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paVupApRi - Page 181

  • Cassandre à l'antienne

    Quand j'aurai assez bu - mon vers ! de tous vos pleurs
    me servirez vos cœurs et votre âme à l'envers
    et serai toute ardeur à clamer vos mystères
    à votre sourde oreille où je sonnerai l'heure

    Cassandre a l'alarme fatale

    Vous me jugerez sot, inconvenant, sévère
    saligaud bien ingrat, fou peut-être - ça va...
    mais je ne dirai rien que ne sache déjà
    votre bouche embourbée de pelletées de taire

    (Cassandre avait des couilles ?)

    Ne parlons plus de vous ; disons l'Autre (absolu)
    et vous applaudissez à la fin du spectacle
    partageant le regret des antiques oracles
    avec votre voisin qui n'a rien retenu

    que ceci (ce passage un peu cru, j'en conviens
    cavalier pour le moins puisque ça parlait cul
    et disait, ce me semble, à peu près ce qui suit) :

    Cassandre a dit Ceci

    ...Ah bonjour, entrez donc !
    faites, je vous en prie
    ...le ventre sur la table, Ninon
    ...est-ce là que tu trembles ?
    et oh et ah et han !
    et voyons maintenant ce que dit ce cartable
    ...ça fait bien des devoirs
    s'en remettre à deux mains serait pas raisonnable
    ...bonsoir...

    Mais c'est la vie encore et de ce qui vous fâche
    c'est de mâcher la mort dans un brin de genêt
    puis d'en dévorer l'or sans plus le contempler
    que vos cieux dont j'adore agacer les dieux lâches

    (Cassandre est anarchiste ?)

    Aussi quand je m'invite avec mon gris sourire
    à vos farces de fête aux simiesques grimaces
    et décolle des miettes prises dans la glace
    le reflet sirupeux de vos masques empires

    voici que le brouillard ceignant vos majestés
    en déserte le socle et révèle les douves
    et ce qui pourrit là des secrets que l'on couve
    exhale ses humeurs jusque sous votre nez

    Cassandre a du flaire

    Et, oui ! ça sent la merde et la mort des soleils
    tout le triste abandon des appels en souffrances
    toute la contrition d'intimes appétences
    et le saint sacrifice des simples merveilles

    voici que vos créneaux chopent la chair de poule
    et soudain mous du cou les donjons qui s'affaissent
    que la herse édentée ne tient plus ses promesses
    et tous les chevaliers qui rejoignent la foule

    Cassandre a ses humeurs

    tandis qu'au rempart sud montent des oubliettes
    la très insupportable au regard indigence
    et ses multiples voies entrant en résonance
    pour former le fracas du seul Cri qui s'entête

    à battre le rappel de tous les pieux serments
    à couper le sifflet de tous les trains ignobles
    à rendre la douleur des forêts, des vignobles
    au passage enroué de tous les quatre vents

    Cassandre a fini sa colère

    Alors je ne tiens plus debout dans votre grâce
    et l'aura de mon verbe est un casque de feu
    qui vous donne la fièvre et vous ronge les yeux ;
    vous dites : "À genoux ! À la niche ! À ta place !"

    Cassandre a bien du chien

    C'est bon ! C'est bon ! les chiens me sont plus fraternels...
    mais je n'ai pas fini, car vous pleurez encore !
    Pleurez-vous des amis les entrains, les transports ?
    Pleurez-vous de vos nuits les vides essentiels ?

    J'en ai cueilli des pleurs au chevet des regards
    qui vous sortaient de sous l'arche du frontispice
    qui vous faisaient la peau des joues comme un calice
    et mêlaient à leur sel votre unique nectar

    Cassandre a le dégoût simple

    ...Et non, vous ne pleurez que votre solitude
    - on en fait des brassées qui couronnent les tombes,
    mais n'apaisent jamais la gorge des colombes,
    de ces pleurs ignorant toute sollicitude

    Si j'en buvais le quart, en pisserais des fûts !
    Adressez-vous ailleurs (d'ailleurs vous savez où)
    Ce n'est pas mon affaire...
    Oui, j'ai quelque exigence, alors, en la matière

    Cassandre a des exigences en la matière

    Peu m'importent du fond le goût ni la couleur
    l'enveloppe... le rang... Je bois des pleurs limpides
    la goutte qui vous tient en suspens dans le vide
    aussi brutal et nu que l'est votre malheur

    Et c'est quand vous chutez que je tire la langue
    à qui je dois le don de muer votre peine
    en poème, en chanson, en longue cantilène
    et même, à l'occasion, en pamphlets ou harangues

    Cassandre a du savoir-vivre

    car je ferai grand cas - sans draper à outrance
    de votre dénuement l'aube apocalyptique,
    de votre dénuement toute la sémantique
    en repeignant vos ciels d'une neuve espérance

    avec les mots de paix, compassion, connaissance
    qui sont l'oraison pure et vive de mourir
    calice.jpgpour accorder à l'autre le soin de les dire
    et bâtir à nouveau l'amour de l'existence

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Abeille & Fleur

    Encore un train, connu, certain... et puis, du coin de l'oeil une accroche : deux passagères, visiblement très proches ; et puis les noms d'Abeille & Fleur qui me reviennent en résonance... alors, correspondances... allers /retours...



    ABEILLE & FLEUR

    Bientôt, bientôt petite fleur
    peine d'être en peine de coeur
    je changerai ta mine affreuse
    pour une adorable berceuse
    que tu viendras me réclamer
    à l'heure de la nuit tombée
    avec tes yeux remplis déjà
    de somnolence dans mes bras

    Mais oui, mais oui, mon miel orange
    c'en est fini du rêve étrange
    et ma présence à ton réveil
    abeille.gifcaresse tes ailes d'abeille
    n'attendant plus que tu bourdonnes
    pour que le monde entier résonne
    entre tes mains remplies déjà
    de notre ardeur et son éclat

    Au chant qui passe
    malgré la peur
    et la menace

    calme et douceur
    et de tout heur
    en face à face

    Abeille et Fleur
    s'aiment, s'embrassent
    s'aiment, s'embrassent
    Abeille et Fleur

     

    fleur1.gif

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    à mettre en regard avec le blog d'Abeille & Fleur

  • variation corrigée

    En voilà bien de l'éloquence :
    « mon cœur » ! « mon âme » !
    et puis des stances millimétrées...
    quand on n'a jamais que deux pieds
    s'agissant d'aller fair' bombance
    ou d'embrasser le sol gelé
    des repentances navrées

    Ouais, bon... c'est le conflit classique
    du sobre et du kilométrique
    (- ...du benoît et de l'érudit ?
     - Non ! du blabla et du blabli)

    Du moment qu'on s'en paie un' tranche
    qu'importe comme l'on s'épanche ?

    Non ! c'est écrit pour être lu
    et par là encore être dit
    Alors... alors... ?
    à qui confier nos trésors ?
    à icelle ou bien icelui ?

    J'ai dit "chandelle", il a compris ;
    elle y voit des bouts de ficelles en treillis

    ...il a compris quoi ? Va savoir !
    Elle me boude dans le noir...

    Qui a dit : « l'art, c'est franc de port
    mais ça reste lourd à porter »
    ... ?

    C'est moi ? ...je n'avais pas cuvé
    ou bien j'étais encore épris
    de quelque inaccessible objet, ma vie

    dis, au vrai, c'est de la plume, hein ?
     ce délice antédiluvien
     ce pied-de-nez aux abattoirs
     ce nœud coulant à mon mouchoir
    pour ne plus jamais oublier
    comme on oublie de s'ennuyer avec

    et des amis tous les visages
    réchappent des anciens naufrages
    quand le chœur des pleurs s'en récrie
    de patatras en patatis
    mais c'est la pluie qu'est à la fête
    et pistache des vaguelettes
    sur le vert calice apaisé
    du lac salé
    (et peut-être un peu poivre et sel
     sous les aisselles, allez)

    ...avec qui déjà ? ...mais oui, toi
     Toi, mon empire d'Atatürk
     Toi, sourire doux (je bifurque)
     Toi, la prochaine
     avant la fin de la semaine

    Va pour « mon cœur »
    Va pour « mon âme »
    et ce bouquet de fleurs en flamme
    c'est-y bien pour vous ma bonn' dame ?

    Va pour « mon âme »
    Va pour « mon cœur »
    Ah, la bonne heure !

    (mais, s'il-vous-plaît...
     laissons coroller dans les squares
     nos rangs de tulipes sans fard)

     

     

    03Tulips.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • au champ d'oubli

    De trop malingres allumettes
    dans ce champ perdu hérissonnent
    coquelicots rouge sucette
    leurs faces plates et pouponnes

    dessous, des ombres caravanent
    au défilé multicolore
    des astres et des météores
    fusant d'antiques sarbacanes

    et le vent qui se veut discret
    ricochète au flanc des collines
    où n'osent même frissonner
    l'herbe ni le buisson d'épines

    Une étrange désolation
    embrase de ce paysage
    le lit de rocailles sans âge
    et le dernier fruit de saison

    le temps y fait quelques passages
    en terrain de jeu favori
    il y est à son avantage
    à toiser la morgue et l'ennui

    car ici pas âme qui vive
    qui n'ait été rêvée d'abord
    pour venir affranchie de corps
    faire l'expérience intensive

    de l'oubli

    Une maison s'élève là
    juste comme une autre s'enfonce
    aspirant après elle ronces
    carlines, chardons et gravats

    dans l'enceinte d'un jardinet
    un vieux cognassier seul en terre
    porte à bout de bras solidaires
    une impression d'orangeraie

    ajoutant aux couleurs criardes
    un velouté plus liquoreux
    dans cette lande qui blafarde
    sous le furieux combat des cieux

    Aucune main pour s'inquiéter
    des grains de pollen qui s'entêtent
    à chercher où croître essaimés
    dans la poussière qui volète

    et sans oreille à émouvoir
    un chant hurle sa fulgurance
    où gargouille - bien triste gloire,
    l'écho de stériles jouissances

    Âme, mon âme, reprends-moi
    abandonne ce vain séjour
    je n'ai pas dit tout mon amour
    et ne veux demeurer sans voix

    dans l'oubli
    cet oubli
    de ma vie

     

    coquelicots1.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • poésine

    Cet arbre qui chante
    et verse à l'hiver son écot
    se laissant plumer jusqu'à terre
    sans pour autant courber le dos

    Cette main qui tremble
    au moment de toucher au but
    tient dans le temps qui lui ressemble
    un bonheur entier suspendu

    Ces yeux qui se ferment
    préservent d'un dernier rempart
    toutes les délices en germe
    au jardin nu de nos regards

    C'est toi ! c'est bien toi, poésine
    sève de rêve, ma résine
    qui me déloges des torpeurs
    où fane tout... les noms, les fleurs...

    arbre_hiver.jpgC'est toi le sang frais de mes chants
    toi, la source des renaissances
    toi, lumière et ombre qui dansent
    toi, mon précieux médicalmant

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN
    &ditions TwalesK