime ces récits arrachés au réel
    et comme les compose à nouveau l'inconscient
    pour que les doigts du vent les saupoudrent
    sur les paupières closes à coudre
    avec l'antique et magique sel
    qui vous garde des foudres paternels

    Il cède

    quand la vasque du ciel est pleine
    sa place aux chevauchées astrales
    sur les voies cardinales tracées
    pour leurs frasques élyséennes

    Il plaide

    une journée chômée
    qui ne voie pas truffée
    d'obscures hypothèques
    l'humaine destinée
    exempte de salamalecs
    et autres simagrées
    où sa clémence vespérale
    aura - toute, à loisir,
    sentimentale bariolée
    vive cavalcade effilée
    rousse nuée de fougères,
    le don de ceinturer la terre
    pour en araser la lisière

    Et puis, il disparaît

    loger dans une volée d'arbres
    rouler au creux d'un vallon glabre
    se pendre au rempart crénelé
    d'autres vertigineux sommets
    border la mer étale
    l'océan pacifié
    glissant sur la pointe des pieds

    Il nous a préparé

    avant de regagner son lit
    une aube, pliée
    au coin de la table de nuit

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK