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vois, pas voir

018.png (un pavé dans la mare)

Ne plus voir le monde, le lire

A nouveau, le cortège indigne
  des maisons à deux pieds, sans murs
  et qui vont sur la tête et privées de futur
  en cherchant dans le ciel un signe
par les sentes damées d'argile analphabète
  et tous les champs du viol des mères
  fronde sur l'atmosphère
  leur chant qui récolte le sang de la terre
où l'homme né noir blanchira jusqu'à l'os
sa carne dans la main tendue pour le négoce

Ne plus voir le monde, le peindre

A nouveau, le chaos naturel
  dans une flaque d'huile, une onde qui s'affole
  des reflets qui s'emmêlent
  artistes auréoles
  benoites
  où le réel miroite
avec pour seuls témoins tous les yeux silencieux
  les miens, les tiens et ceux qui sont encore
  à naître de l'esprit de celui qui s'en dore
  la pilule
loin des gesticulations ridicules

Ne plus voir le monde, l'écrire

A nouveau, du plus bel aujourd'hui
  avec la chair du vent pour m'en souffler des mots
  au cœur... à même la peau...
  et donner à l'oubli un semblant de palpable
  que tous les pas perdus résonnent, véritables
  par les longs corridors
prenne corps
nécessaire
la vie

Ne plus voir le monde, quoi
C'est dit

Krapov_oil.jpg

tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
illustation photographique : Joe KRAPOV.
 

Commentaires

  • Mais si, mais si, il faut le voir. ou plutôt... le regarder !
    Et t'écouter !

  • ne voir plus le monde,
    mais on peut le sentir
    entendre les cris,
    on ne peut l' eviter
    car ON NE PEUT CHANGER
    NI DEMANDER CE MONDE
    DE PARTIR...

  • oui...

    ... d'où le titre et son impératif qui s'oppose vigoureusement à l'infinitif

    ...d'où les strophes et leurs 'mais' ("A nouveau,...") surdéveloppés

    parce qu'il y a trop de visions définitives et fatalistes, trop de "vous voyez bien que...", "c'est comme ça"... et trop de facilité à rengorger l'idée ou l'idéal en leur répliquant dubitativement que "ça reste à voir"...

    parce qu'il y aura toujours de quoi dé-lire le monde et lui porter un regard propre à soi - qu'il soit neuf, gris, futile, fantasque... ou quoi que ce soit d'ouvert...

    (comme ce que j'entends de vos commentaires)

  • Le regard sans concession que vous portez sur le monde est à la fois tourmenté et lumineux. C'est ainsi que je le perçois et la force de vie qui se dégage de vos écrits est très forte, très brute, elle sonne très juste au milieu des rires et au milieu des larmes. Merci à vous

  • ...mais c'est moi qui vous remercie, "mon" espérance, de trouver du sens à ce que j'écris...

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