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paVupApRi - Page 94

  • Le jugement du singe

    Singe en cage à l'œil vitreux
    quand tu passes, mon sang flaire
    celui sous ta pâle chair
    lande frêle, fin rivage
    que longent des voiles bleus
    porteurs de gourmands présages
    ta caresse… un mot ou deux…

    J'ai toujours vécu ici
    sous le nom que tu me donnes
    Parfois, tu me le fredonnes
    et j'y entends de l'amour
    ou ce que j'en ai compris
    quand l'ombre a mouché le jour
    et que je songe à ma vie

    Je révoque des forêts
    l'abri touffu des collines
    la sieste sur l'herbe fine
    la surprise d'une baie
    que la fresque sur les murs
    le béton sous le rocher
    de cette villégiature
    ne peuvent pas égaler

    La tribu que je côtoie
    dont je sais tous les visages
    me rappelle à mon grand âge
    et m'agrée force de loi
    d'autorité, sans abus
    mais je n'éprouve de joie
    qu'au moment de ta venue

    Alors, ta seule présence
    quoique discrète et fragile
    maniant tes ustensiles
    distribuant notre pitance
    manifeste d'un regard
    sans futile déférence
    l'évidence d'un égard

    Pour moi, en particulier
    ta voix prodigue - merveille !
    la chaleur d'un franc soleil
    quand il pleut sur le gravier
    de l'allée enfin paisible
    et contente mon entier
    par ton attention sensible

    Mais ce soir, quel est ce linge ?
    C'est un nouvel uniforme
    chargé de sévère norme
    qui m'agite les méninges
    Son cirque sent la menace...
    On n'apprend à un vieux singe
    pas à faire des grimaces !

    Pongo Bong!

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    Lien permanent Catégories : strabismes 0 commentaire
  • embrassade

    Un bras s'offre, une main s'y pose
    L'Ephémère à son musical
    enveloppe, sentimental
    un mouvement qui, soudain, s'ose

    Tes yeux s'invitent dans mon champ
    La beauté veut son résultat
    et le tempo qui n'attend pas
    nous suggère un nouvel allant

    Je vais prendre ce que tu donnes
    et t'offrirai ce qui me vient
    Nous voici rendus, l'un pour l'un
    à la vérité qui résonne

    Oh, la vigueur de cet oubli !
    Sa musique imprègne le sens
    que nous donnons à cette danse
    Notre densité s'accomplit

    Anticipe une exclamation
    épouse la charge des corps
    repousse l'idée de la mort
    dans le claquement des talons

    Pourtant, c'est une tragédie
    que la musique met en place
    orchestrant notre face à face
    où se lisent nos appétits

    Oh, fandango ! Brûlant mystère
    qui nous raccorde à ce moment
    que rien n'épargne du Vivant
    ni aucune pensée n'altère

    Et nous voici, à notre Dense
    à nous embrasser comme rimes
    chacun y allant de sa frime
    offrir à l'autre son essence

    éventail
    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#151

  • bench holy day

    Au clocher sonnait le rappel
    séculaire et dominical
    des bonnes âmes provinciales
    « C'est l'heure, allons ! Au rituel ! »
    Et ding... Et dong... Eh, Ritournelle !
    On a vu plus gai, pour un bal !
    Aux collets bruissent des crécelles
    (faisant foi de leur principal !)

    Le mois de mai s'est oublié
    chez quelque voisin débonnaire
    faiseur de bons mots, bonne chère
    et moins chrétien que sa moitié
    qui se presse au bras de sa mère
    comme elle tordue et voûtée
    Miséricorde en bandoulière
    et comptant jusqu'au Petit Lait

    Je voyais cela vaguement
    l'esprit troublé par les oiseaux
    qui braillaient parmi les rameaux
    leur tournant le dos, sur un banc
    à ce coin de rue peu passant
    quand les braves sont au repos
    à leur office les dévots
    et tapis tous les mauvais sangs

    Je regardais mes pieds sans faim
    (fis pourtant quelque découverte :
     ce qui circule sur l'inerte
     apparemment n'a pas de fins)
    quand les vieilles de ce matin
    devisant sur l'Homme en expertes
    commentant l'Ordre et le Commun
    s'assirent aux places offertes

    Près de moi ! Ces protubérances !
    Ça y allaient sur les Couillons !
    leurs simagrées, leurs dévotions
    leurs si malingres existences
    - et moi qui flattais le Bourdon...
    tenant chacune son pochon
    vilipendaient les négligences
    « ... au sein même de Sa Maison !... »

    Ne me suis jamais pensé vieux
    - et encore moins vieille pie !
    mais je m'avisais que mon dit
    autrement, mais n'eût pas fait mieux !
    Le ton était presque joyeux
    Le sarcasme avait de l'esprit
    ponctué de francs et coquins ris
    ou de longs soupirs sentencieux

    Le printemps pouvait bien attendre
    Hiver avait un goût sublime
    Je restai là, à les entendre
    (elles me suggéraient des cimes !)
    Si l'on me demande, à tout prendre
    j'aime autant être leur intime
    que de ceux qu'elles voulaient pendre
    ou mettre au cul la carte SIM !

    Elles m'auront laissé sans suite
    m'ayant ignoré tout du long
    (je n'étais qu'un Jeune Couillon
     à peine lavé de sa cuite !)
    et, chacune avec son pochon
    marqué au sceau du Huit-à-Huit
    s'en retourna vers sa maison
    sans raison de prendre la fuite

    poésie,hypocrisie,idées reçues,banc,photographie,gaëna da sylva

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
     

  • À fleur, le temps

    Le temps, c'est du vent, mais la pierre ?...

    J'étais là, pour ma promenade
    - un jeu pas loin de la parade;
    au front logé quelque mystère
    accaparé par l'atmosphère

    J'observais dans mon entourage
    les bâtiments plus ou moins vieux
    au mitoiement pas très heureux
    mais dont je tirais avantage

    Et puis, j'ai regardé mes pieds
    À l'endroit où je m'arrêtai
    je découvris cette insolence :
    la nature et sa résistance !

    D'entre les pavés jaillissait
    une banale touffe d'herbe
    (pas de quoi en faire une gerbe,
     mais assez pour m'interpeler)

    Pour ajouter à ma surprise
    le hasard jeta sur le sol
    quelques vestiges de corolle
    soufflés par l'automnale bise

    Je révisais mon jugement :
    le temps ne donne pas mesure
    par nos œuvres d'investiture
    mais son naturel évident

    Je finis donc ma promenade
    sans jamais plus lever le nez
    mais à surveiller qu'à mes pieds
    ne se trouvât quelque boutade

    Depuis, je ne vois dans la pierre
    qu'une cynique et vaine injure
    à ce que peut faire nature
    sans prétendre à quelque carrière

    Demeure le temps, son passage
    Y cherche quel est mon courage.

    pour un Défi Du Samedi

    À fleur, le temps

     

  • Le temps, c'est du passé !

    Du temps a passé là, dessous, coulant son fleuve
    livrant la berge à son épreuve
    prenant tous les ponts à témoin
    narguant les routes, les chemins
    rampant sur les grands boulevards
    et ne s'avisant pas de nous ni du hasard

    Puis son fleuve se fit marée - marée montante
    partie à l'assaut des charpentes
    elle a grimpé tous les étages
    navré les cages d'escalier
    noyé conciergeries, paliers
    vague sur vague déferlante, adieu ménages !

    Moi ? Je coupais du saucisson, pour le plaisir
    Tu n'avais pas voulu sortir
    vaquais quelque part alentour
    fredonnais ton refrain du jour
    L'heure n'avait pas d'importance
    viendrait bientôt, à la maison, une danse...

    Et puis je t'entendis crier "vade retro"
    la voix rougie au braséro
    que je pris comme une Première
    Tout bascula dans l'atmosphère
    quand je me levai - aller voir...
    ta prestance de torrero, dans le couloir

    Tu pointais du doigt la marée, qui prit la fuite !
    "N'entrent là que ceux que j'invite !"
    disais-tu, le regard furieux
    les pieds nus devant l'impétueux
    flot refluant sur la moquette
    Chronos avait capitulé ! A nous la fête !

    Le temps, vraiment, n'existe pas ! C'est un idée
    qui mérite d'être ignorée.


    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d'une photographie de la talentueuse Castor Dubord
    © Castor Dubord
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