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morito

  • miroir, miranda

    Miroir ? Oh, tes violences !
    et ça depuis toujours...

    Tu m'arraches ma mère

    me reproches ma peau
    me présentes l'inverse où je cherche à savoir
    comme il arrive à l'autre de me percevoir
    et de me juger beau, laid, fatigué même
    enfin, tel que je suis au moment qui importe
    là où il t'indiffère - où te pose problème ?
    de m'être en quelque sorte
    possiblement fidèle,
    impitoyable, cru,
    flagornerie mondaine,
    benoîtement cucu...
    Hypocrite !
    Je m'en veux de répondre encore à ton invite
    au détour d'un reflet saisi du coin de l'œil;
    tu n'es pas nécessaire et ne me serviras
    qu'une fois au cercueil, ha !
    - où j'aurais pris ma pose très ornementale,
    quand, devant mon visage en vraisemblable paix
    timide, tu viendras te placer sous mon nez vide
    alors, j'aurais l'insigne honneur de refuser
    le baiser de mon souffle à ta face glaciale, té !

    Miroir ? Oh, Miranda

    allez, range-moi ça

     

    TIMOR9.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'après Ernesto TIMOR
    "l'incendie du palai des glaces" [double trouble] © 2001-2009 Ernesto Timor.

  • La preuve par quatre

    Avant l'été, j'aurais marché
    vint-cinq années durant
    les yeux derrière
    les yeux dedans
    et des mains à ne plus savoir qu'en faire
    battant mes flancs
    battant l'air
    balançant d'avant en arrière
    aveuglément

    Si j'ai séjourné quelques fois
    - en quelque endroit sûr ? à la brune ?
    à jouir de la bonne fortune
    d'une merveille...

    rotonde et vieille craie
    marée, varech et moules frites
    nuit tombée sous les oliviers
    chimers, sillons océantiques
    et puis la grève
    où le marin mugit depuis son Rêve

    j'émergeais toujours au-delà
    - j'aurais cheminé malgré moi
    ...suivant un chien ? ...dans mon sommeil ?
    sans reconnaître rien à rien à mon réveil

    J'étais allant
    obstinément
    coiffé de mes deux grands soleils
    me figurant simple et pareil
    au bonze en bronze recueillant
    des mantras le long chant de veille

    Aux abords de la ville
    je laissai mon bagage
    - à d'autres d'en tirer bel avantage

    Je percevais, subtile
    mais pas mystérieuse
    une rumeur aux notes savoureuses

    Leur écho sur le fleuve
    ricochait - ce me semble,
    entre les bras des saules sous les trembles

    Le jour s'arrêta à mi-cours
    je sus dès lors m'appartenir
    qu'il durât encore et toujours

    Je pris un citron vert
    pour en goûter le jus
    je crus m'éparpiller dans l'atmosphère !

    D'abord effarouché
    un sang moins lapidaire
    me parcourut l'échine et les artères

    Depuis son vieux clocher
    l'horloge familière
    sonna ces vint-cinq années passagères

    Je sentis ta main pleine dans la mienne
    La peur se tenait loin de nos regards
    L'aujourd'hui recouvrit figure humaine
    Nous marchions sous les feux de quatre phares.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    René FRERY, Les Quatre Soleils, 2002.