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paVupApRi - Page 22

  • Ma, no !

    à Marie-Noëlle Roederer

    Son nom ? C'est un regard, large comme un sourire
    des parfums cuisinés depuis quelque grimoire
    - oublié ? négligé ? Non pas ! dans cette histoire
    qui lui filait le train et prévenait du pire

    D'elle, je l'ai compris : on est jeune à tout âge !
    Il suffit de chanter, d'embrasser une fleur
    de garder, bien au frais, quelque poème au cœur
    et puis de s'indigner contre les avantages !

    Chacun de ses enfants m'ont donné à connaître
    la beauté de l'instant, la musique du jour
    et la curiosité qu'il faut garder - toujours !
    soucieux, mais bon vivant, cherchant ce que c'est d'être

    Adieu, vains cardinaux ! Cette femme fut digne !
    Qu'avions-nous z'en commun ? Laforgue, par exemple
    "Tant les bois sont rouillés..."; je vais m'en faire un sample !
    Je signe ce regain : MaNo, en quatre signes...

    Et, tristement gouailleux
    je ramasse en vos yeux
    cette invite anarchiste
    où Marie-No subsiste
    et dit : « soyez heureux… »

    MaNo,Marie-Noëlle Roederer

    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Épreuves paralimbiques

    Sur la pierre de Caen, l'or était à pleurer
    quand le ciel, déclinant mon invite, fuyait
    un hiver opiniâtre étalant son glacis
    mêlé de blancs-mangers émiettés en grésil
    pour finir en gelée plus froide qu'un lent deuil
    qui me crispait les doigts et m'aveuglait un œil

    Le printemps se tenait, pourtant, en embuscade
    disant son chapelet de buisson en calade
    bourgeonnant çà et là, j'en sentais les prémisses
    timides, parfumer ses algides esquisses
    mais le froid persistant... et quelques cigarettes
    m'engourdissaient le nez, pis qu'un jus de chaussette !

    Des vents se renvoyaient les orgues sépulcrales
    - aux échos saisissants ! du long sommeil hiémal
    où je ne percevais plus que la plainte sourde
    et résignée du temps affectant mes esgourdes
    (ce fracas silencieux, c'est à n'y rien entendre
    et laisser sa chanson mouronner sous la cendre)

    Voulant pousser la mienne et sa clameur farouche
    je remâchai ma peine et ouvris grand la bouche
    Un relent de brandade envahit mon palais
    et, dans le même instant, je fermais mon clapet
    Moi qui n'ai jamais craint d'exhaler mes courroux
    je m'étonnai soudain de n'y prendre plus goût !

    Puis, j'ai tendu la main vers la seule misère
    qui parle comme moi, mais siège cul à terre
    pour lui raccorder ma pièce d'humanité
    à son tas de chiffons et de journaux papier
    quand - surprise ! un juron jaillit de l'agrégat
    Ben... sans aller au front, ça m'a coûté un bras !

     

    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#313

  • sûre prise

    L'œil vif et le regard curieux
    gravement malicieux
    elle remet en jeu son titre de Markise
    à lever la surprise
    dans le champ de l'instant
    où flotte un mouvement qui rameute le sens
    interroge l'essence
    vient à brouiller la mise
    et s'efface en riant dès la prochaine prise

    Où que logent ses ombres
    des propos satisfaits, elle n'est pas du nombre
    et, dans sa profonde heure
    cultive une abyssale noblesse de cœur

    Un allant coloré dore ses intentions
    de feuilles enfantines
    cultivées à Berlin
    pour fleurir à son front
    comme autant de boutons à son coffret d'épines

    Impossible mission remise au goût du jour
    avec obstination, sur un meuble métier
    elle veut embrasser des fantômes, des fours
    des ballons dans la cour, le pied à l'Être y est !

    Ses robes tuent le temps
    d'un éternel élan vers un soudain espace
    sa chair est, sans menace
    un aveu délirant

    Elle remet en jeu son titre de Markise
    (vous dis-je, à chaque prise !)
    l'âme dans l'objectif
    et le geste amoureux, sincère, suggestif

    Photographie, insta, poésie, tiniak, Louise Markise
    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Dédié à Louise Markise (photographie en illustration)

  • A E E O R J G L N L

    Sur un crottoir de Carpentras
    où je progresse à petits pas
    je vois bien que mon ombre jongle
    - merde ! me suis pété un ongle...
    Boh... Ma bouche le rognera

    (pour elle, c'est un lent régal !)

    Dans cette rue de Caen meurtrie
    avant que ferme Monoprix
    un dur vent sibérien m'étrangle
    je m'en protège un peu, à l'angle
    du 6 juin et Langannerie

    (où la vue est phénoménale !)

    Hier encor, en bon paria
    cheminant vers quelque Au-Delà
    je grignotais un pain de seigle
    en regardant planer un aigle
    j'ai jugé trop maigre mon bras

    (pour prétendre égaler sa voile)

    Ce matin accueille en goujat
    - et à grand renfort de frimas !
    mes yeux derrière leurs bésicles
    car l'hiver prolonge son cycle
    tandis que j'allonge mon pas

    (le nez toujours dans les étoiles)

    Rentré chez moi, fermée la porte
    je lorgne la nature morte
    que m'a refilé un vieux pingre
    (la chine, c'est son violon d'Ingres)
    C'est au printemps qu'elle m'exhorte

    (moins que Kiki tombant le voile)

     

    tiniak au tableau,polétique appliquée,voyelles,consonnes,pas mieux,violon d'ingres,kiki de montparnasse

    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#312

    Photographie : Man Ray, "Le violon d'Ingres" (1924).

  • poires et raisins

    Sur un crottoir de Carpentras
    où je progresse à petits pas
    je vois bien que mon ombre jongle
    - merde ! me suis pété un ongle...
    Boh... Ma bouche le rognera
     
    (pour elle, c'est un lent régal !)
     
    Dans cette rue de Caen meurtrie
    avant que ferme Monoprix
    un dur vent sibérien m'étrangle
    je m'en protège un peu, à l'angle
    de 6 juin et Langannerie
     
    (où la vue est phénoménale !)
     
    Hier encor, en bon paria
    cheminant vers quelque Au-Delà
    je grignotais un pain de seigle
    en regardant planer un aigle
    j'ai jugé trop maigre mon bras
     
    (pour prétendre égaler sa voile)
     
    Ce matin accueille en goujat
    - et à grand renfort de frimas !
    mes yeux derrière leurs bésicles
    car l'hiver prolonge son cycle
    tandis que j'allonge mon pas
     
    (le nez toujours dans les étoiles)
     
    Rentré chez moi, fermée la porte
    je lorgne la nature morte
    que m'a refilé un vieux pingre
    (la chine, c'est son violon d'Ingres)
    C'est au printemps qu'elle m'exhorte
     
    (moins que Kiki tombant le voile)
     
     
    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#311