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paVupApRi - Page 101

  • Mauvaisetés

    manifeste humanoide

    Elle va, les doigts dans le nez
    regarde en coin ceux qui la croisent
    de sous son casque de Gauloise
    sifflote des insanités
    toise tout de son teint de glaise
    Elle n'est jamais seule au monde
    au moment de faire sa ronde
    sa vie durant, qu'elle a mauvaise

    Il est ramassé sur son dû
    le cœur tendu comme une épingle
    compte les cintres sur sa tringle
    et n'y souffre pas d'attendus
    ne jetterait pas aux pigeons
    le pain perdu des jours malingres
    pas plus qu'il n'est de violon d'Ingres
    à son manque de compassion

    Elle claque des dents sévères
    Sur sa langue ne fondent pas
    les glaçons qu'elle loge là
    pour sa parole au frigide air
    En sa propre chair, apatride
    elle ère parmi les fantômes
    psalmodiant ses peines de môme
    en proie aux songes matricides

    Il boit sa colère au goulot
    s'habille de tons virulents
    singeant la prestance des Grands
    arbore un sourire falot
    Pris d'une poussée magmatique
    les degrés de sa tessiture
    le portent au seuil où sature
    sa tonitruance atavique

    Ils font la paire à les entendre
    railler en chœur tous les convives
    babine au bord de l'invective
    rivalisant de Pis Que Pendre
    à peine ont-ils quitté la table
    ils sortent déjà le grand jeu
    selon quoi l'On n'est servi mieux
    que par son bel indécrottable

    Ils sont venus ! Ils sont tous là !
    pour encore un bon millénaire
    de méchancetés séculaires
    de rumeurs crues en rires gras
    l'œil éteint, l'esprit corrompu
    le dédain, l'insigne vertu
    la frustre et la froide passion
    qui voudraient que ça tourne rond
    le cours
    du monde selon eux, sans joie et sans amour

    Ah, les méchants ! pas beaux ! vilains !
    Qu'il en faille pour l'équilibre
    soit ! mais tant que je reste libre
    heureux de te tendre la main
    amoureux des jeux de poussière
    à tes yeux plus vaillant qu'hier
    le souffle court entre tes seins
    et me payant d'un dernier vers
    tiens !

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (Who's bad?

  • La couche

    Gaëna da Sylva

    Elle est restée ainsi le coude sous la tête
    seule en chien de fusil dans sa courte nuisette
    le sol doux comme un linge
    absorbant des méninges
    le chant trop vaste
    où les échos nient des contrastes le contour
    puisque, c'est dit, c'en est bien fini des amours

    une grisaille févrière pour écrin
    de pâles bleus passés pour lui prendre la main
    le silence
    dont le vent même n'ose froisser l'évidence

    un lent trouble foncier ravale ce décor...
    Il floute son regard au fond du corridor
    l'y amasse
    à l'abri des cheveux en pluie noyant sa face

    L'avortement d'un cri roulé dans un sanglot
    lentement dégluti puis tenu sous la peau
    maintenant s'évapore
    sans rage, sans effort
    et sans un bruit
    libère la chair envahie de sa douleur
    puisque s'est tue la mélodie connue par cœur

    C'est donc ici qu'elle réside
    le temps de faire place au vide
    sans que rien d'autre ne la touche
    que le vaporeux oubli où la tient sa couche

      

    gaëna da sylva, tu es au centre

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d'artistes flous extraits de © LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna da Sylva

  • Bluette

    à Manuelle

    J'avais ses ans qui font de l'être
    les sentiments vertigineux
    J'étais amoureux de ses yeux
    lumineux plus que des fenêtres

    J'appris que l'amour à nos âges
    est une fébrile douleur
    dont les grands moquent les ardeurs
    nous laissant nus, à nos orages

    Lui ai prodigué la caresse
    et le baiser du débutant
    voué le nubile serment
    du chevalier à la princesse

    L'ai rêvée mienne pour la vie
    fraîche sous les pins parasols
    près de la maison de Bandol
    estivale et douce folie

    L'ai perdue auprès d'autres femmes
    effaçant un à un les mots
    de notre impossible tableau
    sans regret ni sans vague à l'âme

    Et cependant, tout m'assassine
    sourires béats, lumignons
    convives, chapeaux et girons
    au mariage de ma cousine

     

    Wap Doo Wap

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#144

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  • Bouddha cuité sous le manteau

    Ôm

    Mon nombre, mon ombre…
    se chiffre en insignes décombres
    amassés par quelques sous-fifres
    que poussent des porions chétifs
    au débouché de l'Expérience
    en pas de deux pensées pansées pour une danse
    fût-il
    que ne s'y soldatesque aucun geste gracile
    mais que s'y devant lues s'y ferrent
    les partialités éphémères
    (moins pugnaces que sentencieuses
     à défaut d'être bienheureuses)
    à la bague au doigt du Néant
    assis sur son féroce ouvrage de Titan

    Ô mœurs, que meure
    la vacuité de mes ardeurs
    autant pour la règle du sang
    (du sang toujours en mouvement)
    que pour l'art
    de se coltiner au hasard
    le sens
    qui n'embrasse pas l'évidence
    mais joue tranquille sa folie
    s'applaudit en fin de partie
    pour la gloire
    de s'être ingénié à formuler son histoire
    (et l’omet là, errant, errant
     à son écritoire océan)

    Hypocrisie, ma haine entière
    te regarde droit dans ses bottes
    pisser seule dans ta culotte
    les indigences délétères
    sur quoi se fondent les émois de mes bons pairs
    qui vagabondent leurs abois dans l'atmosphère

    Vois, je dresse mon nom de roi
    pour te renvoyer à ton vide
    (je suis la loi des apatrides)
    et non, merci, je n'ai pas froid
    (aux yeux, ni au chien, ni ailleurs)
    et fais mes rides, à demeure

    Ô Sentence ! Oh là, triste face !
    Je laisse aux vôtres, guerre lasse
    et peine à jouir, peur ou fatigue
    œillades pour un cent de figue
    grimaces perdues pour le rire
    et l'absence de projet pour ne pas finir
    tête à cul
    dans la vérité seule abrupte et impromptue

    Ô temple au ras des pataquès
    que ne mouilles-tu ta chemise
    au-delà du Qu'On Se Le Dise
    et que n'entends-tu à confesse
    la déité des poLétiques :
    ce monde est mort au symbolique
    et s'acharne sur son bidet
    à réfuter des ricochets
    le bel orgueil
    de jamais laisser à la marge aucun écueil
    (à tout prendre même les bords
     fleurent l'encens et l'hellébore)

    Et l’homme est là, et ran ! et ran !
    Il agite le sentiment
    comme on tambourine un mouchoir
    incapable de dire adieu à son histoire

    Ô grâce
    ne me fais pas dévier d'un iota de ma place
    la mienne propre à l'âge pur
    qui s'en remet à l'aventure
    d'aimer et vivre
    et te regarde l'entier redorer mes cuivres !
    (déjà dix manches
     et bientôt tous ces culs de poêle à fond étanche)

    Bouts d'acuité sous le manteau
    acheminés de bas en haut
    fébrile encens, tes fumerolles
    n'occultent pas la bonhommie de mon idole

    Ah, s’il a le sourire gris !
    Ah, l’est-y pas tout assagi !
    À son front tous les météores
    semblent surgis amers d’Alors
    et vont luisant
    arches de roman terrifiant
    singer au ciel des nuits falotes
    l’atemporel éclat du rire de Melmoth

    poésie,polétique,manifeste,melmoth ou l'homme errant,little buddhatiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Je vous recommande vivement la lecture de Melmoth ou l'Homme errant de Charles Maturin (1820), un des premiers grands romans terrifiants; le Faust irlandais, en nettement plus sombre, un régal de frisson !

    en médaillon, une compo d'après Fergal Fitzpatrick.

    Melmoth ou l'homme errant 

     

    Et ci-dessous, pour le plaisir des yeux :

    Caspar David Friedrich

    Paroies de craie sur Rügen

    (click to enlarge pix)

     

  • Le style au fou

    Grand fou, va !

    Dans un cancan fou
    deux bouquets de roses
    Ça fait quelque chose
    arrivé au bout
    de la scène
    achevant le vaste opéra de la semaine

    Au décor fuient des pointillés
    perspectives millimétrées
    sur l'ample feuillet dramatique
    de l'acte ultime et magnifique
    chapitrant
    comment tirer sa référence du Vivant

    Côté jardin court à la ligne
    un ballet rangé : pas de signes,
    sottes carpes tourbillonnant
    pis que derviches ottomans,
    souriantes pattes de mouches
    entrechats griffant de ta bouche
    là, mon cou
    de géant balayant l'ensemble d'un œil fou

    Un cri s'écrit en lettres molles
    tout au long de la farandole
    Un pâté, piètre funambule
    chute à point nommé sa virgule
    près de l'édicule érigée
    semble-t-il à tout autre effet
    La pirouette tragicomique
    allège la fin prophétique
    du spectacle
    où s'agrègent les destinées en dures macles

    Pour le final
    couvert de taches toutes neuves
    sentimental
    rassemblant ses rives de fleuve
    glisse aux pans de papier buvard
    le rideau de toile jacquard
    entre la scène
    et la prochaine orchestration de la semaine

    À l’épigraphe, je l’assume
    passez l’éponge et l’encre sur mon style, Ô plumes
    Ô fortes !
    Et plaise à nos esprits qu'un rêve en sorte

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#143