La braise d'une histoire enfin apprivoisée
- teinte rousse en reflets au cheveu matinal,
accuse la blancheur de l'arche libérale
implorant le bel or de la gratifier
du creux de son épaule à sa nuque pliée
par un tendre baiser mieux que subliminal
La rosée qui jalouse une main fraîche encore
sanglote sans gémir, doucement sévapore
sur la terre engourdie mais déjà odorante
des pattes de fourmis sont plus tonitruantes
que ces doigts qui promènent sur la pointe
sans peine aucune et sans aucune feinte
L'échappée de ce vent au feulement torride
précipite le temps et s'empare du vide
pour en faire un bouquet chargé de citrons verts
où l'air et la lumière apprennent à s'aimer
dans cette transhumance
leur alliage se forge à gorge déployée
C'est la fête du rire aux balcons du sapin
venue ruer dans les plumes son serpentin
et donner le vertige aux railleuses corneilles
tout l'éclat du soleil y fait pâle figure
dans cette délivrance
la folie paraît être la seule aventure
La folie seule emporte un monde et son passage
La folie, cette porte ouverte à davantage
est la folie des sens émoustillés d'eux-mêmes
la folie qui arrache à l'ombre des "je t'aime"
"ah ! c'est toi", "ah mourir", "ah ! je te reconnais"
la folie dont l'ardeur s'abreuve de sang frais
La folie qui t'a faite grande et sans pareille
a les mains d'un géant fraternel en sommeil
sa manœuvre invisible assure son maintien
quelle que soit au ciel l'étoile qui s'éteint
les deux pieds dans la source
tu regardes passer l'infini dans sa course
Et qu'importe des temps la marque sur ta peau
qu'importe du tourment la lave et son brûlot
c'est ta fête, aujourd'hui s'y emploie volontiers
et garde loin de toi tout des inimitiés
des petitesses d'âme...
et donne à ton cheveu la mouvance des flammes
Alors je te découvre et te prends pour festin
je t'embrasse les yeux, je t'embrasse la main
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustration : Klimt, détail.