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samedi

  • Sur prise

    Quand, énorme, vient la surprise
    - qu'on se le dise et c'est tout vu !
    un vent me prend par le joufflu
     
    Il me massacre l'intérieur
    pour y attiser des ardeurs
    que je ne savais pas nourrir
    sur le brasier de mes désirs
     
    Tout oublié, mon nom, mon âge
    m'emplis, me gonfle d'un orage
    et fourbis un lent grondement
    où s'accroît mon étonnement
    de n'en pas maîtriser la cause
     
    Maintenant, voici que j'explose
    masquant mon trouble d'un éclat
    de rire fou d'être encor là
    la joue rougie d'inexpertise :
    une fille m'a fait la bise !!
     
     

    dépucelage du bec, dépucelé de la bouche

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du Samedi (à venir)
  • La maison violée

    Défi du Samedi

     
    La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
    figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
    sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
    D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
    que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
    de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
    tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
    comme on se connaissait - pas tout-à-fait d'hier,
    et qu'il ne pleuvait plus.
     
    J'avançais mollement dans la gorge nouée
    de la maison glacée qui ne respirait pas
    ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
    (la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
    depuis qu'on lui a tué son loup, son grand corbeau
    et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
    ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
    Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
    une écharpe et des gants.
     
    Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
    - et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
    Ça filait droit devant, sur la maison livide
    et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
    C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
    J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
    C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
    un vilain sanglier fuyant devant la courre
    et puis, ça disparut.
     
    Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
    Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
    après avoir foulé le potager couvert,
    au dos de la maison qui pleurait en silence.
    En emportant plus loin son étonnant vacarme,
    ça ravageait l'hiver avec obstination.
    Je restai interdit, un moment, sans raison
    caressant la maison, apaisant sa souffrance
    et son cœur en alarme.
     
     
    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • L'Homme qui va, sans ombre

    le-promeneur.jpg

    Il marche pesamment, sans ombre sous le ciel
    pour guides son regard, un rêve, une chanson;
    nulle trace après lui - l'oubli sur ses talons
    absorbe son passage ainsi que l'eau le sel

    Sans histoire connue, serait-il une feinte ?
    Ni homme ni fantôme, il existe à peu près
    moins que le romanesque et plus que le reflet;
    d'où vient qu'il puisse alors entonner une plainte ?

    C'est qu'il est tout en un, présent, passé, futur;
    l'hier est l'aujourd'hui qu'il porte vers demain
    et cette mélodie dont vibre son chant plein
    s'invente à chaque pas une ample tessiture

    L'oubli qui le talonne est le risque encouru
    par qui pourrait nourrir quelque espoir de retour
    quand le sens de la vie et celui de l'amour
    inspirent à l'instant sa quête d'absolu

    Le plus petit atome est lourd de ce destin
    - tout le poids du vivant en est la charge utile,
    la même gravité s'en évade, gracile
    au rythme balancé qui anime sa main

    Le promeneur, alors, est le dépositaire
    au nom de ce qui fut et ce qui se fera
    du bagage mouvant que chacun de ses pas
    transporte, en célébrant la beauté éphémère

    Il avance toujours; un rêve devant lui
    l'exonère d'une ombre au profit de son chant,
    le regard où le ciel agrège l'océan,
    la musique du nombre élevant l'aujourd'hui.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

    illustration : Joëlle Gellert

  • porte vue

    Je vois... un jardin... il est sale
    Des arbres mangent... une lune pâle
    bavent du lierre sur les buissons

    Ce jardin est un abandon... épais... profond,
    il s'y empêtre des saisons
    un confus amalgame

    d'odeurs... de couleurs... flamme,
    terreuses... piteuses...
    et réchappées de quelque drame

    Ici, le règne du vétal
    l'emporte sur l'autre... animal
    avec... une arrogance... totale

    J'avance... du moins, je le pense... je l'espère
    Prudence... plat, mon pied sur la terre
    qui grogne... maudit ma présence... et me pousse

    J'avance... dans l'indifférence... de la mousse

    Je vois... comme une lisière... c'est un mur
    Parfois... c'est une montagne... envahie de verdure
    J'ai froid... je voudrais quitter... ce vilain cauchemar
    Et quoi !... là... là, comme j'avais... ravalé tout espoir

    Une porte
    Une porte... l'ouvrir ?
    Une porte ! ...Qu'en dire ?
    que je pourrais... en quelque sorte
    me délivrer de ce délire
    pour trouver quoi ? ...derrière la porte :
    bien mieux ? ...bien pire ?

    Je l'ouvre... les yeux fermés
    J'en passe le seuil... troublé
    Je tire la porte derrière moi
    J'ouvre les yeux

    Je vois...

    DOOR3.JPG

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    un défi du samedi qui sonore...


    le port du casque est jaunement recommandé cax0.gif 

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK