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  • soleiado

    Les cailloux rudoyés rendent à la lumière
    la brute impunité de sa vive arrogance
    avant de succomber, aveugles, l'un sur l'autre
    en ayant regretté de mordre la poussière
    sans pouvoir y goûter, d'infime rémanence
    un parfum d'herbe grasse où la bête se vautre

    (...ailleurs, en Normandie peut-être...
    Ici, le pays est à l'heure : il est Midi
    et pas l'ombre d'un hêtre)

    Même - oui, je le vois, même les mouches boudent
    dédaignant l'ordinaire à mettre sous le coude :
    et la pâtée scellée en croûte à l'écuelle
    du chien qui a trouvé refuge à l'intérieur
    et le massacre avancé d'une tourterelle
    qu'un mauvais vent nocturne a jeté dans les fleurs

    (les moins folles collent à la toile cirée
    d'autres grésillent au papier-vrille
    l'abdomen englué)

    Massif, un lavandin ébouriffé somnole
    entre deux pieds de thym et une ciboulette
    dans le vieux jardinet où les simples survivent
    et bradent les parfums de leurs derniers alcools
    à l'ordre industrieux des voraces insectes
    qui nourriront bientôt un escadron de grives

    (quand  le ciel sera pris au jeu
    d'une saison moins sèche
    et se fera pluvieux)

    Au mur pestiféré les jointures fatiguent
    sa face égratignée par l’assaut des bourrasques
    ne sait plus témoigner que de sa déchéance
    ses débris de mortier traînent dans la garrigue
    où ne s’entendent jouer ni la folie des masques
    ni les flûtes boisées des païennes bombances

    (seul - et tenace alors, le Mistral
    arrache à cet endroit
    le fantôme d’un râle)

    Par là, c'est la fenêtre - aucun volet ne l’arme,
    un cloaque où s'empêtre une obscurité morne
    et peine à se commettre, avec les traces d'huile
    imprégnées de salpêtre, une frise de charmes
    cherchant à l'égayer de ses reflets argile

    (mais c'est peine perdue, ces brillances
    sur la maison de pierre
    où je n'habite plus)

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • dans un bonjour

    Ce machin ! tout gris, tout tordu, à la tête d'épingle
    aux bras de bonobo
    que prolongent deux tringles,
    il me suit partout comme une ombre - et peut-être en est-ce une !
    Si je porte chapeau
    il en coiffe la lune
    Le fleuve
    il en singe les joncs
    - la preuve ?
    ses grands pas de héron
    qui se tendent, se meuvent d'étrange façon

    Si je l'entendais bruire... !

    mais je n'entends jamais que mes propres soupirs

    Je l'appelle...

    disons, quand l'idée me vient à l'esprit : Ficelle
    - n'en déplaise aux férus de feu Giacometti
    ou aux arts éternels,
    c'est ainsi

    Quel bidule !

    et moi de m'inquiéter d'être sous sa férule
    avec mon gris sourire
    et cette propension à redouter le pire
    dans la chose certaine
    (qui prétend régenter notre nature humaine ?)
    pour un peu, ça m'étouffe
    et m'entraîne à surjouer ma partie dans l'Esbroufe
    générale
    où se distrait l'ennui de son issue fatale

    Mais, bon... c'est décidé : je veux tordre le cou

    à la dernière peur qui tarde
    à s'assagir enfin
    quand l'autre affreux pantin musarde
    et se gave, après tout,
    de ces mornes courroux qui m'affligent la carne !

    Je tire la ficelle...

    au bout, pas de surprise :
    une charpente grise et maigre comme un clou
    vient et s'immobilise,
    ruissèle de partout
    de la cendre
    que mêle un jus épais à l'odeur sulfureuse
    de coriandre ;
    dans ses orbites creuses
    où l'ombre est à se pendre
    je cherche une émotion
    - quel âne !
    depuis longtemps l'essence a déserté ce crâne

    Si j'avais des ciseaux... !

    mais des ongles gelés me parcourent le dos

    Les miens étaient rongés (maintenant que j'y pense,

    comme c'était fort laid !)
    au fur et à mesure
    que l'autre décharné réclamait ces rognures
    pour lui-même
    et sa triste posture de cri sans thème
    et puis cette douleur
    dénigrant des caresses le simple bonheur
    d'être douces, attentives
    et au lieu de cela - prétention maladive,
    abritaient sous mon bras leur méfiance craintive

    Suffit, là !

    je regarde la vie
    elle tient devant moi
    elle a le cheveu court
    (un peu plus court qu'hier, oui)
    et dans son œil m'accorde une larme sincère
    et gaie !
    voyez comme !
    Il est temps d'en finir, allons ! vilain bonhomme

    Je me tiens devant elle

    Pardon... je me tiens devant toi, Ficelle !
    et le mot qui me vient pour déjouer tes tours
    est si simple à présent : bonjour

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un hommage à Alberto Giacometti

  • GRIS SOURIRE, le recueil

    <tous les poèmes>

     

    t_sign2hd.jpgLe recueil °GRIS SOURIRE° rassemble des poèmes gris-sonnants à la teneur douce amère, écrits et publiés sur ce blog depuis l'année 2008.

    Vous pouvez les consulter ici-même à partir du lien ci-dessus, ou me formuler une demande pour l'expédition de la totalité du recueil au format .pdf à l'adresse suivante : <tiniak@live.fr>
    (envoi sous conditions qui vous seront signifiées).

    D'ores et déjà ravi de l'intérêt que vous portez à ces écrits, je vous remercie de votre passage sur cet espace dédié à la poLésie.

    PoLétiquement vôtre,
    tiniak.

     

    RAPPEL : l'ensemble des publications présentes sur ce blog est la propriété exclusive de leur auteur, tiniak, et s'entend libre d'utilisation sous réserve des conditions régies par la licence CREATIVE COMMONS protégeant leur support éditorial DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK, notamment de toute utilisation à des fins commerciales.

     

    LOGDUKOU.JPG
    CC_reserved.png

    This work is licensed
    under a
    Creative Commons Attribution-Noncommercial-No Derivative Works 3.0 License.

  • La coiffe

    butterfly.gif

    La voyageuse fait le voyage à rebours vers la page centrale
    s'offre quelques détours, s'installe
    dans la cour à l'arrière du monde
    y fait un peu sa ronde, repart, étale
    des bulles minérales
    dans les replis d'une onde
    fœtale

    Voici que papillonnent

    à ses cheveux garçonne
    une aile, puis une autre en bouquet frétillant

    L'oiseau qui fut écrit, maintenant couvert d'or

    n'est pas ici décrit ordre ni mouvement
    (il reste dans son coin, pesant, et s'y endort
    très artistiquement)

    mais Petite Tortue, Silène, Paon du Jour

    tels sont les nouveaux noms que l'air
    aux haleines légères
    vient fêter alentour

    et la correspondance

    destinée à œuvrer comme une inadvertance
    orchestre l'élégance et la chair du moment

    Le sang de Cio-Cio-San revient des Amériques

    son rouge est beaucoup moins carmin que brique
    sur la page bleutée
    cherche sa parenté entre amarante et pourpre
    et s'écrase, cerise
    pulpeuse friandise
    dans la faille taillée comme un sillon de coutre

    Quoique réprobateur, l'Aztèque à l'œil sévère

    préfère encor se taire ; il attend son quart d'heure...

    Et, toute à son bonheur,
    la voyageuse faite
    coiffe monumentale
    expulse devant elle
    ses bulles minérales.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un graphisme tiré des Bulles Dorées d'Anne.

  • roman fleuve

    Molle parade au lit noueux
    va son cours le fleuve indolent
    ses lèvres brunes paressant
    aux pieds des arbres tortueux

    Au loin, son sourire folâtre
    avec une ancienne aventure
    qui le nargue à cette embouchure
    et lui rengorge une eau saumâtre

    Pas de deux sous l’enjambement
    d’un pont sur ses rives cabré
    nous promenons nos satiétés
    repues de nos derniers élans

    Tu n’as pas froid, dis, sous mon aile ?
    Es-tu sereine et bien heureuse ?
    Tai-je connue plus radieuse ?
    Hier, étais-tu aussi belle ?

    Vois, je rechigne à prononcer
    à ton oreille ces questions
    quand à ma joue colle ton front
    et que je t’entends murmurer :

    Vois, je suis pareille à ce fleuve
    où tu viens tremper ton plumage
    toi, mon bel oiseau de passage
    et que n’entame aucune épreuve

    Moi qui me rêvais mandarin
    pêchant jusqu’au seuil de la nuit
    de quoi combler nos appétits
    et te réveillant au matin !

    C’est à douter des connivences
    et leur tacite certitude
    accolée à cette habitude
    où nous croyons lire la chance

    Comme à marcher d’un même pas
    on se croit pris d’un même élan
    vers le même endroit cependant
    qu’on sera seul arrivé là

    Où mollement le fleuve emporte
    la moindre poussière alluviale
    que la profondeur abyssale
    entraîne dans sa place forte

    Mais puisqu’on se l’était juré
    je te dis tout mon sentiment
    quand le marin de l’océan
    ravive le parfum salé

    Et ton sourire
    chasse entre nous l’idée du pire

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK