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pierre de caen

  • Lente heure

    La rue, où je promène un vieux songe canin
    elle me connaît bien; tant ! que sa pluie orange
    guide, vers sa raison, un pleur qui me démange

    Est-ce Mars ou Vénus, là, auprès de la Lune
    à bout de doigt pointé par le dais de Vaucelles ?
    Allez, Dame Fortune, octroie-moi l'étincelle !

    Nan ? Pas grave, après tout... la nuit n'est pas si noire
    et m'offre ses trottoirs en mode automatique
    sous la normande craie, ses crachins ataviques...

    Tiens ! Quelqu'un, à l'encontre, descend vers la ville...
    à cette heure futile, humide et incongrue ?
    C'est encore un Perdu dans la Contrée des Montres...

    Est-ce de l'Erythrée en quête d'Ouistreham ?
    A coup sûr, c'est une âme avec les yeux pourris
    par les mirages crus de nos flammes nanties

    tiniak,Dukou Zumin &ditions TwalesK,poésie,rube branville,Caen

    Honte, que fais-tu là dans mon for intérieur ?
    Est-ce de grave humeur, au moment de gagner
    mon prochain nid douillet, ou bourgeoise facture ?

    Eh ! je nomme, à présent, le pleur qui me dérange
    (et depuis Saint Martin ! quand je vais rue Branville)
    en ma ville de Caen, sous l’œil de Cuverville

    Utopie, au tapis ? Rue du libéralisme
    vois le capitaliste accumuler ses lots
    renvoyant, dos à dos, toutes les asphyxies

    Remettons au métier la toile libertaire
    que lin se plaise à raire au sein de la forêt
    fraternelle, primaire, affranchie de corset !

    Et, trop fidèle chien, va-donc créi au tonniau
    un baron de pommeau; j'étions z'au au 36bis
    avec un truc à dire à propos d'Anubis

     

    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#330

  • Épreuves paralimbiques

    Sur la pierre de Caen, l'or était à pleurer
    quand le ciel, déclinant mon invite, fuyait
    un hiver opiniâtre étalant son glacis
    mêlé de blancs-mangers émiettés en grésil
    pour finir en gelée plus froide qu'un lent deuil
    qui me crispait les doigts et m'aveuglait un œil

    Le printemps se tenait, pourtant, en embuscade
    disant son chapelet de buisson en calade
    bourgeonnant çà et là, j'en sentais les prémisses
    timides, parfumer ses algides esquisses
    mais le froid persistant... et quelques cigarettes
    m'engourdissaient le nez, pis qu'un jus de chaussette !

    Des vents se renvoyaient les orgues sépulcrales
    - aux échos saisissants ! du long sommeil hiémal
    où je ne percevais plus que la plainte sourde
    et résignée du temps affectant mes esgourdes
    (ce fracas silencieux, c'est à n'y rien entendre
    et laisser sa chanson mouronner sous la cendre)

    Voulant pousser la mienne et sa clameur farouche
    je remâchai ma peine et ouvris grand la bouche
    Un relent de brandade envahit mon palais
    et, dans le même instant, je fermais mon clapet
    Moi qui n'ai jamais craint d'exhaler mes courroux
    je m'étonnai soudain de n'y prendre plus goût !

    Puis, j'ai tendu la main vers la seule misère
    qui parle comme moi, mais siège cul à terre
    pour lui raccorder ma pièce d'humanité
    à son tas de chiffons et de journaux papier
    quand - surprise ! un juron jaillit de l'agrégat
    Ben... sans aller au front, ça m'a coûté un bras !

     

    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#313