Depuis que me traîne mes mules
par les chambres, les antichambres
et tous les théâtres guerriers
pas moyen de trouver la paix
l'horreur fait toujours des émules
La paix ? c'est une usine à gaz
aux suavités lacrymogènes
où l'éternité crie aux gènes
de lui garder des métastases
Il en sort des suées nocturnes
(la stupéfaction des dortoirs
quand ça hurle au bout du couloir
chez le surveillant Casse-Burnes !)
Ça laisse des paquets de linge
érigés comme des montagnes
sur le noir brûlis des campagnes
payées chair et monnaie de singe
Puis, ça fait des bulles de rien
qui ruinent les derniers avoirs
et jettent les humbles espoirs
sur le fumier des Gens Tant Biens
La paix ? mais vous voulez ma mort !
Que croyez-vous que je charrie
avec, pour seule compagnie
ces deux mules qui sentent fort...
Allez clamer vos joies de vivre
à vos amours neuves ou vaines
moi, je vais, ma charrette pleine
(sans pouvoir achever mon livre)
Pleurez, chantez, la belle affaire
- tant ! que ça me fait du travail,
j'irai par les champs de bataille
domestique ou à ciel ouvert
Où j'ai vu - pas plus tard qu'hier,
où j'ai vu les crocs de la terre se fermer
sur le plus cher trésor et le vilain charnier
Illustration ci-dessus : Adrien de Witte, Jeanne sur le muletier, 1882.
tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour une 100ème contribution aux Impromptus Littéraires
pour lesquels je lève ces vers :
"Je me réjouis d'avoir atteint cette altitude
preuve que je vous tiens pour plaisante habitude"