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banc

  • Les Autres Sur Le Banc

    La journée bat son plein sur la place du bourg
    Qui court à son train-train, qui compte ses débours
    y promène son chien, son humeur intestine
    ou cherche le printemps dans la frêle glycine

    Le quotidien ballet des ruses ouvrières
    si prompt à ignorer son pas foulant la terre
    s'emploie à observer l'impérieuse et futile
    obligation de faire et de se croire utile

    Mais, voyez ! quelques-uns, quelques-unes - Les Autres !
    ont posé leurs destins, se sont faits les apôtres
    d'une toute autre fin, dans l'immobilité
    qu'ils ont choisi de prendre, au cœur de la journée

    Ils ne bougeront plus; c'est dit ! C'est leur courage !
    C'est leur seule vertu. C'est leur insigne hommage !
    Le temps ne compte plus qu'à l'aune de leur acte
    La société refonde ici quel est son pacte

    Un règne est mis au ban par la sobre attitude
    de quelques simples gens refusant l'habitude
    son cirque, son carcan, sa terrible injonction
    de courir sans savoir, ni amour, ni raison

    Quand ils ne seront plus les Autres Sur Le Banc
    mais ceux qui auront su changer le cours du temps
    se connaîtront cocus, les derniers profiteurs
    et Madame jouira dans son carré de fleurs

    Le vent, l'eau et le feu retrouveront leurs places
    et le sol généreux offrira sa surface
    à notre aventureux besoin de perdurer
    quand fourmi n'en sait rien, mais que nous aurons joué

    Notre rôle
    soucieux du lendemain au pied du triste saule

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#153

    poésie,anarchie,position réfractaire,banc,merci,cacoune

    ©crédit photo : Cacoune

    et musique suggérée par Miss Tiss ;)

  • bench holy day

    Au clocher sonnait le rappel
    séculaire et dominical
    des bonnes âmes provinciales
    « C'est l'heure, allons ! Au rituel ! »
    Et ding... Et dong... Eh, Ritournelle !
    On a vu plus gai, pour un bal !
    Aux collets bruissent des crécelles
    (faisant foi de leur principal !)

    Le mois de mai s'est oublié
    chez quelque voisin débonnaire
    faiseur de bons mots, bonne chère
    et moins chrétien que sa moitié
    qui se presse au bras de sa mère
    comme elle tordue et voûtée
    Miséricorde en bandoulière
    et comptant jusqu'au Petit Lait

    Je voyais cela vaguement
    l'esprit troublé par les oiseaux
    qui braillaient parmi les rameaux
    leur tournant le dos, sur un banc
    à ce coin de rue peu passant
    quand les braves sont au repos
    à leur office les dévots
    et tapis tous les mauvais sangs

    Je regardais mes pieds sans faim
    (fis pourtant quelque découverte :
     ce qui circule sur l'inerte
     apparemment n'a pas de fins)
    quand les vieilles de ce matin
    devisant sur l'Homme en expertes
    commentant l'Ordre et le Commun
    s'assirent aux places offertes

    Près de moi ! Ces protubérances !
    Ça y allaient sur les Couillons !
    leurs simagrées, leurs dévotions
    leurs si malingres existences
    - et moi qui flattais le Bourdon...
    tenant chacune son pochon
    vilipendaient les négligences
    « ... au sein même de Sa Maison !... »

    Ne me suis jamais pensé vieux
    - et encore moins vieille pie !
    mais je m'avisais que mon dit
    autrement, mais n'eût pas fait mieux !
    Le ton était presque joyeux
    Le sarcasme avait de l'esprit
    ponctué de francs et coquins ris
    ou de longs soupirs sentencieux

    Le printemps pouvait bien attendre
    Hiver avait un goût sublime
    Je restai là, à les entendre
    (elles me suggéraient des cimes !)
    Si l'on me demande, à tout prendre
    j'aime autant être leur intime
    que de ceux qu'elles voulaient pendre
    ou mettre au cul la carte SIM !

    Elles m'auront laissé sans suite
    m'ayant ignoré tout du long
    (je n'étais qu'un Jeune Couillon
     à peine lavé de sa cuite !)
    et, chacune avec son pochon
    marqué au sceau du Huit-à-Huit
    s'en retourna vers sa maison
    sans raison de prendre la fuite

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    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva