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rideau

  • Intime ite

    (Inspection des Travaux Écrits)

     

    De ma vie je ne puis regarder sans frémir
    le rideau sombre qui transpire
    et m'embrouille le songe
      que j'en tire la longe
      ou qu'il m'aspire en éperdu
      et délicieux mensonge

    Ah ! ces rideaux à la fenêtre
    tirés sur le cours de mon être...
      on dirait plutôt des pelures
      d'oignons voués à la friture;
      ma carne en est toute imprégnée !
    Dites-moi ce que vous voulez
    qu'alors je vous en dise
    et, dans la minute, j'en freeze !!

    Ah, déconfiture ! Ah, gelée !
    Ah, la saumure des années...
      ça sent fort dans l'arrière-cour
      où stagnent de vieilles amours

    De ma vie tu veux tout savoir :
      les tâches dures à ravoir
      Petit Poucet à son perchoir
      le carnaval des demi-mots
      les griffures dessous la peau
      et pourquoi je n'ai pas de slip
      ni de caleçon sous mes nippes;
    et puis, bien sûr, le tout dans l'heure...

    Tout savoir, hein... parce que tu m'aimes
    et veux comprendre mes poLèmes...
    Oh, le beau projet d'aventure !
    (ordonné par exequatur
     et tout l'intérêt génital
     de la femelle pour le mâle)
    Je suis ton jules, cela vaut-il
    d'examiner tous mes exils ?

    Quoi ! mon vers n'y suffirait pas ?

    Tu dis "continent", je pense "île"
    mais que je distille - attention !
    quelques "ils" en place de "on"
    où que j'écrive "île", allons donc !
    tu redoutes l'isolation

    Dis-je incontinent "pisse !" ou "chiasse"
      ou que La Vie est dégueulasse
      filigrane mes allusions
    à la charge viennent questions
    sondages, raclures de fond
    et bonnet d'âne qui menace

    Puis, voyant que je n'en ai cure
    (des sermons, des bonnes figures)
    tu m'interroges : est-ce de l'art
      ou déraison ?
    ou, fumigènes dans le square,
      illusion dépourvue d'histoire ?
      séduction ?

    Ce n'est pas à moi de trancher
      quand je me livre à volonté
      au flux de mes inhibitions;
    que de forme émerge le fond
    c'est le mystère
    qui met en reine PoLésie
    de la lumière.

    hurler.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Rideau (1)

    Les rideaux du salon bourgeois s’ouvrirent sur une ombre d’un noir profond. Les filles attendaient, retenant leur souffle. Certaines avaient déjà une coupe de champagne à la main que le visiteur inconnu avait fait livrer – trois caisses pour la soirée, et du magnum encore ! Paraîtrait-il seul ou en compagnie, personne n’en savait rien.

    L’ombre frémit.

    Un manteau apparut, tombant sur une botte de fine facture. L’instant était tendu. Il se faisait rare que quelqu’un réservât pour lui seul toute la maison. C’était payé d’avance. Les filles avaient été choisies – toutes n’étaient donc pas là. Manquaient Suzie, Julie, Annabelle et Rita, les plus grosses, quoi. Exception à cette règle, Carmen était du nombre ; sept en tout et pour tout.

    Il y aurait donc Terri, la « flingueuse », Nadja, la jeunette et ses couettes, Catherine, au cheveu moutonnant, Carmen la « mouette rieuse », Luna, la brune au franc parler, Steffi, la « croqueuse de joncs » et Pearl, la rouquine irlandaise.

    Une voix mélodieuse perça depuis l’entrée :

    « Le bonsoir à vous toutes, mesdames » L’inconnu s’avança. Toutes purent mesurer à sa tenue qu’il s’agissait d’un riche personnage – on s’en serait douté à moins. En revanche, l’homme n’avait rien de très remarquable hormis son regard. De stature moyenne, les membres finement musclés, le poil brun et la peau hâlée, il n’avait guère dépassé la trentaine, semblait-il. S’arrêtant entre les pans du rideau, il poursuivit : « Permettez que je me présente. Je suis, pour vous ce soir, le prince Ali Anouar Ibn Nassri. Mais appelez-moi Norbert, je préfère. »

    Toute gainée de cuir noir, Terri fit un pas vers l’homme et lui tendit une coupe de champagne en disant : « Les filles, souhaitons la bienvenue à Norbert ». Levant haut leurs coupes, les filles s’exécutèrent en portant un toast enjoué à l’adresse du visiteur.

    Dans un manège bien rôdé, qui s’empara du manteau, qui indiqua un siège, qui s’approcha en gloussant, tandis que les autres prenaient leur pose favorite.

    Carmen lança à la ronde : « Dites, les filles, et si on commençait par le jeu du poteau rose ? »

    « - Du pot aux roses, s’enquit le visiteur avec un intérêt modéré. De quel genre de roses, pour quel genre de pot s’agit-il ?

    « - Je peux vous l’dire moi, monsieur, dit Nadja qui roulait une couette sur son doigt. Comme l’autre acquiesçait, elle poursuivit : En fait, c’est du poteau rose là-bas qu’on parle. 'oyez ? On s’y met à trois ou quatre, on tourne sur une main et la dernière qui tient le poteau gagne une rose. Avec cette rose, elle choisit son monsieur. Ben, comme vous êtes le seul monsieur ici, elle peut aussi choisir une fille. Après, c’est le monsieur… ben vous donc, de toute façon… c’est vous qui choisissez ce qu’elles doivent faire.

    « - Va pour le poteau rose, si je peux choisir qui d’entre vous y va faire un tour, d’accord ? »

    On applaudit à ce commandement. On repartit à glousser et à pousser des petits cris d’excitation juvénile. Un client qui accepte de jouer dès le départ, ça promet une soirée plutôt festive et bon enfant, en règle générale.

    to be continued soon