Singe en cage à l'œil vitreux
quand tu passes, mon sang flaire
celui sous ta pâle chair
lande frêle, fin rivage
que longent des voiles bleus
porteurs de gourmands présages
ta caresse… un mot ou deux…
J'ai toujours vécu ici
sous le nom que tu me donnes
Parfois, tu me le fredonnes
et j'y entends de l'amour
ou ce que j'en ai compris
quand l'ombre a mouché le jour
et que je songe à ma vie
Je révoque des forêts
l'abri touffu des collines
la sieste sur l'herbe fine
la surprise d'une baie
que la fresque sur les murs
le béton sous le rocher
de cette villégiature
ne peuvent pas égaler
La tribu que je côtoie
dont je sais tous les visages
me rappelle à mon grand âge
et m'agrée force de loi
d'autorité, sans abus
mais je n'éprouve de joie
qu'au moment de ta venue
Alors, ta seule présence
quoique discrète et fragile
maniant tes ustensiles
distribuant notre pitance
manifeste d'un regard
sans futile déférence
l'évidence d'un égard
Pour moi, en particulier
ta voix prodigue - merveille !
la chaleur d'un franc soleil
quand il pleut sur le gravier
de l'allée enfin paisible
et contente mon entier
par ton attention sensible
Mais ce soir, quel est ce linge ?
C'est un nouvel uniforme
chargé de sévère norme
qui m'agite les méninges
Son cirque sent la menace...
On n'apprend à un vieux singe
pas à faire des grimaces !
tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK