Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jodel

  • paginaction

    Une ombre s'effare au tableau
    de mes genoux, crus, sur la règle
    Je tourne à la classe le dos
    avec, en bouche, un goût de seigle...

    Ne suis pourtant pas si bête - aïe !
    Juste indécis, main droite ou gauche ?
    Mais, du bureau qu'elle chevauche
    maîtresse nous tient pour bétail !

    Eh, je t'en fous des républiques !
    Tu verras, quand j'aurai grandi...
    Je te donnerai la réplique
    sur le théâtre de ma vie !

    Prenons, pour exemple, l'Histoire...
    Mon ancêtre est donc un gaulois
    Bon... Suceur de mangues ? de poires ?
    ou de quelques choubidous, ha !?!

    Allons z'enfants nous sacrifier
    près de l'autel de Calliorne
    pour satisfaire un Boulanger
    ridicule sous son bicorne

    Goo goo g' joob ou tralala ?
    Pas à moi, on ne la fait pas...
    J'entends faire de Différence
    un patronyme au pays France

    Et voici qu'une page tourne
    et rameute son Epinal...
    (il me reste un bout de Cantal
    qui n'ira jamais à Melbourne !)

    Sans déconner, les gars, les filles...
    Petit œil... Grand œil... C'est nos billes
    qui nous ont ouvert un espace
    où mourait l’affreux mot de "race" !

    Eh, polémique chiffonnade…
    quel pouvoir veux-tu exercer ?
    Celui d'aimer ou d'amasser ?
    Relis mieux ton Marquis de Sade !

    Ta parole inique se vautre
    sur une galette d'épeautre
    un brin de lin - pas de colza !
    dont se consolent tes forçats !

    Oublie-moi, ou mets-moi z’au four…
    J'ai cet amour que tu ignores
    pour un #Jodel contre l’âme-hors
    qui te façonne un bel atour

    Un habit fait de tromperies
    couvrant tes épaules flétries
    d'avoir courbé souvent l'échine
    pour mieux fomenter tes rapines

    Renonce vite à tes espoirs
    moins noirs que le sont mes ancêtres
    Un sang fraternel veut renaître
    et s'échange par le regard

    Nan, c'est trop tard ? Tout est En Marche… ?
    et se bâtit - sans voie ? une arche
    anticipant tous les déluges
    qu'ont causés tant de subterfuges ?

    Eh, va mourir dans le sous-bois
    de ces îlots sans foi ni loi
    où tu ne sais que promener
    ton dédain de l'humanité !

    Une page tourne et je crains
    que l’Ombre y trouve son festin

     

    tiniak ©2017 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#302

  • big bang ballade

    Puisque la nuit, traînant les pieds, tardait à regagner de son aube mollette le confort attendu, je décidai de m'occuper de ta coiffure.
    Dans la cuisine, je tirai par son cou flexible le robinet niché dans le plafond moussu. Je remplis un broc d'eau fraîche et revins vers le fauteuil à oreilles où tu t'affairais à élaborer des stratagèmes dans une autre dimension - peut-être en ramènerais-tu quelque chose de beau, comme hier.

    Je défis, de ta nuque, le nœud maintenant le fichu qui le serait bientôt complètement - tu m'avais dit le tenir de ta mère, ne t'en séparais guère qu’avec un regret crispé sur les tempes et l’invariable grognement qui dit que tu te fâches. L'herbe rouge de tes cheveux ainsi libérée, je l'arrosai d'un filet d'eau; jaunie par le revêtement intérieur de la plomberie, cette eau dansant, ça faisait de l'or liquide dans l'air contrit. Tu te réveilleras rousse, comme promis.

    J'entendis les gros sabots de la nuit annoncer son retour dans les ordres. Je soufflai la bougie. Il y eut un suspens de l'obscurité dans une autre lumière, inconnue de mes yeux, qui s'en émerveillaient. J'aurais voulu te réveiller, mais j'avais peur de t'arracher à quelque découverte fondamentale. Aussi, je m'assis dans la main du bras du canapé en gardant cet instant contre moi, bien serré, pour te l'offrir à ton réveil.

    D’une main engourdie, j’inscrivis sur la cuisse de mon pantalongraphe des mots que je pense avoir lu sans avoir jamais pu, même su ni voulu, (pourquoi ?) en oublier jusqu’à la parenthèse : Un jour. Il y aura autre chose que le jour. Une chose plus franche, que l'on appellera le Jodel (Boris VIAN).

     

    C’était pas l’ jour. C’était encore sa vibrante promesse.
    Il montait, de loin dans la rue, des rans et de pas de tambours qui annonçaient un événement singulier. Lequel ? Ça, je n’en avais pas idée. L’attention portée à la mise en scène du petit-déjeuner, je distinguais vaguement, cet état de fête.
    Une mouche, rescapée de l’hiver, résistant au possible et que je ne parvenais pas à convaincre d’aller voir ailleurs si les oreilles étaient moins sensibles, me piqua. J’entrai en inspiration rigoureuse, avec quelques paronomases au bord de l’asyndète et entrepris de ravager le salon, de belle façon, afin que ta surprise soit complète – comme tu l’exigeais, chaque jour, avec douceur mais fermeté; quand tu te réveillerais, ta rousse blondeur bien coiffée de la veille.
     
    Et tu te réveillas.
    Il faut dire que dans la rue, en bas, ça tapait fort. Aux rans se mêlaient des ahans. Des sifflets suraigus se le faisaient couper par de secs claquements de fouets. Le bitume souffrait mal qu’on lui raclât le dos avec tant d’insistance (mais avec je ne savais quoi… pas encore). Et puis, il y avait la masse laborieuse, pas fâchée de l’animation, qui s’émoustillait le quotidien en y allant de ses clameurs, harangues, interjections futiles, enfin tout ce qui lui permettait de s’époumoner proprement, dès matin.
     
    Tu sortis de la chambre, sans relever le joyeux carnage du salon et vins droit à la cuisine t’asseoir devant ton bol de cornichons. C’était pas l’ jour… J’étais, toutefois, pour te le souhaiter bon, quand tu lâchas, grognon mais sans fureur : « c’est quoi, c’ bordel ? »
    Tu te levas, te dirigeas vers les fenêtres donnant sur la rue en traînant les pieds à travers le salon, d’où tu me lanças un gentil « Oh, c’est gentil, ça ! Merci mon chéri, tu as fait un beau carnage ». Gentil ? Bon, va pour…
    Entre les rideaux écartés, tu t’exclamas par-dessus ton épaule gentiment découverte :
    « - Ah, bah oui ! Viens voir !
    - Que se passe-t-il ?
    - Bah, viens je te dis. Viens voir ! »
    J’obtempérai, jetant au passage un coup d’œil au calendrier qui ne me renseigna guère, à première vue.
     
    Parvenu à ta hauteur, dans l’encadrement de la fenêtre sans tain, je vis un cortège de jeunes femmes, habillées à la diable ou à la franche rigolade, ou en nuisette, ou en tout ce qui avait pu leur passer par la tête. Elles traînaient, plutôt tiraient comme des bêtes de somme, le mobilier volumineux de leur literie, défaite, parfois excessivement, qu’elles avaient encombrées d’attributs singuliers… de la peluche au godemiché, pour dire.
    Toi, tu applaudissais. Une gamine devant un nouveau jeu ! Tu répétais en rythme – et ça swinguait pas mal : « C’est les Catherinet-teu ! Les Catherinett’s ! C’est les Catherinet-teu ! »
     
    J’observai alors que toutes ces jeunes femmes étaient très variablement coiffées de chapeaux, plus fantasques les uns que les autres. Peu enclin aux dégradations volontaires, je poussai un soupir. Je t’aurais bien servi quelque charitable discours, mais, je le sentais depuis quelque temps : c’était pas l’jour… Le Jodel attendrait un peu. Un bon peu, même… Et puis, tu te tournas vers moi et dis : « c’est heureux comme on s’aime ».

     tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    1ère partie écrite pour un Impromptu Littéraire - tiki#184
    2nde partie écrite pour un Impromptu Littéraire - tiki#199