Sur la pierre de Caen, l'or était à pleurer
quand le ciel, déclinant mon invite, fuyait
un hiver opiniâtre étalant son glacis
mêlé de blancs-mangers émiettés en grésil
pour finir en gelée plus froide qu'un lent deuil
qui me crispait les doigts et m'aveuglait un œil
Le printemps se tenait, pourtant, en embuscade
disant son chapelet de buisson en calade
bourgeonnant çà et là, j'en sentais les prémisses
timides, parfumer ses algides esquisses
mais le froid persistant... et quelques cigarettes
m'engourdissaient le nez, pis qu'un jus de chaussette !
Des vents se renvoyaient les orgues sépulcrales
- aux échos saisissants ! du long sommeil hiémal
où je ne percevais plus que la plainte sourde
et résignée du temps affectant mes esgourdes
(ce fracas silencieux, c'est à n'y rien entendre
et laisser sa chanson mouronner sous la cendre)
Voulant pousser la mienne et sa clameur farouche
je remâchai ma peine et ouvris grand la bouche
Un relent de brandade envahit mon palais
et, dans le même instant, je fermais mon clapet
Moi qui n'ai jamais craint d'exhaler mes courroux
je m'étonnai soudain de n'y prendre plus goût !
Puis, j'ai tendu la main vers la seule misère
qui parle comme moi, mais siège cul à terre
pour lui raccorder ma pièce d'humanité
à son tas de chiffons et de journaux papier
quand - surprise ! un juron jaillit de l'agrégat
Ben... sans aller au front, ça m'a coûté un bras !
tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#313