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  • verbes hauts (jkl)

    jouer :
     pour ne pas jouer avec le feu
     il faudrait être sot
     comme un seau vide d’ohs et d’ahs
     mais rempli d’eau

     pour ne pas bousculer le sort
     il faudrait être chat
     pas comme un fringant chamois d’or
     mais bête chat

     pour ne pas déranger pépère
     il faudrait être mûre
     pas de ces tristes murs de pierre
     mais mûres mûres

     et pour ne pas tenter le diable
     il faut… je ne sais quoi
     - une âme pure et vénérable ?
     ce n’est pas moi !

    ; réinvestir l’acquis concret dans un espace imaginaire où fonder à loisir le réel à nouveau.
    - Avec le violon, il faut choisir : ou bien tu joues juste, ou bien tu joues tzigane [Boby Lapointe].

    [k]... à suivre...

    lire :
     délire tes yeux
     c’est boire une noisette
     un chocolat crémeux
     et s’en faire une fête

     et prolonger la fête
     à lire au fond des tasses
     où de tendres promesses passent

     délire tes mains
     c’est voler aux oiseaux
     les plumes du matin
     et tous leurs trémolos

     et de ces trémolos
     vibrant au bout des doigts
     s’assurer qu’on n’aura pas froid

     délire le monde
     c’est repeindre la terre
     sa pierre plate et ronde
     est un galet dans l’air

     et ce galet dans l’air
     trace des ricochets
     sur l’onde où je t’ai retrouvée

    ; prendre du sens avec les yeux de l’âme.
    - On lit des phrases entières. Ma sœur les écrit au tableau. Le tisserand tisse la toile. Les tuiles du toit tiendront tout l’été. Elle suit chaque syllabe avec le bout de la règle en bois. Ma sœur dit répétez avec moi,… [Monique Wittig].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     spichka.gif

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • verbes hauts (mno)

    mourir :
     Combien de fois, allez, t’aurais-je entendu dire
     mon cœur, je veux mourir
     et sitôt rebondir de puérile vigueur
     
     Tu me fatigues, allez, de là je crains le pire
     ma peine : de finir
     dans un affreux soupir sans savoir à quelle heure

     La triste vanité de cet obscur empire
     qu’un rémanent désir
     porte jusqu’au loisir de jouir du bonheur

     Quand je peux m’enivrer du plus simple plaisir
     d’un jour s’entendre dire
     qu’il est bon de chérir ton âme et ton odeur
    ; finir ses devoirs quotidiens en renonçant à en connaître la note.
    - Mourir, baignant ses mains aux fraîcheurs du feuillage,  / Joignant ses yeux aux yeux fleurissants des bois verts, / Se mêlant à l'antique et naissant univers, / Ayant en même temps sa jeunesse et son âge  [Anna de Noailles].

    naître* :
     J'avais un père mettable
     qui me fit naître impaire
     en s'étant mis minable
     un jour avec ma mère

     Je suis un père rieux
     flanqué de deux nuages
     l'une marron et bleu
     l'autre pas davantage

     Faut-il qu'un père l'ait manqué
     même d'un saut de puce
     le courage a jeté
     la sienne dans ce bus
     qui s'éternise au loin ?

     L'un perd, l'autre gagne
     sa rive inexplorée
     Un père-île s'éloigne
     ça arrive, tu sais

     Tant père le fil déroule
     qu'à la fin il se brise
     Des deux laquelle viendra
     lui loger une bise
     avant trop tard déjà ?

     Pas terne, austère
     ce que Pater n'ose taire...

     père mise
     erre
     habilite
     et
     meurt

     sentez!
     mes fleurs chanter
    ; échapper au néant, rejoindre sa nature, y tenter l’aventure, et retour à zéro.
    - Paris de ta triste asphalte / on me croît être le fils / Et naître crapauds et lys / Du silence de mes haltes [Jean Cocteau].

    oser :
     Ne couvre pas de rose
     ton sein qui là repose
     si j’osais

     J’en blanchirais l’osmose
     et ta gorge déclose
     brûlerait

     Quand le doigt qui l’arrose
     d’infertile lactose
     goutterait

     Mais ce désir implose
     ton somme lui impose
     le secret
    ; agir enfin en accord avec soi, de là, réaliser un vœu, joindre le geste à la parole…
    - A deux reprises, hier et avant-hier, il avait été lâche et il n'avait pas osé. Maintenant, en ce premier jour de mai, il oserait et elle l'aimerait [Albert Cohen].

     

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    teddy_bobineG.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • verbes hauts (pqr)

    plaire :
     Il me plaît qu’il ait plu avant la nuit venue
     étouffer dans la gorge mes songes
     le pavé roucoule un mensonge
     au brillant d’une lame nue
     
     Tu n’as pas reparu et ne paraîtras plus
     trottinant vivement dans le square
     à ton cou la tulipe noire
     vague de jais borde l’écru

     Ainsi ai-je connu que tu ne l’aimais plus
     notre fol écrin de turbulences
     où nous apprivoisions la danse
     enivrés de chair et de jus

     Il pleut encor, mon cœur, sais-tu ?
     et longue la nuit commence
    ; être agréable au point de séduire et réciproquement.
    - Si le mot plaire ne vient pas seulement du mot plaisir, mais du mot biche en émoi, du mot amande en fleur, Alcmène, tu me plais [Jean Giraudoux].

    quitter :
     Pour une gorgée d'hydromel
     pour un plongeon dans l'aube bleue
     pour un envol parmi les fous
     pour un vers dit dans le marin

     Pour une simple goutte même
     pour un seul rais entre les yeux
     pour un semblant de duvet doux
     un dernier cri de mon chant plein

     Boire à la source de ton sein
     jaillir depuis la rive atlante
     raser la paroi des falaises
     être un écho à ton appel

     Plutôt que de damner un saint
     plutôt que revisiter Dante
     plutôt qu'un saut dans la fournaise
     puisqu'il n'est de péché mortel :

     je me quitte

     Le goût du sang m'est odieux
     mais le vertige délicieux
     c'est les mains riches de parole
     que je veux vivre libre et fol

     et m'être quitte
    ; ne laisser pour solde de tout compte que la résolution à l’absence et celle de dettes.
    - Fais-moi quitter mon corps visible (…) / Ma vie est le rêve d'un rêve / Hanté de fantômes trop tendres[Léon-Paul Fargue].

    révoquer :
     Deux tableaux se font face
     l'un grisonnant, l'autre vivace ;
     ce qui se passe entre eux
      - je l'observe, ne saute pas aux yeux
     et comme ils parlent peu
     il me faut deviner leur dialogue discret
     
     Le naturel de l'un semble incommoder l'autre
     dont le sourcil arqué, torse, froissé, se vautre
     sous la paroi exsangue du front inquiet
     grogne, rogne à la base du nez la trogne
     d'un coup de griffe de jais

     appelons-le Visage
     (malgré son teint de pitre)
     
     Une France de rois pourrait mener sa courre
     par les allées du bois que celui-là présente
     à travers les frimas une frondaison lente
     révoque le regain de plus franches amours
     dans l'or timide et pâle d'une aube naissante

     nommons-le Paysage
     (d'ailleurs, c'est dans le titre)

     Comme tout les oppose
     je ne sais pas trancher où va ma préférence
     à cette austère pose ? à ces luminescences ?
     je n'ose... je balance...

     Tu m'es plaisant, Visage, avec ta mine sombre
     il y a du ridicule à ta colère noire,
     tandis que ta tristesse nourrit quelque espoir
     forêt de Paysage où s'effacent les ombres

     Je ne veux pas choisir, laisse ouverte la porte
     et mon âme bondir dans ces natures fortes.
    ; rappeler à son (bon ?) souvenir ; où renier n’est pas jouer.
    - Plus je me tais et plus je suis marrie, / Car ma mémoire, en pensant, me révoque / Tous mes ennuis, dont je me moque [Marguerite de Navarre].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    (ié soui fou dé) sula bassanus

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  • verbes hauts (stu)

    savoir :
     A quoi bon dire ce que l’on sait
     quand il nous faut toujours apprendre
     et qu’il reste tant à comprendre
     et qu’on n’atteint jamais le vrai.
     
     J’aime autant redire ce que je vois
     ce que je ressens à travers toi
     ou ce que je peux toucher du doigt…
     De toutes ne prends qu’une loi :

     «  Je sais bien que je ne sais pas »

     Mais : je rêve ; il me semble ;
     et : si nous marchions ensemble.
    ; c’est selon, croire ou connaître, grâce ou vanité de l’être.
    - Je ne sais en quels Temps c'était, je confonds toujours l'Enfance et l'Eden [Léopold-Sédar Senghor].

    tancer :
     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse, c’est la danse
     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse des fessues
     
     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     C’est la ronde, c’est la ronde
     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     C’est la ronde des nian-nians

     Tireli pon pon
     garde-la bien offerte
     Tireli pon pon
     garde-la bien ouverte

     Tireli pon pon han han
     donnez-moi du bois et du bien vert
     Tireli pon pon han han
     que je la tance vertement

     Tireli pon pon han han
     donnez-moi du bois et du bien vert
     Tireli pon pon han han
     que je la tance vertement

     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse, c’est la danse
     Pan ! Pan ! Cul ! Cul !
     C’est la danse des fessues

     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     C’est la ronde, c’est la ronde
     Cul ! Cul ! Pan ! Pan !
     la ronde des culs béants
    ; action violente, consistant à réprimander vertement qqn sous l’effet d’une colère noire ; mettre une danse à la teutonne.
    -…elle se met en colère, et dans ces cas-là ses origines africaines prennent le dessus, elle tance en arabe [Mehdi Charef].

    unir :
     Dans l’univers et son grand huit
     que mon regard époussète
     j’unirai mon abscisse
     à son grand dessein
     afin de battre
     l’air à froid
     - ’de dieu !
     hein ?
    ; rassembler de la façon la plus confondante.
    - Musique, c'est ton eau seule qui désaltère ; / Et l'âme va d'instinct se fondre en ton mystère, / Comme la lèvre vient à la lèvre s'unir [Albert Samain].

     * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    barbapapa06.gif

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  • verbes hauts (vw)

    voiler :
     Un sommeil amène
     la voile de nos yeux
     qu’un regard en peine
     empanne près du port

     Il n’est de sirène
     qui n’ait de triste sort
     ni de capitaine
     qui meure sous les cieux

     Une ombre formelle
     éponge l’océan
     penniforme ombrelle
     signe la fin des temps.
    ; tisser le masque désuet de la honte sur un secret objet de fierté ridicule, ce qui fait ostensiblement injure à la liberté de l’œil.
    - Et quand j’y lance l’appât d’une seule parole / Tes yeux se rident se brisent de petits sourires / Et se voilent soudain de mes désirs [Ivan Goll].

    [w]

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