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polétique - Page 10

  • Nietzsche et Veau

    nietzsche.jpg

    Ou personne parle et c'est intéressant, ou L'On bavarde et c'est navrant.

    Un veau dépouillé de dorure
    allongé sur son piédestal
    voit passer d'altière posture
    un homme au front philosophal

    L'homme paraissant l'ignorer
    le veau en mal de bavardage
    le harangue et veut questionner
    au fond cette personne sage :

    - Qu'appelles-tu vanité pure ?
    - Dire : "Je sais que je n’ sais rien".
    - Qu'appellerais-tu raison pure ?
    - Savoir qu'il n'est dieu ni de bien.

    - S'il n'est pas de bien quoi de bon ?
    - Tout ce que l'on jugera tel.
    - Et comment en jugerait-on ?
    - Ainsi que l'on goûte le miel.

    - Que définis-tu propre à l'Homme ?
    - Songe, parole et intention.
    - Quel en est le Pandémonium ?
    - La peur et ses compromissions.

    - Où peut se trouver le courage ?
    - À prendre la mort par le bras...
    - N'en diras-tu pas davantage ?
    - ...pour la mener où l'idée va.

    - Quoi de la vie et de la mort ?
    - Qu'il en va du chaos, de l'ordre.
    - Et d'après la vie, quoi encore ?
    - Ce qu'il peut en rester à mordre.

    - Où perçois-tu de la beauté ?
    - Au-delà des choses sensibles.
    - Qu'est-ce que l'acte de créer ?
    - Faire de la beauté tangible.

    - Qu'as-tu fait de beau, aujourd'hui ?
    - Regarder voler une mouche.
    - Et de ce vol, qu'as-tu appris ?
    - Par grand vent, de fermer la bouche.

     

    veau.jpg

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Edvard Munch, Friedrich Nietsche, 1906.

  • rêve 232

    Rêve, manière d'être au monde
    sans l'être, mais sang
    sans quoi le monde ne peut être
    ou n'est que cauchemar

    232.jpgRêve est
    de l'art-né

    Il va,
 nourrissant de beautés le regard
    tromper son monde

    fumer du lard

    épandre son lisier barbare

    sur les lauriers fanés de l'Histoire
    pour un florissant gai savoir

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • À lui seul

    Lui seul au centre et l’inconnu autour
    Dans l’attente fébrile, l’âme hors le jour

    Il aboie des « à moi ! » au fond du puits des âges
    qui ne le troublent pas ; ni moins, ni davantage
    que le son de sa voix dans sa mémoire
    lui disant son histoire et qu’il n’écoute pas

    Lui seul comme une porte avec la clé dessus

    Pas de murs – sans toi,
    pas de toit – sans cible,
    que le ciel invisible
    et la déroute des chemins
    qui lui compose des lointains comme vague contour

    L’huis seul et l’alentour

    Lui devant
    clé en main
    et soudain, plus de porte

    Lui devant rien, c’est tout
    Lui seul avec la clé au cou

    Lui avec rien dans la culotte
    au milieu d’un vague lui-même
    comme un vague terrain de je
    avec lui en plein dans les yeux
    Lui qui s’agite alors un peu

    Lui qui s’agite un peu et marmotte
    des « c’est pas moi, c’est lui »
    (… « c’est pas moi », c’est tout lui)

    Lui comme un grand Rien tout entier
    et tout à faire à sa portée
    Lui qui a perdu en chemin
    la clé des fous du Tout Ou Rien

    Lui qui revient alors
    au centre du décor
    et revenant à lui
    s’en dore

    Lui, enfant-roi des météores
    et l’univers autour
    et puis la mort du jour
    qui l’assure de son amour

    dessin_porte.jpg

    Toute chose luisante
    à lui comme une rente
    viagère

    Lui, trésor éphémère
    attendant de sa faim première
    le retour

    Et quand tout l’alentour s’anime
    lui comme un signe s’y imprime

    De l’être deux lettres suffisent
    pour qu’à ce jeu Lui s’éternise

    Et

    Tandis que dans tes yeux
    avec le point du jour
    la maison recouvre son toit
    avec ses murs comme des bras

    il est là, sur le seuil
    ce moi nu, qui t’accueille

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • alors

    Ah, l'or alors !
    mon doux sommeil
    au tien dissemblable, est pareil
    à la petite mort vermeil
    qui m'appesantit le corps
    plus sûrement que le soleil
    dehors, vivace
    écrasant l'ombre sur la place

    Alors, à l'or
    j'invente un signe
    à vue, la connivence digne
    de ce nom dont on fait grand cas
    pour mieux brandir à bout de bras
    l'histoire entière
    faite éphémère
    et brûlante comme ce tas
    de bois de chauffe
    qui me charpente pas à pas
    quand je vais au-devant de toi
    mon somme,
    avec en bouche un goût de pomme

    Pomme d'or et pommade orange
    mais alors à l'orée du songe
    qui me démange ?
    qui me ronge ?

    pommedor.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • folir

    GEG, Le fou au regard si doux

    À la folie, je me dédis
    du serment que mes pairs
    ont fait à notre terre
    d'y rester bien assis
    lisant des tragédies
    pour tromper leurs petit's misères
    et le mortel ennui
    où, liquoreux, prospèrent
    nos insatiables appétits

    À la folie d'aimer !
    Je brûle mes années
    au brasier vif et parfumé
    où la correspondance
    des "corps et âme" en surbrillance
    et des "Vous me plaisez"
    coule un plomb argentique
    dont je viens démouler
    les chaînons d'affres idylliques

    À la folie de voir,
    je cercle mon œil noir
    d'oranges rais azimutés
    en abscisses désordonnées
    selon des appétences
    égaillant mon regard
    bien au-delà de l'évidence
    à travers les miroirs
    - fenêtres sourdes à nos sens

    À la folie d'attendre...
    parmi l'ombre et la cendre
    savourer l'or qui vient me prendre
    à cet endroit précis
    où je ne sais quoi de l'oubli
    ou de l'inadvertance
    me réfute une danse
    et me tient dans ses bras ambrés
    avec le temps tout englué

    À la folie de dire :
    égarer mon sourire
    entre le ciel et l'oreiller
    que puissent jaillir du secret
    quelques vers à finir
    quand le jour doit mourir
    et qu'un monde moins circonspect
    rêve sous le rideau tiré
    d'une nuit de délire

    Folir ! Folir ! Folir !
    d'aimer, de voir et puis d'attendre
    enfin s'entendre dire

     

    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Geg, Le fou au regard si doux, 2009
    (série des "flo")