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melmoth ou l'homme errant

  • Bouddha cuité sous le manteau

    Ôm

    Mon nombre, mon ombre…
    se chiffre en insignes décombres
    amassés par quelques sous-fifres
    que poussent des porions chétifs
    au débouché de l'Expérience
    en pas de deux pensées pansées pour une danse
    fût-il
    que ne s'y soldatesque aucun geste gracile
    mais que s'y devant lues s'y ferrent
    les partialités éphémères
    (moins pugnaces que sentencieuses
     à défaut d'être bienheureuses)
    à la bague au doigt du Néant
    assis sur son féroce ouvrage de Titan

    Ô mœurs, que meure
    la vacuité de mes ardeurs
    autant pour la règle du sang
    (du sang toujours en mouvement)
    que pour l'art
    de se coltiner au hasard
    le sens
    qui n'embrasse pas l'évidence
    mais joue tranquille sa folie
    s'applaudit en fin de partie
    pour la gloire
    de s'être ingénié à formuler son histoire
    (et l’omet là, errant, errant
     à son écritoire océan)

    Hypocrisie, ma haine entière
    te regarde droit dans ses bottes
    pisser seule dans ta culotte
    les indigences délétères
    sur quoi se fondent les émois de mes bons pairs
    qui vagabondent leurs abois dans l'atmosphère

    Vois, je dresse mon nom de roi
    pour te renvoyer à ton vide
    (je suis la loi des apatrides)
    et non, merci, je n'ai pas froid
    (aux yeux, ni au chien, ni ailleurs)
    et fais mes rides, à demeure

    Ô Sentence ! Oh là, triste face !
    Je laisse aux vôtres, guerre lasse
    et peine à jouir, peur ou fatigue
    œillades pour un cent de figue
    grimaces perdues pour le rire
    et l'absence de projet pour ne pas finir
    tête à cul
    dans la vérité seule abrupte et impromptue

    Ô temple au ras des pataquès
    que ne mouilles-tu ta chemise
    au-delà du Qu'On Se Le Dise
    et que n'entends-tu à confesse
    la déité des poLétiques :
    ce monde est mort au symbolique
    et s'acharne sur son bidet
    à réfuter des ricochets
    le bel orgueil
    de jamais laisser à la marge aucun écueil
    (à tout prendre même les bords
     fleurent l'encens et l'hellébore)

    Et l’homme est là, et ran ! et ran !
    Il agite le sentiment
    comme on tambourine un mouchoir
    incapable de dire adieu à son histoire

    Ô grâce
    ne me fais pas dévier d'un iota de ma place
    la mienne propre à l'âge pur
    qui s'en remet à l'aventure
    d'aimer et vivre
    et te regarde l'entier redorer mes cuivres !
    (déjà dix manches
     et bientôt tous ces culs de poêle à fond étanche)

    Bouts d'acuité sous le manteau
    acheminés de bas en haut
    fébrile encens, tes fumerolles
    n'occultent pas la bonhommie de mon idole

    Ah, s’il a le sourire gris !
    Ah, l’est-y pas tout assagi !
    À son front tous les météores
    semblent surgis amers d’Alors
    et vont luisant
    arches de roman terrifiant
    singer au ciel des nuits falotes
    l’atemporel éclat du rire de Melmoth

    poésie,polétique,manifeste,melmoth ou l'homme errant,little buddhatiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Je vous recommande vivement la lecture de Melmoth ou l'Homme errant de Charles Maturin (1820), un des premiers grands romans terrifiants; le Faust irlandais, en nettement plus sombre, un régal de frisson !

    en médaillon, une compo d'après Fergal Fitzpatrick.

    Melmoth ou l'homme errant 

     

    Et ci-dessous, pour le plaisir des yeux :

    Caspar David Friedrich

    Paroies de craie sur Rügen

    (click to enlarge pix)