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carnÂges - Page 38

  • Quitte, Anse

    EdvardMunch_1893.jpg

    Et puis, dans un virage
    cabré comme un présage nocturne
    vint l’or, Anse
    béant sa nonchalance au bras d’un ciel mort-né
    recueillant des soleils fatigués
    toutes les huiles lumineuses
    attrayantes ! rieuses !
    et partageant les eaux de la Baie des Gueuses

    Il y eut comme un printemps à l’or
    L’air charriant des rémanences fécondes
    vibrillonnait l’onde
    - la mer ouverte sous la nuit capitale
    avec tous ses boutons d’or pâle,
    des sourires vagues s’élargirent
    sur le rivage où rebondir

    Je descendis vers ce jeune et joyeux chaos
    rajustant un peu mon manteau
    - à l’épaule ample comme une aube
    et le col monté jusqu’au nez,
    Je croyais qu’il pleuvrait
    Il fallut donc qu’il pleuve, ah
    (mais rien de cette pluie dont les arbres s’abreuvent)
    ça ! il pleuvait, de la mer vers le ciel
    de l’or de l’Anse l’hydromel

    Main tendue paume à terre
    je happais, je captais et saisis des lumières
    qui sitôt m’échappaient et lâchaient dans le noir
    une manière de rire bonsoir
    laissant à l’autre dans le couloir une pensée
    « Ça ! je l’aurais bien cherché ! »

    « Te souviens-tu, semblait me dire
    cette pluie à n’en plus finir,
    Te souviens-tu de la jeunesse que tu m’as faite ?
    Oh, c’est pas tant de tes caresses
    - mais si, aussi, allez va !
    Rappelle-toi, du temps que j’étais à la fête
    l’ivresse que c’était
    ces mots que tu me destinais ».

    Mince alors !
    Qu’ai-je dit ?
    Un trésor… ?

    Puis le vent du dehors fraîchit
    annonçant la fin de la nuit
    l’or avait regagné les ciels
    qui pointillaient à qui mieux-miel
    (Ah, l’aurore !)

    Je poursuivis ma cheminée
    à contre-sens
    plaidant une nouvelle danse
    à rattraper

    L’orient dans mon dos s’agitait
    ayant tout bu de ton or, Anse
    sans même t’en donner quittance
    je m’en allai

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • l'été des écharpes

    Papillons-15.gifWere we there? / was it real? / is it truly how I feel? *

    tu peux y aller, va
    déchire-moi
    arrache-moi des cordes le métal hurlant
    explose-moi
    vide-moi les yeux de ces chats-huants
    qui brûlent
    les replis déroutants
    les recoins désolés de n'être pas assez déserts
    où s'échardent
    l'hier au menu du jour et celui d'avant
    et s'attarde
    l'écho maigre du vent sous la porte

    allez vas-y, que ça sorte
    creuse, creuse
    tu sais où et comment trouver ta bienheureuse
    ta plantureuse et savoureuse douloureuse... mais oui
    tu sais, ta mélodie
    alors, vas-y, va
    fouille-moi
    tu sais, là où ça gargouille au petit matin
    grignotants, intestins,
    le coq, la grenouille et le chien de concert
    qui s'écartent devant la mer
    et replient
    Papillons-27.gifpéti péti
    du jour avec la nuit le seul tapis

    voilà, c'est ça, profond
    attaque
    les murs salés de la baraque à frire
    sous l'arbre à pain, pleine face
    gris sourire
    vas-y, allez,
    chamboule-moi la conserve
    pille-moi la réserve
    et répands ton butin partout bien dans verve an mwen
    et puis roucoule que je m'écroule
    quand le dernier vers éculé aura coulé à terre

    vas-y, allez allez
    chante
    plante
    tu sais, ta mélopée atlante
    que j'aie la mémoire indécente
    l'oubli serein, le ventre vain
    et que j'écharpe ton écharpe à mon écharpe
    dans le marin

    when was that summer of a dozen words? *

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKPapillons-15.gif

    *lyrics from Paul McCartney's You Tell Me
    Memory Almost Full, © 2008 Universal Music

    (à découvrir ci-contre
    dans la sélection audio Gris Sourire)

    Papillons-49.gif

  • regain

    Amour, ton carré de verdure
    - ce regain en bordure du monde
      où le monde renaît dans la fronde du ciel
    Amour, tu n'es pas vrai
    tu es Autre
    et ment
    aimantant toute chose à ton désir brûlant
    de repeindre au tableau
    la vie qu'on a sur le dos

    sans toi, tout sonne faux
      les rires du repas noient dans un verre d'eau
      toute raison de rire
      les mains croisent les doigts qui craquent des soupirs
      les oiseaux crissent
      les vents pleurent
      et les parquets nourrissent des vers à demeure

    toi, tu chantes
      et les gorges reprennent tes refrains atlantes

    hors de toi, tout est laid, vil
    et souffre
      le miroir est mauvais comme un gouffre
      le matin cache un sable mouvant
      le soir, un marais putrescent
      et les après-midis n'ont rien d'extraordinaire
      que de nous rappeler tout ce qu'il reste à faire
      et qu'on tient en suspens
      pour n'avoir plus de goût à rien vraiment

    toi, tu brilles
      et souffles sur la forge où les ombres scintillent

    loin de toi, tout est pauvre
    fait maigre
      les passants ne sont plus si allègres
      et vont les routes interminables...
      là, sur la table
      la tartine a dégoutté son miel
      la clarté a vidé tout le ciel
      et colle son visage pâle
      à la fenêtre aux carreaux bien sales

    toi, tu prodigues
      tes richesses d'aveugle sous l'arbre à figue

    Amour,
      je te goûte
    berceuse.jpg  je t'entends
      je te vois
    et le monde commence à nouveau avec toi

    Amour,
      je te perds
    et je m'endors percé de berceuses amères

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Lien permanent Catégories : carnÂges 1 commentaire
  • la chienne, tu sais...

    La chienne, tu sais
    celle avec un visage
    celle dont le courage est un poing dans le tien
    tu sais, la chienne
    celle qui pue la haine
    et revient
    et revient sa semaine
    et revient encore
    et revient toujours
    tu sais, la tenace
    celle dont la menace est diffuse
    jusqu'à ce qu'elle abuse, l'obtuse
    oui, cette chienne, oui
    tu l'as vue, non ?
    non ?
    elle est là
    c'est la mienne
    au pied, la chienne
    au pied
    à la chaîne
    au panier
    c'est la mienne, maintenant mienne
    tu l'entends ?
    ma haine
    de chienne
    tu la sens ?
    comme elle pue
    comme elle tue
    sans peine
    que sa bave de chienne
    sur les dents
    que sa carne vilaine
    pleine de mauvais sang
    et que moi qui la tienne
    dedans

    je t'en garde une pour la tienne ?
    (la tienne qui n'a pas de chaînes)
    on se revoit d'ici quinzaine
    je me serai lavé les dents.

    NIAK_hookNB.jpgtiniak © 2009 DUKOU ZUMIN
    &ditions TwalesK

    Aux agresseurs de tout poil
    Aux victimes fortuites, contrites
    des violences gratuites

     

  • mot-dit caillou

    Ah ! bien qu'il faille en finir
    j'ai tant de mal à vous fuir
    vous qui fûtes mes amours
    même maigres chaque jour

    Ah ! vous me saignez les pieds
    comme ce petit caillou
    resté pris dans ma chaussure
    sur la route longue et dure

    où je ne puis m'arrêter
    sans risquer de renoncer
    à cet élan qui me porte
    loin de vous, mes amours mortes

    Ouh ! cette chaleur m'accable
    quoiqu'elle soit véritable
    dans mon dos l'on crie : "bandit !
    fumier ! salaud ! malappris !"

    Et n'étant ni sot ni sourd
    j'entends tous les "au-secours !"
    dans les vilipenderies
    aboyant après ma vie

    Eh ! c'est bon, je suis en route
    avec mes pleurs et mes doutes
    car il n'est de vérité
    qui ne soit chère à payer

    Oh, ça va ! j'ai mon content
    de peine au cœur, cependant
    que je prends la liberté
    maintenant de vous quitter

    Au moment de vous le dire
    ai pensé "allons mourir"
    mais un autre franc soleil
    m'a sitôt tiré l'oreille

    Ici la douleur encore
    nous faisait un même sort
    chacun dans ses murs dressés
    sur leur socle de fierté

    Ih ! douleur aigüe, tu ronges
    l'instant, le passé, les songes
    de quoi naît une évidence :
    elle est finie la romance

    Une histoire finit là
    chacun debout sur son pas
    et chacun sur le départ
    - comme en un roman de gare ?

    Hue, folies des "malgré tout" !
    Hue, passion des orgues, fiou !
    Offrez-moi votre charrette
    j'ai ce caillou qui m'entête.

    Ah ! Ouh ! Eh ! Oh ! Ih ! Hue, hue !
    du caillou je ne veux plus !
    Ah ! Ouh ! Oh ! Hi hi ! Hé hé !
    je préfère les galets.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    galet_anim.gif