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>imPrOmpTus - Page 46

  • explicitement

    LE DÎNER INCIPIT

    Le crayon de Dieu lui-même n’est pas sans gomme.
    Ne croyez pas que les feuilles mortes tombent d'un coup, comme les fruits mûrs, ou sans bruit, comme les fleurs fanées. Ca a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit...

    Pendant tout l'après-midi, le vent filtra des noires gorges du pays de Galles, proclamant que l'hiver avait glissé du pôle sur le monde. C'était une journée d'avril froide et claire. Ils sont apparus, comme dans un rêve... A un dîner d'athées. Le jour tombait depuis un moment, ils se tenaient immobiles, à quelques pas les uns des autres. Comment s'étaient-ils rencontrés? Par hasard, comme tout le monde...

    Le soleil ayant achevé plus de la moitié de sa course et son char, ayant attrapé le penchant du monde, roulait plus vite qu'il ne voulait (il ne fait pas tout à fait noir et le bruit des voitures sur le boulevard remue les ombres). La veilleuse, dans un cornet bleuâtre, brûlait sur la cheminée, derrière un livre, dont l'ombre noyait toute la moitié de la chambre. Car est-il que ce fut au temps, au siecle, en l'indiction, en l'ere, en l'hegire, en l'ebdomade, au lustre, en l'olympiade, en l'an, au terme, au mois, en la sepmaine, au jour, à l'heure, à la minute, et justement à l'instant que « Oh, oui, me dis-je, bientôt tout sera terminé. Je vais encourir bien des reproches... C'est peut-être vrai que je suis un lâche. »
    Il y a des justes dont la conscience est si tranquille. Pour faire partie du petit noyau, du petit groupe, du petit clan… qu'il est glorieux d'ouvrir une nouvelle carrière, et de paraître tout à coup dans le monde savant, un livre de découvertes à la main, comme une comète inattendue étincelle dans l'espace !

    Le Président était encore debout au milieu du léger tumulte que son entrée venait de produire. Il fut précédé par un grand déploiement d'appareil militaire.


    ***

    « Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça, d'une manière un peu lourde et lente, dans cet endroit neutre qui est à tous et à personne, où les gens se croisent presque sans se voir. »

    Couchée sur la poitrine, les coudes en avant, les jambes écartées et la joue dans la main, elle piquait de petits trous symétriques dans un oreiller de lin vert, avec une longue épingle d'or... pour que son attitude ne la trahisse en rien. Elle se rapproche de son ami.
    Colin terminait sa toilette.
    « Alors, tu vas vraiment faire ça ? Évoquer tes souvenirs d'enfance… »
    Le riche parfum des roses embaumait l'atelier…
    Le vent, tiède et endormi, poussait une brassée de feuilles contre la fenêtre. C'était le matin et l'or d'un soleil tout neuf tremblait sur les rides d'une mer paisible. Le calme. Le gris. De remous aucun. Quelque chose doit être cassé dans la mécanique mais rien ne transparaît. C'était le matin dans les arpents verts de la vallée de Jarvis.
    « - Tu vois, ma bonne amie, que je tiens parole… Et pourquoi cesserais-je d'être de mon village ? Il n'y faut pas compter. Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple… Ça a été plus fort que moi, je me suis mis à noter cette histoire de mes premiers pas dans la carrière de la vie, alors que j'aurais pu m'en passer. Il y avait d'abord ce visage allongé par quelques rides verticales, telles des cicatrices creusées par de lointaines insomnies, un visage mal rasé, travaillé par le temps… Ai-je été nourri par ma mère ?
    « - Le mieux serait d'écrire les événements au jour le jour…
    « - Plût au ciel que le lecteur enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison.
    « - Pff ! Les hommes, il faut les voir d'en haut.
    « - Pour écrire de sa vie, il faut avoir vécu; aussi n'est-ce pas la mienne que j'écris. Je hais les voyages et les explorateurs... Je suis seul ici, bien à l'abri... Le rêve est une seconde vie...
    « - Pourquoi soutenir que tu sais ta leçon ?
    « - Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors la première chose que vous allez demander c'est où je suis né, et à quoi ça a rassemblé ma saloperie d'enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m'avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter ça et tout. J'ai célébré les bergers du Tage; j'ai décrit leurs innocentes mœurs, leurs fidèles amours, et la félicité dont on jouit avec une âme pure et tendre. Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. C'est le moment de croire que j'entends des bruits.
    « - Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsède, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse.
    « - Il faut fuir, mademoiselle, je le sens bien…
    « - Considère, mon amour, jusqu'à quel excès tu as manqué de prévoyance. Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. Ce n'est pas une raison, pour ne pas se consoler, ce soir, dans les bruits finissants de la rue, se consoler, ce soir, avec des mots. »

    Ceci est un écrit vain 

    Où retrouver "Les curieux événements qui font le sujet de cette chronique..." (Albert Camus, La peste)

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki#113
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

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  • scolairature

    poésie,manifeste,polétique,scolaireLongeant les rives de l'Euphrate,
    l'homme retourné sur ses pas
    en a l'idée de l'écriture...
    Je rature mes pattes d'oie
    pour la forme

    Danse d'ombres sur la paroi
    la brute apprend de sa caverne
    que les dieux sont des balivernes
    que mon ciel bascule sans foi
    chaque jour

    Dans la marge au liseré rouge
    s'amoncèlent les entrelacs
    d'un dessin qui n'en finit pas
    de se prendre pour une gouge
    effilée

    L'ordre claque au bout de la règle
    - c'en est fini de ricaner !
    Compère, on s'est bien fait choper
    Gardons quand même un œil espiègle
    sur la cour

    Je trotte sans avoir conscience
    d'être au moment de renoncer
    aux maternelles cajolées
    que me quitte déjà l'enfance
    au tableau

    Longeant les rives de mon vers
    la feuille éprise du son mat
    que mon écriture acrobate
    je pille son bagage ouvert
    sur le sol
    et cligne sur mes pattes d'oie

    (Dois-je d'être allé à l'école
     que j'écrive ainsi, de traviole ?)

     

    poésie,manifeste,polétique,scolaire

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki #112
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Vous me la copierez, sans foi :
    "Je rature mon ciel pour une même enfance acrobate"

  • sakavine

    sakavine

    Ce sang fait plus d'un tour
    dans mon sac
    friande
    ma viande
    en pompe le ressac

    Rouge procès d'hémoglobine
    lance ta charge mélanine
    que la peau bavarde alentour
    guimbarde, hautboise et tant bourre
    le chant que mon sang, chorégie
    coule en alizés, trombe en pluie
         Tempête, musarde !
    Laisse au temps le temps que le temps vienne, s'attarde
         et s'éternise
    ouvrant grand de nos carnes les pans de chemise

    À l'écorchure
    se révèle
    brûlure
    mon sang, quoi ! de plus belle
    usure

    Et le tournis me prend de songer aux anciens
    rivages
    d'où provient tout l'entier de mon vaste carnÂge
    souffrance et rire
    et cette faculté de prendre -pour délire,
    ce monde !
    où je lance verre après vers, ma sonde

    Au puits,
    mon sang luit, bouillonne
    y tourbillonne l'infini

    Mon sac,
    incapable d'en contenir le vrac
    explose !
    que rimes surabondent sur la prose
    que l'histoire
    a marqué sur ma peau de Blanche et Noir

     

     

    !!  sakavine !!

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki #111
    tiniak - carnÂges © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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  • vietnam

    Ice Man, Vietnam

    Après avoir vogué sur la lumière meuble
    progressant à l'aveugle au fil d'une eau terreuse
    un couple d'exilés fuyant un passé rouge
    issu de quelque bouge embrasse son destin
    d'un dernier coup de rame
    avec l'obstination rageuse des vivants

    La frêle embarcation qui les réunit là
    où l'onde finira par buter contre un mur
    porte leur émotion à connaître son sens
    Mesurant la distance aux abords de la fin
    les voici
    devant l'inaltérable et froide épiphanie :
    il n'y a au-delà que silence et oubli

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki #110
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration, d'après Ice Man

  • La veste

    Timides ? Ite !! Missa est...

    Quelle ombre à vos tableaux ?
    Quelle angoisse ?
    Il n'est pas d'autres maux
    qui ne poissent
    que la peur de soi-même
      le besoin d'un Je t'aime
      et le sourire en coin
      qui dit "Je t'avais vu venir de loin"

    Quelles hontes ?
    Faut-il toujours, en fins, qu'on s'en raconte
    des histoires ?
    à fouiller les poches d'un manteau noir
    il s'y trouve
    la seule vérité qui nous éprouve
    atchoum !contenue
    dans l'oubli d'un mouchoir
    qui donne sur la rue

    Mascarades !
    Petits cachotiers bavant sur la promenade
    Vous rentrez pour nous peindre
    la dernière des nouveautés à feindre

    Branleurs, que vous êtes !
    Timides ? Ite !! Missa est...

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki #108
    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

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