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polétique - Page 11

  • à l'occasion, frémir

    à l'occasion, frémir
    juste assez pour le dire
    que le rêve s'attarde
    volute de bouffarde
    et coule, miel orange
    un sang doux, fraternel
    où rien n'est plus étrange
    (mes ailes exceptées)
    que le temps, cette histoire
    qui pointe son doigt blanc dans le noir

    au frémissement d'être
    la longe s'assouplit
    et l'œil à la fenêtre
    s'en fuit

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Intime ite

    (Inspection des Travaux Écrits)

     

    De ma vie je ne puis regarder sans frémir
    le rideau sombre qui transpire
    et m'embrouille le songe
      que j'en tire la longe
      ou qu'il m'aspire en éperdu
      et délicieux mensonge

    Ah ! ces rideaux à la fenêtre
    tirés sur le cours de mon être...
      on dirait plutôt des pelures
      d'oignons voués à la friture;
      ma carne en est toute imprégnée !
    Dites-moi ce que vous voulez
    qu'alors je vous en dise
    et, dans la minute, j'en freeze !!

    Ah, déconfiture ! Ah, gelée !
    Ah, la saumure des années...
      ça sent fort dans l'arrière-cour
      où stagnent de vieilles amours

    De ma vie tu veux tout savoir :
      les tâches dures à ravoir
      Petit Poucet à son perchoir
      le carnaval des demi-mots
      les griffures dessous la peau
      et pourquoi je n'ai pas de slip
      ni de caleçon sous mes nippes;
    et puis, bien sûr, le tout dans l'heure...

    Tout savoir, hein... parce que tu m'aimes
    et veux comprendre mes poLèmes...
    Oh, le beau projet d'aventure !
    (ordonné par exequatur
     et tout l'intérêt génital
     de la femelle pour le mâle)
    Je suis ton jules, cela vaut-il
    d'examiner tous mes exils ?

    Quoi ! mon vers n'y suffirait pas ?

    Tu dis "continent", je pense "île"
    mais que je distille - attention !
    quelques "ils" en place de "on"
    où que j'écrive "île", allons donc !
    tu redoutes l'isolation

    Dis-je incontinent "pisse !" ou "chiasse"
      ou que La Vie est dégueulasse
      filigrane mes allusions
    à la charge viennent questions
    sondages, raclures de fond
    et bonnet d'âne qui menace

    Puis, voyant que je n'en ai cure
    (des sermons, des bonnes figures)
    tu m'interroges : est-ce de l'art
      ou déraison ?
    ou, fumigènes dans le square,
      illusion dépourvue d'histoire ?
      séduction ?

    Ce n'est pas à moi de trancher
      quand je me livre à volonté
      au flux de mes inhibitions;
    que de forme émerge le fond
    c'est le mystère
    qui met en reine PoLésie
    de la lumière.

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • déraisons

    Au jardin suspendu des temps d'inadvertance
    quel est ton nom désir de vivre ?


    Le vol irrésolu  d'un cheveu dans l'air frais
    a plus de conséquence, allez
    qu'au fil d'une pensée
    l'enfance de l'idée se rêve
    et peut tout expliquer du sourire des vagues
    mais laisse au ricochet l'énigme du hasard
    pour que la destinée s'attarde
    assise à ses côtés
    de ses yeux révulsés regarde
    un cheveu s'envoler

    Dissonance appuyée la neuvième minore
    la victoire évidente, étale, d'un point d'orgue
    mais l’œil qui se referme en masque le trésor
    et le garde pour lui
    le partage est ailleurs quelque part en cuisine
    soit c'est la communion - d'extases,
    soit c'est l'usine à gaz
    qui fume son ennui, périphrase
    un doigt de chantilly sur la lèvre ashkénaze

    Le baiser réchauffé de son aire glaciale
    découvre du velours le signal affamé
    défaille, s'abandonne
    ignore le vent fort qui dehors s’époumone
    se livre obligeamment à l'autre ce mystère...
    L'aigle quitte son aire
    pour une immensité légère
    son l'aile déployée
    accueillant les parfums exaltés de la terre
    où se tiennent cachées
    les bonnes chairs pour la becquée

    La lumière ténue d'un astre déjà mort
    fait mine d'être vive encore
    inspire une espérance
    (l'ivresse de la persistance y est à bonne école)
    et l'âme se console
    des maigres contenances
    que lui offrent nos carnes d'hommes
    et danse
    lunatique folle
    empêtrée dans ses fumerolles
    cependant que sous les gargouilles
    s'agenouille un rang de grenouilles molles

    Pour moi, suffise de cueillir
    au jardin propre à épanouir
    dans son terreau d'art et d'ennui
    la fleur du nouvel aujourd'hui

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ça crame en ciel

    Oh, comme je vous aime ! oui vous, les Tous En Choeur
    (c'est que j'en ai l'humeur, aussi profitez-en...)
    Je prends tout : rires, pleurs et puis tous les enfants
    vilains qui vous encombrent;
    vous qui êtes du nombre
    - et dans l'ombre affairés,
    de l'Efficace Ardeur à Peiner au Labeur

    Que j'en saigne pour vous
    ...Tout mon sang doux
    et fondant comme beurre

    Laissez venir à moi tous les gentils esclaves
    que j'en essuie la bave au pli de leur menton
    Que des gentils esclaves la sueur au front
    et tous leurs longs chants slaves
    devant les choses graves
    sachent baisser d'un ton
    leurs sanglots de violon parmi les betteraves

    Oh, ça ! j'en ai des attentions... et pour la gloire
    et toutes les mesures conservatoires...
    J'en ai des rituels, des onguents et des baumes
    j'en couve de la paume
    vos stigmates mortels
    qui noircissent les tomes
    et gonflent le cheptel du Livre des Sempiternels

    Que j'enseigne pour vous
    à d'autres fous
    ralliés à l'ombelle :

    Bienheureux les panais, les sureaux, les cerfeuils
    qui font du bien commun, chacun sa fleur une autre
    Ils seront les premiers, passant devant l'épeautre
    le sorgho, le millet
    qui singent tant le blé
    qu'à la fin ils se vautrent
    dans la Morte Saison où pourrissent leurs feuilles

    Les premiers, je vous dis !
    montés depuis le sol jusque dessous le ciel
    pour en masquer, comme pins parasols
    le désastre sacramentel

    Ombelles ! Ombelles !
    Ombilicales floralies,
    ce sera fête au paradis
    où vous accueillerons
    moi, mes frères et nos chansons

    Nous chanterons des "Je vous aime"
    et puis des "Ave paria"
    célèbrerons des renégats
    le magnifique thème
    des Vains Sacrifices Bohèmes

    Mais, c'est bon ! vous y viendrez aussi
    Vous, les convenus Bons Partis
    mais - une Foi n'est pas coutume,
    vous coucherez nus sur l'enclume
    où maître forgeron achève
    de marteler nos rêves, nos rêves !

    Nos rêves, entendez-vous ?!
    Que j'en saigne tout mon sang doux

     

    Племе_парија_brunoSchulz1920.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Bruno Schultz, vers 1920.

    en hommage à "Племе парија"
    "La Tribu des parias", de B. Schultz.

  • variation corrigée

    En voilà bien de l'éloquence :
    « mon cœur » ! « mon âme » !
    et puis des stances millimétrées...
    quand on n'a jamais que deux pieds
    s'agissant d'aller fair' bombance
    ou d'embrasser le sol gelé
    des repentances navrées

    Ouais, bon... c'est le conflit classique
    du sobre et du kilométrique
    (- ...du benoît et de l'érudit ?
     - Non ! du blabla et du blabli)

    Du moment qu'on s'en paie un' tranche
    qu'importe comme l'on s'épanche ?

    Non ! c'est écrit pour être lu
    et par là encore être dit
    Alors... alors... ?
    à qui confier nos trésors ?
    à icelle ou bien icelui ?

    J'ai dit "chandelle", il a compris ;
    elle y voit des bouts de ficelles en treillis

    ...il a compris quoi ? Va savoir !
    Elle me boude dans le noir...

    Qui a dit : « l'art, c'est franc de port
    mais ça reste lourd à porter »
    ... ?

    C'est moi ? ...je n'avais pas cuvé
    ou bien j'étais encore épris
    de quelque inaccessible objet, ma vie

    dis, au vrai, c'est de la plume, hein ?
     ce délice antédiluvien
     ce pied-de-nez aux abattoirs
     ce nœud coulant à mon mouchoir
    pour ne plus jamais oublier
    comme on oublie de s'ennuyer avec

    et des amis tous les visages
    réchappent des anciens naufrages
    quand le chœur des pleurs s'en récrie
    de patatras en patatis
    mais c'est la pluie qu'est à la fête
    et pistache des vaguelettes
    sur le vert calice apaisé
    du lac salé
    (et peut-être un peu poivre et sel
     sous les aisselles, allez)

    ...avec qui déjà ? ...mais oui, toi
     Toi, mon empire d'Atatürk
     Toi, sourire doux (je bifurque)
     Toi, la prochaine
     avant la fin de la semaine

    Va pour « mon cœur »
    Va pour « mon âme »
    et ce bouquet de fleurs en flamme
    c'est-y bien pour vous ma bonn' dame ?

    Va pour « mon âme »
    Va pour « mon cœur »
    Ah, la bonne heure !

    (mais, s'il-vous-plaît...
     laissons coroller dans les squares
     nos rangs de tulipes sans fard)

     

     

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    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK