
festin
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Opéra bouffePlus haut la garde, mon amour !Je crains pour ton noble visage...Vois, comme la montagne est sageet maintient fermes ses contours...Plus haut, le rideau sur la tringle !si tu veux occulter icil'intime jeu de nos partispris au modèle de la junglePlus haut ! Plus haut ! Nos yeux ensemblevers notre festin amoureuxassis à la table des cieuxoù rêvons comme bon nous semblePlus haut, le bonheur attendude se goûter la carne folled'être à deux une farandoleet résoudre notre inconnuePlus hauts, nos bras nus dans le cielplaidant le délai quotidienarguant de notre rachidiencomme du plus pur hydromelPlus haut, mon sexe dans ton ventrepour t'entendre crier mon nomet raccorder mon diapasonà ce qui nous ramène au centrePlus haut ! Toujours plus haut que làoù s'agrègent les imbécilesqu'ils soient de campagne ou de villeet réfutent notre opéraPlus haut, plus haut ! Je t'aime touteen ce rêve esseulé, sans douteMais chut, ne le répète pas.pour un Défi du Samedi
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souleiadoPour qu'un plus franc soleil darde sa chevelure 
 sur un ciel engourdi par un trop lourd sommeil
 je pousserai mon cri jusqu'à ta devanture
 le vent le portera par les haies et les treilles
 Terre seule
 sous le regard meurtri de ta pâle filleuleEt les champs bien rangés se couvriront d'or pur 
 alignant des allées aux ventres plantureux
 qu'à la fin de l'été, une poussière dure
 étourdira, nuée brouillant tout sous nos yeuxLes chemins rassurés, à la trace vibrante 
 conduiront vers des feux consumés nos labeurs
 L'atmosphère avinée portera nos clameurs
 vers l'autel mutilé des fois déliquescentes
 Vides ciels !
 qui n'avez que nos yeux pour vous croire immortelsUn fleuve écoule ici de bien meilleurs auspices 
 D'où qu'il vienne, où il va, c'est encore à la source
 Les chevaux qu'il charrie escortent la Grande Ourse
 quand, à leur crin moussu, nos paumes se nourrissentJuge-nous cavaliers, paysans, citadins 
 à nos regards usés, nos carnes singulières
 Soleil inamovible aux voraces festins
 tu n'es jamais, sans nous, que récurrent mystère
 dans les nues
 si nous disparaissons, nul ne te connaît plus ! 
 tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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ma grande faite La braise d'une histoire enfin apprivoisée 
 - teinte rousse en reflets au cheveu matinal,
 accuse la blancheur de l'arche libérale
 implorant le bel or de la gratifier
 du creux de son épaule à sa nuque pliée
 par un tendre baiser mieux que subliminal
 
 La rosée qui jalouse une main fraîche encore
 sanglote sans gémir, doucement sévapore
 sur la terre engourdie mais déjà odorante
 des pattes de fourmis sont plus tonitruantes
 que ces doigts qui promènent sur la pointe
 sans peine aucune et sans aucune feinte
 
 L'échappée de ce vent au feulement torride
 précipite le temps et s'empare du vide
 pour en faire un bouquet chargé de citrons verts
 où l'air et la lumière apprennent à s'aimer
 dans cette transhumance
 leur alliage se forge à gorge déployée
 
 C'est la fête du rire aux balcons du sapin
 venue ruer dans les plumes son serpentin
 et donner le vertige aux railleuses corneilles
 tout l'éclat du soleil y fait pâle figure
 dans cette délivrance
 la folie paraît être la seule aventure
 
 La folie seule emporte un monde et son passage
 La folie, cette porte ouverte à davantage
 est la folie des sens émoustillés d'eux-mêmes
 la folie qui arrache à l'ombre des "je t'aime"
 "ah ! c'est toi", "ah mourir", "ah ! je te reconnais"
 la folie dont l'ardeur s'abreuve de sang frais
 
 La folie qui t'a faite grande et sans pareille
 a les mains d'un géant fraternel en sommeil
 sa manœuvre invisible assure son maintien
 quelle que soit au ciel l'étoile qui s'éteint
 les deux pieds dans la source
 tu regardes passer l'infini dans sa course
 
 Et qu'importe des temps la marque sur ta peau
 qu'importe du tourment la lave et son brûlot
 c'est ta fête, aujourd'hui s'y emploie volontiers
 et garde loin de toi tout des inimitiés
 des petitesses d'âme...
 et donne à ton cheveu la mouvance des flammes
 
 Alors je te découvre et te prends pour festin
 je t'embrasse les yeux, je t'embrasse la maintiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
 Illustration : Klimt, détail.
