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>imPrOmpTus - Page 28

  • La maison violée

    Défi du Samedi

     
    La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
    figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
    sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
    D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
    que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
    de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
    tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
    comme on se connaissait - pas tout-à-fait d'hier,
    et qu'il ne pleuvait plus.
     
    J'avançais mollement dans la gorge nouée
    de la maison glacée qui ne respirait pas
    ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
    (la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
    depuis qu'on lui a tué son loup, son grand corbeau
    et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
    ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
    Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
    une écharpe et des gants.
     
    Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
    - et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
    Ça filait droit devant, sur la maison livide
    et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
    C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
    J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
    C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
    un vilain sanglier fuyant devant la courre
    et puis, ça disparut.
     
    Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
    Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
    après avoir foulé le potager couvert,
    au dos de la maison qui pleurait en silence.
    En emportant plus loin son étonnant vacarme,
    ça ravageait l'hiver avec obstination.
    Je restai interdit, un moment, sans raison
    caressant la maison, apaisant sa souffrance
    et son cœur en alarme.
     
     
    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • apostasie

    L'ivresse goûtée mot à mot
    Le regard à l'offre éternelle
    Le sourire au bas de l'échelle
    Le pas confiant, par monts, par vaux
     
    L'histoire inventée par l'aurore
    L'horizon comme un lent soupîr
    Le géant tiré du nadir
    Le chant luisant du fleuve d'or
     
    Le rêve aux portes de l'oubli
    Le continent plus loin, ce soir
    La peur laissée dans le couloir
    L'élan fragile de l'esprit
     
    Le salut prodigieux d'un psaume
    La paix sereine du pardon
    La très singulière chanson
    La main entière dans la paume
     
    Le serment exempt d'hypothèque
    L'épaule couverte d'un bras 
    Le tonnerre ourlé dans la voix
    L’œil plus frais qu'un jus de pastèque
     
    J'ai tout perdu à ton départ
    pourtant que tout reste à portée
    du goût, du toucher, du regard
    de l'odeur prise à l'oreiller
     
    Dans le désert de ton absence
    qu'étale un ciel sourd et muet
    je me cherche une autre évidence
    à la présence des nuées
     

    poésie,impromptus littéraires,abandon,pastèque,apostasie,ovni

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • Retour en grâce

    Avalée par le mur se tient la porte close
    Au pied de l'arbre un fruit tombé depuis hier
    Une étoile accusée par quelques nuées roses
    Le ciel tend son miroir à l'océan, la mer
     
    Dans un oubli malingre une idée s'est perdue
    Sur la page aucun mot ne vient lécher la ligne
    Des yeux abandonnés à jamais par la vue
    dont nul ne lira plus comme la vie fut digne
     
    L'avortement d'un cri n'inquiète pas le jour
    pas plus que sur l'épaule un geste qui renonce
    ni la question posée demeurée sans réponse
    ni la mélancolie d'un trop ancien amour
     
    Et pourtant, je le sens, le bruit va me surgir
    quand j'en aurai assez de contraindre mon cœur
    Je serai le vacarme neuf de mes ardeurs
    dans un monde étonné par mes éclats de rire !
     
     

    inception

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un impromptu littéraire - tiki#197
  • rue, mine !

    C'est la venue des gens petits
    l'artère des fins microbiennes
    il y circule des semaines
    un laborieux ordre établi

    Claque, talon ! L'autre tape un
    joufflu perdu pour le Trésor
    Négoce des petites morts
    dimanche s'en lave les maints

    Ça va; ça vient, de l'aube à l'aube
    en s'ignorant le mieux possible
    et masquant des zones sensibles
    l'âcre fumet de maigre daube

    J'ai laissé mon chien à son jeu
    mes rêves crus au caniveau
    sous ses pavés mes idéaux
    couverts de bitume spongieux

    Mais c'est la mienne; et j'y retourne
    à ne plus savoir en quel sens
    par automatique évidence
    et n'espérant pas de ristourne

    C'est là que je divague entier
    une heure, un instant et ma mort
    occupés à tirer des bords
    vers ses rivages séculiers

    C'est là que je navigue encore
    une heure, un instant, volontiers
    hissant ma verve à son hunier
    gonflée d'un souffle franc de port

     

    poésie,rue caponière,impromptu,ruade,hors recueil,impromptus littéraires

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un impromptu littéraire - tiki#195

  • Arrière, Saison !

    Prolongations de la saison
    les soirées traînent en douceur
    des simulacres de langueur
    aux pans ouverts de leurs visons

    Congrégation des afflictions
    dythirambe hâlée, des soupirs
    célèbrent de latents désirs
    aux estivales émulsions

    Débonnaire, un Bonhomme-Hiver
    picore déjà feuille morte
    flaque piègeuse au pas de porte
    onguent, tisane et le thé vert

    Prune amère, une idée d'en l'ère
    vogue mollement sur les toits
    n'entend pas que le monde aboie
    mais débarque enfin à Cythère

    Emballement des expédients
    l'heure est aux dernières folies
    dénichées (plutôt à bas prix)
    par les greniers vidés à temps

    Rengorgement des Ci-Devant
    sur les bancs faits pour - à la tâche !
    comme au poste-clé va la gâche
    au buvard, les émargements

    Hallali des péripéties
    dans la main, le courrier grimace
    le ciel assemble ses menaces
    et bouchonne aux périphéries

    Incurie des salmigondis
    le plat refroidit, ras le bol
    le piano tire des bémols
    et canarde l'enharmonie

    Désolation ! L'Arrièr'-Saison
    à siffler son dernier dimanche
    avec un bourguignon (de Branches)
    y laissa toute profusion

    Constellation des pantalons !
    C'est fini, les fanfaronnades...
    Rangées les tongues z'et pommades
    montent les cols sous les mentons

    arb_automne_056.gif

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#194