festin
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Opéra bouffe
Plus haut la garde, mon amour !Je crains pour ton noble visage...Vois, comme la montagne est sageet maintient fermes ses contours...Plus haut, le rideau sur la tringle !si tu veux occulter icil'intime jeu de nos partispris au modèle de la junglePlus haut ! Plus haut ! Nos yeux ensemblevers notre festin amoureuxassis à la table des cieuxoù rêvons comme bon nous semblePlus haut, le bonheur attendude se goûter la carne folled'être à deux une farandoleet résoudre notre inconnuePlus hauts, nos bras nus dans le cielplaidant le délai quotidienarguant de notre rachidiencomme du plus pur hydromelPlus haut, mon sexe dans ton ventrepour t'entendre crier mon nomet raccorder mon diapasonà ce qui nous ramène au centrePlus haut ! Toujours plus haut que làoù s'agrègent les imbécilesqu'ils soient de campagne ou de villeet réfutent notre opéraPlus haut, plus haut ! Je t'aime touteen ce rêve esseulé, sans douteMais chut, ne le répète pas.tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un Défi du Samedi -
souleiado
Pour qu'un plus franc soleil darde sa chevelure
sur un ciel engourdi par un trop lourd sommeil
je pousserai mon cri jusqu'à ta devanture
le vent le portera par les haies et les treilles
Terre seule
sous le regard meurtri de ta pâle filleuleEt les champs bien rangés se couvriront d'or pur
alignant des allées aux ventres plantureux
qu'à la fin de l'été, une poussière dure
étourdira, nuée brouillant tout sous nos yeuxLes chemins rassurés, à la trace vibrante
conduiront vers des feux consumés nos labeurs
L'atmosphère avinée portera nos clameurs
vers l'autel mutilé des fois déliquescentes
Vides ciels !
qui n'avez que nos yeux pour vous croire immortelsUn fleuve écoule ici de bien meilleurs auspices
D'où qu'il vienne, où il va, c'est encore à la source
Les chevaux qu'il charrie escortent la Grande Ourse
quand, à leur crin moussu, nos paumes se nourrissentJuge-nous cavaliers, paysans, citadins
à nos regards usés, nos carnes singulières
Soleil inamovible aux voraces festins
tu n'es jamais, sans nous, que récurrent mystère
dans les nues
si nous disparaissons, nul ne te connaît plus !
tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -
ma grande faite
La braise d'une histoire enfin apprivoisée
- teinte rousse en reflets au cheveu matinal,
accuse la blancheur de l'arche libérale
implorant le bel or de la gratifier
du creux de son épaule à sa nuque pliée
par un tendre baiser mieux que subliminal
La rosée qui jalouse une main fraîche encore
sanglote sans gémir, doucement sévapore
sur la terre engourdie mais déjà odorante
des pattes de fourmis sont plus tonitruantes
que ces doigts qui promènent sur la pointe
sans peine aucune et sans aucune feinte
L'échappée de ce vent au feulement torride
précipite le temps et s'empare du vide
pour en faire un bouquet chargé de citrons verts
où l'air et la lumière apprennent à s'aimer
dans cette transhumance
leur alliage se forge à gorge déployée
C'est la fête du rire aux balcons du sapin
venue ruer dans les plumes son serpentin
et donner le vertige aux railleuses corneilles
tout l'éclat du soleil y fait pâle figure
dans cette délivrance
la folie paraît être la seule aventure
La folie seule emporte un monde et son passage
La folie, cette porte ouverte à davantage
est la folie des sens émoustillés d'eux-mêmes
la folie qui arrache à l'ombre des "je t'aime"
"ah ! c'est toi", "ah mourir", "ah ! je te reconnais"
la folie dont l'ardeur s'abreuve de sang frais
La folie qui t'a faite grande et sans pareille
a les mains d'un géant fraternel en sommeil
sa manœuvre invisible assure son maintien
quelle que soit au ciel l'étoile qui s'éteint
les deux pieds dans la source
tu regardes passer l'infini dans sa course
Et qu'importe des temps la marque sur ta peau
qu'importe du tourment la lave et son brûlot
c'est ta fête, aujourd'hui s'y emploie volontiers
et garde loin de toi tout des inimitiés
des petitesses d'âme...
et donne à ton cheveu la mouvance des flammes
Alors je te découvre et te prends pour festin
je t'embrasse les yeux, je t'embrasse la maintiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustration : Klimt, détail.