(un pavé dans la mare)
Ne plus voir le monde, le lire
A nouveau, le cortège indigne
des maisons à deux pieds, sans murs
et qui vont sur la tête et privées de futur
en cherchant dans le ciel un signe
par les sentes damées d'argile analphabète
et tous les champs du viol des mères
fronde sur l'atmosphère
leur chant qui récolte le sang de la terre
où l'homme né noir blanchira jusqu'à l'os
sa carne dans la main tendue pour le négoce
Ne plus voir le monde, le peindre
A nouveau, le chaos naturel
dans une flaque d'huile, une onde qui s'affole
des reflets qui s'emmêlent
artistes auréoles
benoites
où le réel miroite
avec pour seuls témoins tous les yeux silencieux
les miens, les tiens et ceux qui sont encore
à naître de l'esprit de celui qui s'en dore
la pilule
loin des gesticulations ridicules
Ne plus voir le monde, l'écrire
A nouveau, du plus bel aujourd'hui
avec la chair du vent pour m'en souffler des mots
au cœur... à même la peau...
et donner à l'oubli un semblant de palpable
que tous les pas perdus résonnent, véritables
par les longs corridors
prenne corps
nécessaire
la vie
Ne plus voir le monde, quoi
C'est dit
tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
illustation photographique : Joe KRAPOV.
Commentaires
Mais si, mais si, il faut le voir. ou plutôt... le regarder !
Et t'écouter !
ne voir plus le monde,
mais on peut le sentir
entendre les cris,
on ne peut l' eviter
car ON NE PEUT CHANGER
NI DEMANDER CE MONDE
DE PARTIR...
oui...
... d'où le titre et son impératif qui s'oppose vigoureusement à l'infinitif
...d'où les strophes et leurs 'mais' ("A nouveau,...") surdéveloppés
parce qu'il y a trop de visions définitives et fatalistes, trop de "vous voyez bien que...", "c'est comme ça"... et trop de facilité à rengorger l'idée ou l'idéal en leur répliquant dubitativement que "ça reste à voir"...
parce qu'il y aura toujours de quoi dé-lire le monde et lui porter un regard propre à soi - qu'il soit neuf, gris, futile, fantasque... ou quoi que ce soit d'ouvert...
(comme ce que j'entends de vos commentaires)
Le regard sans concession que vous portez sur le monde est à la fois tourmenté et lumineux. C'est ainsi que je le perçois et la force de vie qui se dégage de vos écrits est très forte, très brute, elle sonne très juste au milieu des rires et au milieu des larmes. Merci à vous
...mais c'est moi qui vous remercie, "mon" espérance, de trouver du sens à ce que j'écris...