Elle va, les doigts dans le nez
regarde en coin ceux qui la croisent
de sous son casque de Gauloise
sifflote des insanités
toise tout de son teint de glaise
Elle n'est jamais seule au monde
au moment de faire sa ronde
sa vie durant, qu'elle a mauvaise
Il est ramassé sur son dû
le cœur tendu comme une épingle
compte les cintres sur sa tringle
et n'y souffre pas d'attendus
ne jetterait pas aux pigeons
le pain perdu des jours malingres
pas plus qu'il n'est de violon d'Ingres
à son manque de compassion
Elle claque des dents sévères
Sur sa langue ne fondent pas
les glaçons qu'elle loge là
pour sa parole au frigide air
En sa propre chair, apatride
elle ère parmi les fantômes
psalmodiant ses peines de môme
en proie aux songes matricides
Il boit sa colère au goulot
s'habille de tons virulents
singeant la prestance des Grands
arbore un sourire falot
Pris d'une poussée magmatique
les degrés de sa tessiture
le portent au seuil où sature
sa tonitruance atavique
Ils font la paire à les entendre
railler en chœur tous les convives
babine au bord de l'invective
rivalisant de Pis Que Pendre
à peine ont-ils quitté la table
ils sortent déjà le grand jeu
selon quoi l'On n'est servi mieux
que par son bel indécrottable
Ils sont venus ! Ils sont tous là !
pour encore un bon millénaire
de méchancetés séculaires
de rumeurs crues en rires gras
l'œil éteint, l'esprit corrompu
le dédain, l'insigne vertu
la frustre et la froide passion
qui voudraient que ça tourne rond
le cours
du monde selon eux, sans joie et sans amour
Ah, les méchants ! pas beaux ! vilains !
Qu'il en faille pour l'équilibre
soit ! mais tant que je reste libre
heureux de te tendre la main
amoureux des jeux de poussière
à tes yeux plus vaillant qu'hier
le souffle court entre tes seins
et me payant d'un dernier vers
tiens !
tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
(Who's bad?)