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>imPrOmpTus - Page 31

  • Ombre d'un Olivier

    Le long ventre du ciel s'est encore avachi
    J'ai beau lever les bras je ne sais pas l'atteindre
    J'aimerais tant, pourtant... J'aimerais le repeindre
    et lui rendre les tons qu'ont les mots qui s'oublient

    Envol, envole-moi vers les nuées sauvages
    Que j'en revienne à l'âge où s'entendait son rire
    botter le point-virgule avant de déguerpir
    à l'autre bout du verbe et de ses arbitrages

    Envole-moi des airs qui nous venaient en rêve
    Trop lourde m'est la grève où je promène seul
    sans plus y distinguer narcisse du glaïeul
    ni savoir à nouveau comment l'heure s'élève

    Envole-moi les mains vers le ventre du ciel
    que j'y puise ma part de pleurs inassouvis
    puisque je l'ai perdu, qu'il était mon ami
    et que je n'entends plus son chant confidentiel

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    à Olivier Puigségur

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire HOMMAGE à OLIVIER - tiki#186 

  • meurs, d'heure partie...

    Nous courons, droit devant...
    Ce qui n'est pas encore un lieu de se réjouir
    de nos assassinats, nous attend

    La suée qui nous vient
    nous en partagerons la douceur, le fumet
    l'un à l'autre liés, dans le bain

    Qu'importent les regards
    qui se portent sur nous, inquiets, indifférents
    anonymes, hagards

    Je te nomme Arachné
    moi, ton Quetzacoatl au plumage d'airain
    qui t'offre, à pleines mains, cette ivraie

    Massacre au point du jour !
    Nous les avons tués
    des serviles journées, les sibyllins contours

    Des caresses sans fin
    Des rires sans objet
    Des larmes sans chaleur
    Des yeux sans appétit
    Des hurlements sans cœur
    Des mots sans mélodie
    Des odeurs sans festin
    Des rêves sans idée

    L'esprit, d'un simple trait
    s'est offert un carnage
    Lui suffit un hommage, honnête, simple, vrai

    Dans notre douce alcôve...
    Qui souhaite incriminer notre parti d'en rire
    puisque la joie est sauve ?

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    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#185

    Lien permanent Catégories : >imPrOmpTus, carnÂges 0 commentaire
  • big bang ballade

    Puisque la nuit, traînant les pieds, tardait à regagner de son aube mollette le confort attendu, je décidai de m'occuper de ta coiffure.
    Dans la cuisine, je tirai par son cou flexible le robinet niché dans le plafond moussu. Je remplis un broc d'eau fraîche et revins vers le fauteuil à oreilles où tu t'affairais à élaborer des stratagèmes dans une autre dimension - peut-être en ramènerais-tu quelque chose de beau, comme hier.

    Je défis, de ta nuque, le nœud maintenant le fichu qui le serait bientôt complètement - tu m'avais dit le tenir de ta mère, ne t'en séparais guère qu’avec un regret crispé sur les tempes et l’invariable grognement qui dit que tu te fâches. L'herbe rouge de tes cheveux ainsi libérée, je l'arrosai d'un filet d'eau; jaunie par le revêtement intérieur de la plomberie, cette eau dansant, ça faisait de l'or liquide dans l'air contrit. Tu te réveilleras rousse, comme promis.

    J'entendis les gros sabots de la nuit annoncer son retour dans les ordres. Je soufflai la bougie. Il y eut un suspens de l'obscurité dans une autre lumière, inconnue de mes yeux, qui s'en émerveillaient. J'aurais voulu te réveiller, mais j'avais peur de t'arracher à quelque découverte fondamentale. Aussi, je m'assis dans la main du bras du canapé en gardant cet instant contre moi, bien serré, pour te l'offrir à ton réveil.

    D’une main engourdie, j’inscrivis sur la cuisse de mon pantalongraphe des mots que je pense avoir lu sans avoir jamais pu, même su ni voulu, (pourquoi ?) en oublier jusqu’à la parenthèse : Un jour. Il y aura autre chose que le jour. Une chose plus franche, que l'on appellera le Jodel (Boris VIAN).

     

    C’était pas l’ jour. C’était encore sa vibrante promesse.
    Il montait, de loin dans la rue, des rans et de pas de tambours qui annonçaient un événement singulier. Lequel ? Ça, je n’en avais pas idée. L’attention portée à la mise en scène du petit-déjeuner, je distinguais vaguement, cet état de fête.
    Une mouche, rescapée de l’hiver, résistant au possible et que je ne parvenais pas à convaincre d’aller voir ailleurs si les oreilles étaient moins sensibles, me piqua. J’entrai en inspiration rigoureuse, avec quelques paronomases au bord de l’asyndète et entrepris de ravager le salon, de belle façon, afin que ta surprise soit complète – comme tu l’exigeais, chaque jour, avec douceur mais fermeté; quand tu te réveillerais, ta rousse blondeur bien coiffée de la veille.
     
    Et tu te réveillas.
    Il faut dire que dans la rue, en bas, ça tapait fort. Aux rans se mêlaient des ahans. Des sifflets suraigus se le faisaient couper par de secs claquements de fouets. Le bitume souffrait mal qu’on lui raclât le dos avec tant d’insistance (mais avec je ne savais quoi… pas encore). Et puis, il y avait la masse laborieuse, pas fâchée de l’animation, qui s’émoustillait le quotidien en y allant de ses clameurs, harangues, interjections futiles, enfin tout ce qui lui permettait de s’époumoner proprement, dès matin.
     
    Tu sortis de la chambre, sans relever le joyeux carnage du salon et vins droit à la cuisine t’asseoir devant ton bol de cornichons. C’était pas l’ jour… J’étais, toutefois, pour te le souhaiter bon, quand tu lâchas, grognon mais sans fureur : « c’est quoi, c’ bordel ? »
    Tu te levas, te dirigeas vers les fenêtres donnant sur la rue en traînant les pieds à travers le salon, d’où tu me lanças un gentil « Oh, c’est gentil, ça ! Merci mon chéri, tu as fait un beau carnage ». Gentil ? Bon, va pour…
    Entre les rideaux écartés, tu t’exclamas par-dessus ton épaule gentiment découverte :
    « - Ah, bah oui ! Viens voir !
    - Que se passe-t-il ?
    - Bah, viens je te dis. Viens voir ! »
    J’obtempérai, jetant au passage un coup d’œil au calendrier qui ne me renseigna guère, à première vue.
     
    Parvenu à ta hauteur, dans l’encadrement de la fenêtre sans tain, je vis un cortège de jeunes femmes, habillées à la diable ou à la franche rigolade, ou en nuisette, ou en tout ce qui avait pu leur passer par la tête. Elles traînaient, plutôt tiraient comme des bêtes de somme, le mobilier volumineux de leur literie, défaite, parfois excessivement, qu’elles avaient encombrées d’attributs singuliers… de la peluche au godemiché, pour dire.
    Toi, tu applaudissais. Une gamine devant un nouveau jeu ! Tu répétais en rythme – et ça swinguait pas mal : « C’est les Catherinet-teu ! Les Catherinett’s ! C’est les Catherinet-teu ! »
     
    J’observai alors que toutes ces jeunes femmes étaient très variablement coiffées de chapeaux, plus fantasques les uns que les autres. Peu enclin aux dégradations volontaires, je poussai un soupir. Je t’aurais bien servi quelque charitable discours, mais, je le sentais depuis quelque temps : c’était pas l’jour… Le Jodel attendrait un peu. Un bon peu, même… Et puis, tu te tournas vers moi et dis : « c’est heureux comme on s’aime ».

     tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    1ère partie écrite pour un Impromptu Littéraire - tiki#184
    2nde partie écrite pour un Impromptu Littéraire - tiki#199

  • piano, las ?

    Mol éclat pâlissant de l'harmonie finale
    précédant le salut d'enthousiastes bravi
    du tragique destin de la note investi
    est tombé le dernier accord professoral

    Le silence ne tient qu'au repos de son geste
    C'est, le poignet cassé au-dessus du piano
    qu'en l'artiste peine est contenu le tempo
    destiné à se rendre à l'heure et tout le reste

    Voilà, c'est fait ! Ça claque ! Et tout est consommé...
    Bien fini le miracle, en scène et dans la fosse
    L'humilité ployée, l'échine blanc de Causse
    elle offre le spectacle attendu des comblés

    Mais de cet oratoire elle n'est pas la dupe
    Le clavier blanc et noir lui est plus authentique
    Même la partition liée à sa métrique
    aurait quelque leçon à prendre de sa jupe

    Car elle a tout donné aux sévères mesures
    de sa chair insatiable et de son feu nourri
    pour traduire l'élan méconnu de Satie
    en intime défi jeté à l'Aventure

    « Oh, Rideau, ferme-toi et allons nous coucher
    mon dos cassé, mes doigts, ma parure d'un soir
    qu'il me faut parader sur les vastes trottoirs
    où je n'aurai pas l'heur d'un rire énamouré »

    Tous les rideaux tirés sur ses piètres fenêtres
    toute porte fermée sur son enfermement
    la pianiste recluse en son appartement
    s'offre le seul secret pour quoi vibre son être

    « Je t'aime. Tu le sais, Maudite Confidence !
    Tu me veux. Tu m'auras. Vois, mes doigts te parcourent
    mon tyran sans pareil et sans égal amour
    Instrument de la joie de ma Chère Évidence ! »

    C'est l'hiver à nouveau plein de sombres accords
    Nulle oreille, nul œil et pour aucun partage...
    Enfin seule avec l'Art et son brut apanage
    à jouter le défi quotidien sans effort

    Elle attaque
    une sincérité libertaire et foutraque : Dvořák !

     

    pianiste du samedi

    tiniak © 2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi

  • L'implacable douceur de l'Autre

    Ici
    enfin dans le souffle de l'Autre, je respire

    Là-bas
    longeant l'heure privée de l'Autre, l'espérais
    Tandis qu'une pluie triste couvrait les marées
    en leur disant son regret des vastes empires
    une fine clepsydre égrainait mes pensées

    Vers le pays de l'Autre, embarqué volontaire
    j'ai quitté, sans ciller, le rivage connu
    du rêve familier, où je m'étais tenu
    à ne pas me mêler d'orgues phagocytaires

    Sur les lèvres de l'Autre, ai signé de mon sang
    mon retour au chevet de sa voix sûre, calme
    à son nom parfumé plus qu'un vieux jus de palme
    je rapporte le mien, sa prière et son chant

    Sur moi
    le regard de l'Autre, mais d'un œil et le bon

    En main
    celle par quoi m'attache l'Autre, mais la douce
    Tandis qu'au ciel, trois lents nuages qu'un vent pousse
    masquent le soleil en lui demandant pardon
    je marche dans les pas de l'Autre et du bon pied

     

    message in a bottle

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#183